L’innovation collective au profit de l’entrepreneuriat

Depuis six éditions, BioFit réunit la recherche universitaire et académique, les entreprises et les investisseurs pour faire monter en puissance de nouveaux projets.

Stéphane Duthoit, président d'InnoBioChips et Vianney Souplet, co-fondateur.
Stéphane Duthoit, président d'InnoBioChips et Vianney Souplet, co-fondateur.

Organisé par Eurasanté, les pôles NSL et Alsace BioValley, BioFit est devenu un rendez-vous incontournable pour le secteur des «life sciences». Les 28 et 29 novembre derniers, un millier de personnes ont profité de ce congrès international pour nouer des contacts et faire avancer la recherche. Le record a été battu pour cette édition 2017 qui s’est déroulée au Palais des congrès et de la musique de Strasbourg (en alternance une année sur deux avec Lille Grand Palais) : 3 000 rendez-vous d’affaires organisés, 95 exposants, 1 050 personnes, dont la moitié d’internationaux. De quoi satisfaire Etienne Vervaecke, directeur d’Eurasanté : «On note une montée en puissance de la présence des investisseurs, au nombre de 40 cette année (contre 20 en 2016). 90% d’entre eux ne viennent pas de France. C’est une étape supplémentaire dans l’événement, car le marché du capital-risque est encore trop fragmenté, trop national. Ce milieu a besoin d’être challengé et de s’ouvrir à l’extérieur pour transformer des projets de recherche académique en entreprises.» Nicolas Carboni, président de la SATT Conectus Alsace, ajoute : «En France, 1,5 milliard d’euros sont mobilisés par les entreprises vers les laboratoires publics, un tiers relève de la collaboration entre les académiques et les industriels.» C’est dire l’importance que ces mondes se rencontrent…

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La start-up régionale Vaxinano récompensée

Mardi 28 novembre, 18 entrepreneurs à la tête de sociétés innovantes de moins de cinq ans ont participé aux «Start-up slams», des présentations rapides devant des investisseurs potentiels. Sur 100 candidatures reçues de toute l’Europe, une cinquantaine a été expertisée par un jury international, 18 ont été retenues dans la short list. Et c’est un projet régional qui s’est distingué : Vaxinano, hébergé à Eurasanté, lauréat de ces “Start-up slams”. Créée il y a un an et demi, Vaxinano développe de nouvelles techniques de délivrance de vaccins par administration nasale. Les premières applications concernent le développement d’un vaccin contre la toxoplasmose et pourraient s’étendre aux infections parasitaires, virales et bactériennes, dans le domaine humain et vétérinaire.

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A la recherche d’investisseurs potentiels

Parmi les entreprises présentes sur BioFit, InnoBioChips, créée par Vianney Souplet en 2008, développe des diagnostics de haute définition à destination des laboratoires hospitaliers et des sociétés étrangères : «Dans une goutte de sang, nous allons sortir des dizaines de paramètres biologiques. Dans la transplantation par exemple, pour assurer la compatibilité d’une greffe», explique le fondateur. Avec un chiffre de 700 000 € exclusivement à l’export, ce spin-off d’une unité CNRS de l’Institut de biologie de Lille et des universités compte aujourd’hui une quinzaine de salariés et espère tripler son chiffre d’affaires l’année prochaine. En juillet dernier, InnoBioChips a procédé à une levée de fonds et a consolidé ses financements à hauteur de 3,5 millions d’euros, notamment par la cession de sa partie agroalimentaire à l’entreprise douaisienne Gènes diffusion. Quant à Genoscreen, société de services et d’innovation spécialisée en génomique et bio-informatique, elle propose des prestations de services scientifiques pour explorer et analyser des génomes de toutes origines (hommes, animaux, plantes et micro-organismes) et développe aussi des approches, solutions et outils d’analyse en génomique et bio-informatique. Début janvier, Genoscreen lancera sur le marché un kit de séquençage ADN pour déterminer le meilleur antibiotique à prescrire à un patient atteint de tuberculose. Indispensable pour ces entreprises en pleine croissance de concrétiser leurs recherches en produits et donc d’attirer des investisseurs, qu’ils soient français ou internationaux. D’ores et déjà, l’édition 2018 de BioFit a été fixée au 4 et 5 décembre, de retour cette fois-ci sur les terres lilloises.

Stéphane Duthoit, président d’InnoBioChips, et Vianney Souplet, cofondateur.

Plus de 1 000 participants sont venus sur cette édition 2017. Crédit photo Julien Collard -Eurasanté

 

 

 

 

ENCADRE 1

Alsace Biovalley, le pôle de compétitivité au cœur de la capitale des medtechs

Implanté dans une région dotée d’une force de frappe universitaire et hospitalière – le projet «Par-delà les frontières-l’Université de Strasbourg” a été lauréat de l’IdEx en 2012 –, le pôle de compétitivité Alsace BioValley a participé à la création de plus de 4 500 emplois depuis dix ans. «Nous soutenons et développons l’innovation pour faire des projets, de futures entreprises», explique Séverine Sigrist, présidente depuis trois ans. Sur la région Grand-Est ( 10 départements pour 8,4% de la population française), on recense 600 sociétés autour du médicament et du dispositif médical (350 en pharma et 250 en medtech) : Lilly, Sanofi, Merck, Novartis, Transgene… «Les start-up ne doivent pas être éloignées des problématiques industrielles. Nous avons les mêmes problématiques qu’Eurasanté», poursuit Séverine Sigrist, rappelant que le pôle accompagne une dizaine de projets par an. Alsace BioValley collabore aussi avec la SATT Conectus Alsace (société d’accélération du transfert de technologies) qui, en cinq ans, a investi plus de 12 M€ sur 40 projets innovants et 79 brevets, le tout ayant débouché sur le transfert de 324 licences de technologies vers des industriels et la création de 6 start-up qui ont levé 26 M€ à ce jour.

Séverine Silgrist, présidente d’Alsace BioValley.

 

 

 

 

ENCADRE 2

Les pôles de compétitivité français dédiés à la santé

  • Nutrition Santé Longévité (Loos)
  • Atlanpôle (Nantes)
  • Alsace BioValley (Illkrich)
  • Lyonbiopôle (Lyon)
  • Cancer-Bio-Santé (Toulouse)
  • Eurobiomed (Marseille)
  • Médicem Paris Région (Paris)

 

ENCADRE 3 à mettre en colonne sur la droite comme Agenda

Crédit photo Julien Collard-Eurasanté

«C’est une occasion ratée»

Difficile de ne pas interroger Etienne Vervaecke sur la décision d’implantation de l’Agence européenne du médicament à Amsterdam. «Déçu et amer», le directeur d’Eurasanté a encore du mal à digérer la mauvaise nouvelle.

«La France ne s’est penchée que sur l’agence bancaire. Si, dès le départ, l’équipe gouvernementale nous avait dit qu’elle choisirait l’agence bancaire, nous nous serions inclinés. Mais ce choix ne nous a pas été communiqué et c’est un manque de respect vis-à-vis des interlocuteurs impliqués. Il faut aussi savoir que l’agence bancaire, ce ne sont que 160 emplois et que dans quelques années, elle fusionnera pour rejoindre Bruxelles… Quand on explique que la connectivité de Lille est mauvaise, c’est faux ! La proximité de Roissy est tout à fait suffisante. Et quand Christophe Itier, haut-commissaire à l’économie sociale et solidaire et à l’innovation sociale, dit dans un tweet ‘Au travail !(le tweet adressé à Martine Aubry par Christophe Itier à la suite de la décision d’implantation, souligne sévèrement les faiblesses de la candidature lilloise, ndlr), je trouve cela révoltant. Quand on prétend représenter les Lillois, il faut un savoir-faire. Nous avions l’offre immobilière qu’Amsterdam n’aura pas avant fin 2019. A quoi cela aura servi sinon à créer de la rancœur ? En aucun cas, les critiques ne portent pas sur Agnès Buzyn (ministre des Solidarités et de la Santé) qui a soutenu la candidature lilloise. Mais les politiques soutiennent Paris alors que des territoires ont besoin de soutien.»

 

Phrase à mettre en gros entre guillemets

« Le milieu du capital-risque a besoin d’être challengé »