L’impression 3D à la portée de tous
C’est "le" rendez-vous incontournable mondial dédié aux loisirs technologiques et à l’univers du numérique. Le Consumer Electronic Show (CES) 2017 de Las Vegas a fêté ses 50 ans du 3 au 8 janvier, à coups d’innovations technologiques dans la télévision, la santé connectée, la réalité virtuelle, l’impression 3D… Cette année encore, la French Tech sera à l’honneur puisque près de 250 entreprises françaises ont fait le déplacement. Parmi elles, quelques pépites régionales que nous avons rencontrées pour recueillir leurs impressions sur ce salon hors norme.
Quand on entre chez Dagoma, on est rapidement imprégné par le management propre aux start-up. Des espaces de travail collaboratifs, une machine à café qui tourne à plein régime et des photos qui retracent une vie d’entreprise déjà bien remplie. Deux ans à peine après sa création, Dagoma a derrière elle plusieurs déménagements successifs, des recrutements à profusion et surtout une histoire qui semble être une future success story régionale.
Des imprimantes 3D à perte de vue et une soixantaine de salariés qui s’affairent… Tant et si bien que Matthieu Régnier, l’un des deux cofondateurs, avoue que l’entreprise devrait déménager courant 2017. En 2012, Matthieu Régnier et Gauthier Vignon imaginent, «pour le plaisir», un prototype de vélo pliable ultra léger et se servent de l’impression 3D pour concevoir les pièces impossibles à trouver dans le commerce. De Shanghai où ils habitent tous les deux, ils décident de revenir dans le Nord pour «rendre l’impression 3D accessible à tous». «Il y avait un sens à être présent dans une ancienne région industrielle. On s’est d’abord installé à Tourcoing puis à Roubaix», se rappelle Matthieu Régnier. C’était en juillet 2014. La Discovery200 sort, à un prix ultra compétitif : en kit à 299 € ou montée à 399 €. Autant dire qu’elle est la moins chère du marché. Depuis, près de 60 salariés sont venus rejoindre les deux créateurs, dans des locaux où la production d’imprimantes 3D tourne presque 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. «Dagoma conçoit, fabrique et vend. Les imprimantes sont construites à 40% à Roubaix», poursuit-il. DiscoEasy200 en kit, DiscoEasy200 et, au printemps prochain, la Neva : Dagoma propose à ses clients – essentiellement des particuliers – trois modèles d’imprimantes, avec un calibrage 100% automatique. «Un enfant de deux ans sait l’allumer !» assure Matthieu Régnier. 75% des ventes passent par le web ; le reste, par des réseaux de distribution. Pour les plus minutieux, il est possible de recevoir l’imprimante en kit ou alors livrée testée et fabriquée.
Et l’objet imaginé devient réalité… «Le principe est semblable au pistolet à colle : les couches se superposent au fur et à mesure et l’objet se concrétise en quelques heures. Nous utilisons du PLA (acide polyactique), un plastique réalisé à base d’amidon de maïs, biodégradable et respectueux de l’environnement», précise Matthieu Régnier. Nul besoin d’être graphiste : des fichiers 3D sont téléchargeables sur le web ou via ROAD, le «moteur de recherche d’objets assistés by Dagoma». Dagoma livre aussi un logiciel open source – “Cura by Dagoma” – qui transforme le fichier en dessin, enregistré ensuite sur une carte SD, puis disponible pour l’impression. Parmi les friands des imprimantes roubaisiennes, des professionnels de l’éducation, des passionnés de bricolage, des geeks, des modélistes, des maquettistes ou encore des fans d’arts créatifs. «Ils peuvent imprimer une pièce qu’ils ne trouvent pas ou customiser un objet existant, par exemple la coque d’un téléphone portable ou un bijou», précise Matthieu Régnier.
Recrutements en vue. Chez Dagoma, le cercle vertueux de la production prend tout son sens : les structures vendues aux clients sont imprimées par d’autres imprimantes. «Le premier client de Dagoma, c’est Dagoma ! Le souci que le client peut rencontrer, c’est celui que l’on rencontre nous aussi.» 100 machines sont produites chaque jour, à raison de 40 heures d’impression par machine. Les quais de déchargement peuvent accueillir jusqu’à six camions par jour pour faire face aux pics de production, comme lors des fêtes de fin d’année. Les objectifs des créateurs sont à la hauteur de l’engouement pour leurs produits : ambitieux. «En 2017 nous comptons embaucher une personne par semaine. Nous commençons presque à être des industriels», s’amuse le cofondateur. Avec une conviction forte – «le futur s’écrit en 3D» –, Dagoma a toutes les chances de devenir une de ces pépites régionales au futur rayonnement international, en gardant cette audace et cette créativité propres aux start-up d’aujourd’hui.