L'aumônier national catholique des prisons s'alarme d'une surpopulation carcérale "record"

L'aumônier national catholique des prisons Bruno Lachnitt s'alarme d'une surpopulation carcérale "record" et "contre-productive", alors que l’Église réunit, comme tous les six ans, ses aumôniers de prison du...

L'aumônier national catholique des prisons Bruno Lachnitt s'alarme d'une surpopulation carcérale "record" et "contre-productive" © OLIVIER CHASSIGNOLE
L'aumônier national catholique des prisons Bruno Lachnitt s'alarme d'une surpopulation carcérale "record" et "contre-productive" © OLIVIER CHASSIGNOLE

L'aumônier national catholique des prisons Bruno Lachnitt s'alarme d'une surpopulation carcérale "record" et "contre-productive", alors que l’Église réunit, comme tous les six ans, ses aumôniers de prison du 10 au 13 octobre à Lourdes.

"Au 1er septembre, 73 établissements avaient un taux d'occupation supérieur à 150%, dont 17 à plus de 200%", rappelle M. Lachnitt lors d'une rencontre avec des journalistes, en s'inquiétant d'une surpopulation carcérale qui "bat chaque mois de nouveaux records".

Il y avait aussi à cette date "3.609 matelas au sol dans les prisons françaises. Jusqu'où cela sera-t-il supportable et par qui considère-t-on que c'est supportable?", s'inquiète le diacre, qui témoigne avoir vu pour la première fois, dans l'établissement où il intervient, "quatre noms sur la porte d'une cellule de 11m2".

"Il faut absolument que l'opinion publique prenne conscience que cette situation est contre-productive en termes de sécurité, et que réclamer toujours plus de répression, toujours plus de sécurité, produit l'inverse de ce qu'on cherche", ajoute-t-il.

Selon des chiffres du ministère de la Justice, la France comptait 78.969 personnes incarcérées au 1er septembre. Le Premier ministre Michel Barnier a plaidé le 1er octobre pour "limiter" les possibilités d'aménagement des peines, donnant le ton d'une politique pénale plus stricte.

"C'est là, dans cet univers absurde, que nous sommes envoyés pour y être malgré tout porteurs de sens et d'espérance", ajoute M. Lachnitt, quelques jours avant les "rencontres nationales des aumôniers de prison" qui ont lieu à Lourdes à partir de jeudi.

Pendant trois jours, ceux-ci se retrouveront autour de forums et de tables rondes, en présence de plusieurs évêques.

L'enjeu "n'est pas seulement la communion à l'intérieur de l'aumônerie" mais aussi "entre l'aumônerie et le reste de l'Église". Impliquer des évêques est important car "l'aumônerie des prisons n'est pas une Église parallèle", souligne M. Lachnitt. 

L'église catholique compte 760 aumôniers répartis dans 190 établissements pénitentiaires (partout sauf à Mayotte).

Les aumôniers rencontrent les détenus qui le demandent, et ceux-ci ne sont pas forcément chrétiens: "c'est aussi un peu dans l'ADN de l'aumônerie catholique", longtemps la seule présente en prisons, ajoute M. Lachnitt.

Les aumôniers de prison ont reçu un statut officiel en décembre 1819. En 1945 les prisons ont intégré une aumônerie protestante, puis israélite et musulmane en 2006, orthodoxe en 2010, bouddhiste en 2012 et enfin des Témoins de Jéhovah en 2015, rappelait la Commission des lois dans un avis de 2018. 

Concrètement les aumôneries catholiques sont aujourd'hui constitués de laïcs (à 65%), de diacres (10%) ou de prêtres  (18%). Et ce sont, à 35%, des femmes: "les femmes peuvent être aumônières chez les hommes, alors que l'inverse n'est pas vrai", explique M. Lachnitt.

Au quotidien "nous ne sommes pas des donneurs de leçons" mais il s'agit "dans la relation qu'on engage" avec les détenus, "de leur révéler qu'il y a en eux quelque chose de plus grand et de plus noble que ce qu'ils pensent", ajoute-t-il.

Dans ce travail l'écoute est la plus importante: "il faut savoir laisser de la place au silence", explique M. Lachnitt.

36J99N9