Dix communes traversées sur 20 kilomètres

L’autoroute de la chaleur : la chaudière de la Mel

Vingt ans après sa création, le centre de valorisation énergétique Antarès d’Halluin se lance un nouveau défi : l’autoroute de la chaleur. Un moyen de revaloriser les déchets ménagers métropolitains pour alimenter les réseaux de chaleur du territoire. Son inauguration se tenait le 29 novembre.

Les élus de la région lors de l’inauguration de l’autoroute de la chaleur le 29 novembre dernier. © Aletheia Press/E.Chombart
Les élus de la région lors de l’inauguration de l’autoroute de la chaleur le 29 novembre dernier. © Aletheia Press/E.Chombart

Le 29 novembre dernier était un jour particulier pour la Métropole européenne de Lille (Mel), Dalkia, Veolia, l’Ademe et le Feder. Tous sont partenaires d’un beau projet : l’autoroute de la chaleur, dont l’inauguration s’est déroulée au centre de valorisation énergétique (CVE) Antarès à Halluin. Là où tout commence. «Cette autoroute de la chaleur, nous y réfléchissons depuis 2017, bien avant la guerre en Ukraine et la crise énergétique actuelle… Réutiliser cette énergie fatale semblait fou à l’époque, alors qu’aujourd’hui, c’est important de lutter contre la précarité énergétique, pour la métropole de Lille et ses habitants» introduit Damien Castelain, président de Lille Métropole.

Dix communes sont ainsi traversées, sur une distance de 20 kilomètres, ce qui représente 40 kilomètres de canalisations pour assurer un circuit aller-retour. Ce projet fait de la MEL la première institution française à valoriser les déchets ménagers pour renforcer sa souveraineté énergétique. Comment ? Grâce à la combustion optimisée des 350 000 tonnes de déchets annuelle du CVE, qui permettra de chauffer 30 000 logements. «On va créer une énergie renouvelable locale» ajoute Hervé Carron, directeur de l’usine.

70 M€ d’investissement

Après vingt-six mois de travaux et 70 millions d’euros d’investissement, le CVE d’Halluin est fin prêt. «Ce sont de longs travaux qui immobilisent toute une ville. Certains maires n’étaient, au départ, pas d’accord, puis en ayant appris les bénéfices, ils ont changé d’avis» précise Damien Castelain. Des bénéfices écologiques et économiques !

Ce sont ainsi 50 000 tonnes de dioxyde de carbone qui sont économisées, l’équivalent des émissions annuelles de 5 000 habitants par an. Avec, à la clé, l’amélioration de la qualité de l’air. Par ailleurs, les habitants qui bénéficieront de cet équipement, verront leur facture de gaz réduite de 20 à 30% selon le secteur où ils se trouvent. Soit une économie d’environ 600€ par an.

Un projet qui essaime

L’autoroute de la chaleur fait de la Mel la première institution française à valoriser les déchets ménagers pour renforcer sa souveraineté énergétique. © Aletheia Press/E.Chombart

En service depuis quelques mois à Fives, l’autoroute de la chaleur attire la convoitise de beaucoup de communes de la métropole. Cependant : «Cette chaudière de la métropole, comme j’aime l’appeler, attire beaucoup lorsque l’on sait les bénéfices que cela peut apporter à une commune qui finance et chauffe sa piscine, ses bâtiments, etc. Mais le CVE ne pourra pas assurer les 95 communes de la MEL alors, il faudra implanter des chaufferies» ajoute le président de Lille métropole.

D’autres villes sont déjà candidates au projet, c’est le cas de Wattignies. «Je veux brancher d’autres communes» lance en fin de discours le président de Lille métropole, et pour ce faire, l’arrivée d’un quatrième four peut être envisagée au CVE d’Halluin. Tandis qu’un peu plus loin, sur la côte d’Opale à Dunkerque, l’autoroute de la chaleur se construit aussi petit à petit avec Pôlénergie. Un projet qui essaime au travers de la région Hauts-de-France et, pourquoi pas, peut-être prochainement au national.

Le CVE en quelques chiffres

La métropole lilloise génère 650 000 tonnes de déchets chaque année qui sont gérées par différents centres dont le centre de valorisation énergétique Antarès d’Halluin fait partie. Fonctionnant 24h/24 et 365 jours par an, le CVE brûle, sur chacune de ses trois lignes de four, jusqu’à 350 tonnes de déchets par jour, soit 14,5 tonnes par heure. Il comptabilise près de 8 000 heures de fonctionnement et traite 350 000 tonnes par an. «Les fours chauffent à minimum 850 degrés pour éliminer les différents composants et l'énergie dégagée par la combustion transforme l'eau en vapeur. La vapeur passe ensuite dans des groupes turbo-alternateurs puis dans des échangeurs pour alimenter cette autoroute de la chaleur» détaille Patrick Hasbroucq, directeur chez Veolia France. Le CVE produit 120 à 130 tonnes de vapeur et en soutire l’équivalent de 50 MGW pour alimenter les réseaux de chaleur, le reste est turbiné et envoyé sur le réseau RTE.