L’Etat soutient la candidature lilloise, terre d'accueil de l’AEM

Brexit oblige, l’Agence européenne du médicament (AEM) va bientôt quitter les bureaux de Londres qu’elle occupe depuis 1995. Huit villes françaises s’étaient portées candidates pour l’accueillir et c’est finalement Lille qui portera la candidature de la France devant la Commission européenne en octobre prochain. Face à la capitale des Flandres, des candidats sérieux comme Amsterdam ou Copenhague.

Lille sait faire valoir ses nombreux atouts − une proximité immédiate de Londres, de Paris ou encore de Bruxelles, des collectivités ultra motivées, des équipes médicales d’excellence… – qu’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, n’a pas manqué de souligner lors de sa venue à Lille le 23 juin dernier. Une visite qui aura aussi permis le lancement d’une «task force» pour mettre toutes les chances du côté de Lille ainsi que la nomination du professeur Jean-Luc Harousseau en tant qu’ambassadeur de Lille sur ce projet. «Nous pensons que Lille est une excellente candidature : c’est la ville la plus proche de Londres, où la qualité des scientifiques est reconnue et où il y a un pôle de compétitivité en santé. Peu de villes ont cette expertise scientifique», a souligné Agnès Buzyn. «Lille a la capacité d’accueil, les compétences et les expertises qui assurent à l’AEM un réseau d’experts. La première préoccupation, c’est d’avoir un dossier qui tient la route. Il faut pousser toutes les portes à Bruxelles pour défendre notre candidature», avance Martine Aubry, maire de Lille, rappelant aussi la force des infrastructures routières, aériennes et ferroviaires. «Lille est un écosystème innovant sur la santé avec le CHRU le plus important de France, l’Institut Pasteur, les universités, un pool d’excellence des maladies du XXIe siècle, cardiovasculaires et de dégénérescence cellulaire…»

Un bâtiment livré avant la date butoir. Un des critères de choix de la ville sélectionnée sera notamment sa capacité à accueillir les 900 salariés de l’AEM (mais qui ne compte que 10% d’Anglais, ndlr) ainsi que leurs familles. Ce sera chose faite avec un bâtiment en blanc construit à quelques pas du siège de Région – plus grand que le bâtiment actuel de l’AEM –, disponible avant la date butoir du 31 mars 2019. A également été évoquée l’offre éducative internationale et franco-britannique permettant d’accueillir les 600 enfants des agents dès la crèche et ce, à partir de 2018. Une «cité scolaire internationale» devrait d’ailleurs être bientôt labellisée, regroupant trois établissements d’enseignement existants.  Prochaines étapes : le dépôt des candidatures au 31 juillet, leur examen et un premier classement en septembre prochain, avant la décision finale des chefs d’Etat du Conseil européen le 20 octobre. Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France, veut y croire : «Ce n’est pas gagné, il y a des candidats sérieux, mais on se bat ! Nous ne pouvons pas remporter de victoires sans paris audacieux.» 

ENCADRE

Le rôle majeur de l’AEM

L’AEM (ou European Medicines Agency), agence garante de la sécurité sanitaire des médicaments, compte 900 salariés et reçoit chaque année 36 000 expertises. La principale mission de cet organisme décentralisé de l’Union européenne est la protection et la promotion de la santé publique et animale à travers l’évaluation et la supervision des médicaments à usage humain et vétérinaire. Elle évalue scientifiquement les demandes d’autorisation européenne de mise sur le marché des médicaments. La sécurité des médicaments est suivie en permanence par l’Agence grâce à un réseau de pharmacovigilance. L’AEM fournit également aux sociétés des avis scientifiques et une assistance au niveau du protocole pour la mise au point de nouveaux médicaments. Elle publie aussi des directives sur les exigences en matière de tests de qualité, de sécurité et d’efficacité.