L’assurance veut créer un choc social et fiscal
Les cadres et professions intellectuelles supérieures sont au cœur de la dynamique économique et de la cohésion sociale de notre pays, laquelle se décline à l’échelle des territoires. La Fédération bancaire française, la Fédération Syntec et France Assureurs, via un livre blanc dédié, brosse le portrait sociétal de ces femmes et hommes au centre des enjeux et transitions écologique et numérique. Une étude passionnante nous rappelant que le cœur de ces métiers reste basé sur l’humain et sa valorisation, au carrefour de lourdes responsabilités et des mutations des entreprises.
La longue phase électorale qui vient de s’achever détermine désormais la politique qui sera menée durant cinq ans. Il n’y aura pas assez d’une mandature pour régler les multiples problématiques et répondre aux enjeux sociaux, climatiques, économiques, numériques. Des défis majeurs en forme de transitions incontournables, dans un pays aux nombreuses fractures. Que sera le monde d’après ? Pour l’heure, il prend pléthore de contours de son devancier… Cette réflexion est assurément au cœur des métiers de l’assurance, lesquels sont en pleine mutation. La crise de la Covid-19 et ses adaptations forcées les ont accélérés. La Fédération bancaire française (FBF), la Fédération Syntec et France Assureurs viennent de publier un livre blanc : «Promouvoir l’emploi qualifié - un enjeu stratégique pour la France». Les trois fédérations professionnelles pèsent près de 900 000 salariés qualifiés et 40 % des recrutements en 2021. En France, le nombre de cadres et professions intellectuelles supérieures a été multiplié par quatre en à peine cinquante ans. Ils représentent quelque 5 millions d’actifs, tous secteurs confondus, soit un actif sur cinq.
Pas seulement à l’encadrement et au management
Selon l’Apec, seuls 40 % des cadres du secteur privé ont aujourd’hui une responsabilité hiérarchique et 15 % animent une équipe permanente. De plus en plus, ils sont experts ou responsables de projet, autant de rôles clés pour la croissance des entreprises du XXIe siècle. Ils se concentrent dans le secteur des services marchands, dans l’information et la communication, la finance et les services, les activités scientifiques et techniques. Ou encore dans l’industrie où l’emploi qualifié a permis l’émergence et le développement d’activités à haute valeur ajoutée comme les produits informatiques et électroniques, l’industrie pharmaceutique, la production et la distribution d’énergie, le matériel de transport aérien ou ferroviaire. Tant d’activités parmi les plus exportatrices. L’emploi qualifié est également aux avant-postes de la transformation écologique et digitale. Le secteur numérique a ainsi créé près de 151 000 emplois en dix ans, dont 72 % de cadres et professions intellectuelles supérieures. Le dynamisme des recrutements encourage la mobilité professionnelle et sociale : entre 2010 et 2020, environ 50 000 salariés sont devenus cadres en moyenne chaque année. 42,2 % des emplois qualifiés sont occupés par des femmes, un chiffre légèrement supérieur à la moyenne européenne. Même si les femmes restent insuffisamment présentes dans les filières scientifiques, stratégiques pour la création de valeur et la transformation des modèles de développement : 28 % des étudiants en école d’ingénieurs sont des étudiantes et sur le million d’ingénieurs que compte la France, seuls 23 % sont des femmes. Selon une enquête de l’Apec réalisée en 2020, 86 % des cadres du secteur privé en France se déclarent globalement satisfaits de leur situation professionnelle. Cela représente un atout majeur pour les entreprises. Ils mettent en avant notamment les relations avec leurs collègues et leur supérieur hiérarchique, l’intérêt de leur poste et le sens donné à leur travail. Un cadre sur trois estime que les conditions d’exercice de sa mission sont plus complexes qu’avant : charge de travail plus importante, digitalisation des tâches et enjeux managériaux croissants, difficultés à concilier vie privée et vie professionnelle. Le rythme des transformations s’accélère. Les compétences deviennent obsolètes de plus en plus rapidement, posant la question de l’employabilité. Dans le même temps, les avantages dont bénéficient les emplois qualifiés se réduisent.
L’équilibre entre professionnel et privé...
En France, leur revenu réel disponible progresse moins vite que l’inflation, sous l’effet conjugué des charges sociales et de l’impôt sur le revenu. Quant à la réorientation du système des retraites, elle s’oriente à leur détriment. L’étude sur les revenus et patrimoine des ménages menée par l’Insee en 2021 montre qu’en 2018, les deux tiers des Français recevaient davantage en prestations et en services publics qu’ils ne versaient en impôts, taxes et contributions sociales. Sachant que 90 % des cadres du privé ont une rémunération supérieure ou égale à 36 000 € et que la médiane de leur rémunération brute annuelle se situe à 50 000 €, ils sont donc, dans leur grande majorité, contributeurs nets au système social français. La crise sanitaire a par ailleurs renforcé l’aspiration à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, mais aussi à une meilleure qualité de vie. Le télétravail est devenu un critère dans la recherche d’emploi pour 76 % des moins de 30 ans. Depuis de nombreuses années, les entreprises françaises expriment d’importantes difficultés pour trouver les profils de cadres adaptés aux postes à pourvoir. Dès lors, la Fédération bancaire française, la Fédération Syntec et France Assureurs portent six propositions concrètes : rendre plus efficaces le fonctionnement et le financement de la formation professionnelle, mieux former les emplois qualifiés de demain, accompagner davantage les transitions et les reconversions des emplois qualifiés, renforcer la présence des femmes dans les filières scientifiques et techniques, accueillir les entreprises à forte concentration d’emplois qualifiés dans les territoires, garantir une stabilité fiscale et sociale aux salariés qualifiés et à leurs employeurs. Le livre blanc des professions de l’assurance réaffirme la place prépondérante de la branche comme vecteur essentiel socio-économique de notre vivre ensemble et de notre collectif sociétal. Un acteur, un facilitateur, un accompagnateur des changements à venir. Nous dirions même, des bouleversements qui se préparent dans le quotidien de chacun d’entre nous…