Jean-Philippe Gold, directeur du Comité régional touristique : «Il faut que le tourisme apporte de la valeur ajoutée»
Si le tourisme a changé d'orientation il y a quelques années, davantage tourné vers le bien-être, la découverte et le ressourcement, il a pris une autre dimension depuis la crise sanitaire de la Covid-19. Le tourisme de masse semble désormais boudé par les voyageurs. Avec ses côtes, ses forêts, ses lieux urbains, sa culture et l'authenticité de ses habitants, la région Hauts-de-France possède tous les atouts mis en avant par un Comité régional touristique très dynamique. Jean-Philippe Gold, le directeur, fait le point.
La Gazette : Le tourisme a été touché par la crise. Avez-vous dû innover pour vous réinventer ?
Jean-Philippe Gold : En 2020, nous avons enregistré une perte de 25% des nuitées, contre 34% en France. En 2021, il y a une progression sans pour autant retrouver les chiffres d'avant la crise, mais nous résistons assez bien, notamment parce que nous n'avons pas la dépendance des touristes de destinations lointaines. Notre force est la proximité car les touristes proviennent des régions françaises limitrophes, mais aussi des Pays-Bas, de la Belgique, de l'Angleterre. Aujourd'hui, il faut une économie touristique robuste et cela passe par la pluralité de la clientèle. Nous nous réinventons mais nous nous adaptons aux nouveaux besoins. Il y a une nouvelle économie du tourisme qui a débuté avant la crise mais qui s'est accélérée pendant. Il n'y aura pas de retour en arrière.
Le tourisme s'adapte aux mutations de la société et entre donc en phase de mutations structurelles. Quelles en sont les principales ?
La plus visible est l'économie d'environnement qui a changé, qui se caractérise par les crises successives. Nous n'avons pas de vision à moyen terme au quotidien, ce qui impacte le tourisme. On recherche un tourisme plus proche, plus sécurisé, il y a la remise en cause du tourisme de masse qui impulse ce nouveau modèle économique du voyage. Les touristes recherchent davantage les chambres d'hôtes, les petits espaces... Il y a la volonté de reprendre le contrôle du séjour. Dans cette quête de nouveaux environnements, la clientèle recherche avant tout la personnalisation et c'est ce que nous faisons.
Le CRT aide les acteurs touristiques dans ce nouveau marketing d'acceptation, plus personnalisé, en mettant en avant les atouts de toute la région pour, par exemple, un week-end bien-être ou une escapade culturelle. Ce nouveau tourisme est aussi caractérisé par le besoin de se ressourcer. L'autre évolution structurelle est le regain de la proximité. Avec une nouvelle relation au temps, l’utilisation d'itinérances douces et un besoin de contemplation qui passe par la nature et l'art. Et là encore, les Hauts-de-France répondent à tous ces nouveaux besoins.
Dans la région, ce n'est donc pas un changement radical des orientations touristiques ?
Il faut avoir une approche plus globale du tourisme car, aujourd'hui, il y a une quête spirituelle et une recherche de sens. Donc, il faut que le tourisme apporte de la valeur ajoutée en travaillant de façon transversale avec le domaine de la santé, de la restauration, notamment avec les produits locaux et les activités. Et nous n'opérons pas un changement radical car la région coche toutes les cases. C'est un poumon vert mais elle offre surtout de formidables opportunités qu'il ne faut pas rater. Conscient de ces mutations bien avant la crise, nous accompagnons actuellement 30 territoires et une dizaine de filières sur ces sujets.
Nous créons des offres car nous voyons qu'une proposition structurée est une offre attractive. Il a aussi un nouveau phénomène à prendre en compte, le «workation» - la contraction de «working» et «vacation» -, qui s'est créé avec la crise. Les séjours se passent aussi la semaine avec le télétravail dans un lieu ressourçant. Les acteurs touristiques doivent aussi proposer des offres dans ce sens. Nous accompagnons aussi dans le domaine de la créativité pour préparer ces mutations.
En quoi la région incarne-t-elle ce nouveau tourisme ? L'impact sera-t-il visible pour les acteurs dès 2022 ?
Nous avons organisé cette année 1 000 rendez-vous «bien-être» dans la région en fusionnant toutes les offres, et ça fonctionne. La région incarne l'art de prendre soin et le sens de la relation à l'autre avec notre convivialité, notre complicité, notre empathie et notre humilité. Nous avons l'art d'accueillir et ces notions sont en phase avec la sincérité que recherchent aujourd'hui les touristes. Il faut donc proposer de la valeur ajoutée aux séjours car, pour avoir une économie touristique puissante, il faut une offre puissante. Pour le tourisme de demain, la région a la capacité de proposer des séjours plus longs en unifiant les offres du territoire. Avec notre politique très dynamique, la phase suivante est le déploiement. L'impact sera rapide car nous sommes prêt.