Kévin Sinic, une passion gourmande
Rien ne prédestinait Kévin Sinic à devenir boulanger-pâtissier. Du Cepal de Laxou à une expérience formatrice en Suisse, il a fini par ouvrir sa propre enseigne à Vandœuvre. Trois après, le succès est là. Kévin Sinic partage son appétence du travail bien fait avec la clientèle et ses collaborateurs. Itinéraire d’un entrepreneur mordant l’existence à pleines dents.
Kévin Sinic est pétri de valeurs d’authenticité et sait les faire partager à ses interlocuteurs. Installé à son compte, à Vandœuvre, directement à proximité de la ligne du Tram menant vers le site Brabois, il a les gestes, les mots de l’artisan parlant de son quotidien. D’ailleurs, la dénomination de son commerce va bien avec le personnage, bon vivant : «La Mi Do Ré». C’est chantant comme des notes de musique sur une portée et croustillant comme du bon pain. Cela tombe bien, boulanger-pâtissier, c’est justement sa profession. Et pourtant, son dessein aurait pu être autre : «Je ne travaillais pas très bien à l’école. J’avais un oncle restaurateur donc j’étais un peu dans l’ambiance. J’ai atterri par hasard en préapprentissage en boulangerie.», se souvient-t-il. D’entrée, Kévin Sinic n’a aucun doute. Le monde du fournil lui plaît : «Travailler avec de la matière noble comme la farine et les horaires m’ont séduit.» Au Cepal de Laxou, auprès de professionnels aguerris, il assimile la gestuelle, la méticulosité de cet univers de créativité. Un apprentissage, un CAP et un brevet professionnel plus tard, on le retrouve à Lausanne, salarié au sein de l’établissement de son oncle restaurateur. Puis, le fil de l’existence le met sur le chemin d’Audrey. Divine idylle. Son destin bascule : «Après 4 ans en Suisse, j’ai décidé de revenir sur Nancy. Mais hors de question d’être salarié en France. Les conditions auraient de toute façon été en deçà de ce que j’avais connu auparavant.»
La philosophie artisanale
Il a alors 22 ans et nourrit une ambition : être à la tête de sa propre boulangerie. Avenue Jean Jaurès, à Vandœuvre, il trouve son local, un bâti jusqu’alors dévolu à des appartements. Empruntant le tunnel du créateur d’entreprise, de démarche en démarche, Kévin Sinic ouvre «La Mi Do Ré» en octobre 2016. Trois ans ont passé. Les riverains composent 60 % de sa clientèle. Les 40 autres % sont des étudiants : le lycée Jacques Callot, le campus Artem, l’IUT Nancy-Brabois. Ses journées au forceps débutent à 3 h 30. Entre préparation des pâtes, confection du pain, de la viennoiserie, de la pâtisserie et les obligations inhérentes à tout gérant d’entreprise. Trois salariés à temps plein, dont Audrey, un à temps partiel et trois apprentis forment son équipe. Du regard de son expérience, Kévin Sinic donne ce conseil aux jeunes : «Aimez votre métier, prenez du plaisir à le pratiquer.» Au cours d’une année, il y a des pics dans son activité : décembre et janvier, les galettes, Pâques, la fête des mères. Soucieux de l’importance du commerce de proximité, dans ce rôle de lien social, de la qualité et de la traçabilité des produits, disponible pour soutenir sa fédération, Kévin Sinic évoque son échappatoire, sa bulle ressource pour décompresser : le rugby, jouant au club de Villers-lès-Nancy. Le temps d’une photo avec Audrey et le quotidien reprend le dessus. C’est cela, avec les passionnés, ils n’arrêtent jamais. Et en plus quand l’amour s’en mêle.
Un poids économique important
1 milliard d’euros. C’est le chiffre d’affaires annuel du secteur de la boulangerie-pâtisserie en France. 32 000 entreprises, 1 établissement pour 1 800 habitants, 12 millions de consommateurs journaliers, 6 milliards de baguettes sorties des fournils tous les ans, plus de 100 000 salariés, plus de 22 000 apprentis, 60 000 chefs d’entreprise et conjoints.