L'Adie : quand tout le monde peut devenir entrepreneur
L'Adie Hauts-de-France aide les plus éloignés des prêts bancaires classiques à devenir chefs d'entreprise. Entre financement et accompagnement, l'association concrétise les projets de création d'entreprise. Même en temps de crise sanitaire, le nombre de projets ne baisse pas et la dynamique reste positive.
Elle défend l'idée que tout le monde peut devenir entrepreneur. L'Adie (Association pour le droit à l'initiative économique) donne des ailes à ceux qui ont envie d'entreprendre mais n'ayant pas accès aux prêts bancaires classiques.
En effet, «68% des bénéficiaires sont au RSA», rappelle Mathieu Hénault, directeur des opérations à l'Adie Hauts-de-France. Les autres sont déjà en activité et ont un projet d'entreprise. Par ailleurs, «25% sont originaires des quartiers prioritaires», précise-t-il.
Concrètement, l'association emprunte aux banques pour ensuite prêter un financement aux entrepreneurs en devenir. En moyenne, l'Adie Hauts-de-France prête 3 000 euros, et généralement les demandes de financement sont inférieures à 10 000 euros mais peuvent aller jusqu'à 12 000 euros.
«Si le projet est viable avec une maîtrise du marché et une connaissance du métier et de l'environnement, nous aidons à financer, peu importe le secteur d'activité. La seule condition est vraiment le non-accès au système bancaire traditionnel», explique le directeur des opérations, précisant que c'est le parcours de la personne et sa capacité à rebondir qui sont au cœur du processus.
Donner une chance à tout le monde, c'est le credo de l'Adie : elle finance mais elle accompagne également. «Nous proposons des services, des outils, mais aussi un accompagnement individualisé selon les besoins de chacun, présente-t-il. Il y a un accompagnement en amont et en aval du projet, jusqu'au remboursement du prêt.»
Des formations sont aussi dispensées pour les entrepreneurs financés par l'Adie, mais aussi pour tous les entrepreneurs le désirant. «Mais notre force est aussi notre réactivité, affirme-t-il. Une fois la demande effectuée, nous répondons en moyenne en neuf jours. Et c'est ce qu'attendent nos bénéficiaires : des réponses rapides.»
Une dynamique constante
Même si l'Adie Hauts-de-France est une aide précieuse pour ces personnes éloignées du système bancaire, l'enjeu est tout de même de les remettre dans ce système tel «un tremplin qui permet de retrouver le parcours classique», précise Mathieu Hénault.
Et ce travail porte ses fruits : en 2020, malgré la crise sanitaire, 1 150 entrepreneurs ont été accompagnés, un chiffre sensiblement le même que les années précédentes.
«La crise n'a impacté ni l'envie des entrepreneurs, ni notre activité», remarque encore Mathieu Hénault.
Et l'avenir n'est pas si morose : selon un étude de l'Adie Hauts-de-France, 43% des personnes sont optimistes quant à l'avenir et 93% le sont si les aides gouvernementales se prolongent (61% des entrepreneurs de l'Adie de la région ont bénéficié du Fonds de solidarité). Cependant, cet optimiste est entaché par la crainte de l'avenir et la difficulté à se projeter. Pour autant, cela ne jugule pas l'envie d'entreprendre : 73% des sondés affirment qu'ils retenteraient l'aventure sans hésiter.
Quant est-il de l'après-crise ? «Le rôle de l'Adie sera essentiel, prévoit Mathieu Hénault. L'incertitude du contexte et les prêts bancaires de plus en plus difficiles à obtenir seront les grands enjeux de la reprise.» Grâce à ce travail de terrain, en 2020, l'Adie Hauts-de-France a été suivie par des financeurs privés... Une perspective réconfortante pour les futurs entrepreneurs.