Rencontre de la fondation Earthworm
L'agroforesterie, les enjeux pour les années futures
La fondation Earthworm a organisé une journée consacrée aux enjeux de l’agroforesterie. Élus, entreprises agroalimentaires, coopératives ou encore banques intéressés par cette agriculture de régénération des sols sont venus écouter Jean Harent, agriculteur en agroforesterie depuis 2019 à Sauvillers-Mongival, près de Moreuil. Tous ont le même objectif : prendre part à la transition agroécologique.
Sa
démarche de l'agroforesterie demande une nouvelle façon de
produire, des investissements, mais Jean
Harent reste
convaincu.
« Nous
réfléchissons aux cultures de demain. J'ai arrêté la culture de
la betterave, j'essaie de réduire les intrants, je ne laboure pas et
je n'irrigue pas,
présente-t-il. Nous
souhaitons avoir un sol vivant et résilient avec un bon drainage. La
vie est au-dessus du sol et en dessous ».
Vers une agriculture de régénération des sols
Jean
Harent est en transition vers une agriculture de régénération
des sols. Il a poussé la réflexion systémique jusqu'à
l'agroforesterie en plantant pas moins de 18 200 arbres avec une
diversité de 40 essences différentes, entre 2022 et 2023, autour de
ses parcelles et en intra-parellaire, un travail de plantation qui a
pris beaucoup de temps. Pour ce projet de plantation, Jean Harent a
été accompagné par Earthworm-Péri-G, Purina France, Noriap et la
pépinière Crete.
Par
cette méthode agricole, l'agriculteur souhaite à terme atténuer
les extrêmes climatiques (vent, sécheresse) pour sécuriser ses
rendements, stocker du CO2,
garantir le maintien et le développement d'une biodiversité large
et équilibrée, limiter l'érosion et améliorer la qualité des
sols et des eaux, sans oublier faire de l'ombrage.
« L'agroforesterie,
c'est du bon sens paysan. Même s'il y a un manque à gagner, environ
1,5% de la surface agricole, le bénéfice escompté est durable.
Il
faut savoir perdre pour regagner ensuite »,
explique le trentenaire qui constate déjà une biodiversité
d'insectes dans ses cultures. L’agriculteur a également diversifié
son activité en proposant des huiles artisanales élaborées à
partir de ses cultures de graines. Huile de tournesol, huile de
caméline, huile de colza sont en vente à la ferme. « Cette
diversification permet de créer du lien avec le consommateur »,
souligne-t-i.
Un investissement sur le long terme
Dans
ce vaste projet, les agriculteurs ne sont pas seuls.
Earthworm est une organisation mondiale à but non lucratif axée
sur l'impact et travaillant sur le terrain pour créer des solutions
évolutives permettant à la nature et aux humains de prospérer. Sur
le terrain, elle crée, teste et met à l’échelle de nouvelles
façons de produire et de faire des affaires. Earthworm , qui veut
dire « ver de terre », accompagne et met en œuvre dans
les exploitations agricoles des projets d’agroforesterie dans la
région des Hauts-de-France depuis 2021.
Earthworm joue le rôle
d'intermédiaire entre les différents acteurs du territoire,
notamment par la mise en relation des agriculteurs et des acteurs
financiers privés et publics.
Raphaël Lefebvre, chargé de partenariats et Harold Léchat, chef de projets tous deux chez Earthworm ont présenté les intérêts et les projets de l’agroforesterie :« Lorsque l'on plante c'est pour des décennies et c'est un vrai effort de suivi à avoir. Comment planter, comment gérer et valoriser les haies. Lorsque l'on parle d'agroforesterie, il faut raisonner à long terme. Nous sommes présents pour suivre les agriculteurs, les techniciens, les pépiniéristes et ensuite valoriser le bois par des chaudières à bois par exemple. Il ne faut pas oublier que nous perdons environ 23 500 km linéaires de haies chaque année en France ».
Earthworm accompagne les agriculteurs
L'association s'assure également de la bonne conception et de la mise en œuvre des projets, ainsi que du suivi des projets dans le temps, en collaboration avec des associations techniques du territoire. L’équipe agroforesterie actuelle est composée d’une chargée de mission, d’un chargé de partenariat et d’un chef de projet. Le projet agroforestier s’organise en différents volets. La partie opérationnelle au niveau de l’implantation des projets et une partie sur la construction d’un réseau d’acteurs agroforestiers à l’aide de leurs partenaires externes tels que les techniciens, politiciens, associations, coopérative agricole. Le programme agroforestier a accompagné 70 projets de plantation depuis sa création. Ceux-ci peuvent prendre différentes formes telles que de la plantation d'arbres à l'intérieur des parcelles et/ou de la plantation de haies en bordure de parcelle.