Jazz au féminin pluriel

Du 12 au 19 octobre, le Tourcoing Jazz Festival propose une édition 2019 déclinant, avec convivialité et générosité, le jazz sur tous les rythmes et sonorités. Le festival accueillera ainsi la fine fleur du jazz et des musiques du monde afin d’ensoleiller notre automne musical. Focus sur quelques artistes féminines d’un passionnant programme.

Anne Paceo © Sylvain Gripoix
Anne Paceo © Sylvain Gripoix

Calypso Rose © Julot Bandit

L’événement jazz de cette rentrée musicale accueillera trois immenses artistes qui, chacune, ont tissé avec le public des liens passionnés au long d’une impressionnante carrière. Découverte par le grand public en 2016, Calypso Rose s’affiche à bientôt 80 ans plus tonique, passionnée et joviale que jamais. En témoigne son récent album de reprises, So Calypso !, ou son irrésistible album Far From Home aux couleurs chamarrées. Conforme à la tradition du Carnaval, événement culturel majeur de Trinité-et-Tobago, cet album est une véritable parade musicale caribéenne, joyeuse, entraînante, avec ses changements de rythmes, de couleurs, d’humeurs, allant du calypso classique au mento, en passant par le ska ou le soca. Tandis que Manu Chao, arrivé par hasard sur ce projet, a finalement coproduit et fait des arrangements additionnels. Sur scène, accompagnée de 6 musiciens et 2 choristes, Calypso Rose devrait nous gratifier d’un concert hautement festif (18 octobre).

Dianne Reeves © Christian Lantry

Chanteuse jazz parmi les plus virtuoses, Dianne Reeves traverse les styles et les époques, du blues à la pop, en nuances, l’émotion toujours vive. Sa puissance et sa technique vocale lui permettent de tout interpréter, avec raffinement. Dans le grand répertoire du jazz, on retient son élégance tandis que pour le blues, c’est la vibration, les incantations du continent africain, le retour aux sources, qui font de Dianne Reeves une artiste hors du commun dans la belle lignée d’Ella Fitzgerald ou Sarah Vaughan. Parcourant les scènes du monde, Dianne Reeves est à chaque fois plébiscitée pour la chaleur de ses interprétations et un sens inné de l’improvisation qui emportent le public (19 octobre).

Surnommée «The Barefoot Lady», Rhoda Scott cumule certes plus de quarante ans de carrière au service de son instrument, l’orgue Hammond, mais la féline aux pieds nus a toujours de l’adrénaline swing à revendre… Fille aînée d’un pasteur itinérant, Rhoda Scott trouve sa sensibilité instrumentale et vocale en accompagnant les gospels et negro-spirituals dès l’âge de huit ans. Après être passé par la prestigieuse Manhattan School of Music, elle débute sa carrière chez Count Basie, avant d’être initiée à l’orgue par le légendaire Richard «Groove» Holmes puis de jouer avec les plus grands : Ray Charles, George Benson, Count Basie, Elle Fitzgerald… Tantôt «churchy», jazz, gospel ou soul, tantôt aux confins de la musique classique, Rhoda Scott est aujourd’hui l’une des organistes les plus respectées du circuit. Créé en 2004 lors du Festival Jazz à Vienne, son Lady 4tet réunit Sophie Alour au saxophone ténor, Lisa Cat-Berro au saxophone alto et Julie Saury à la batterie (16 octobre).

 

Métissages au féminin

Anne Paceo © Sylvain Gripoix

Audacieuse et exigeante, la batteuse française Anne Paceo s’est affirmée en accompagnant des artistes telles que Jeanne Added ou Sandra Nkake, et des pointures du jazz comme Henri Texier ou Rhoda Scott. Avec le récent Bright Shadows, elle semble bien décidée à poursuivre ses explorations sonores et mélodiques autour des voix et de l’électronique, se jouant ainsi des frontières entre les genres musicaux. Elle s’entoure cette fois-ci de deux voix sensibles (Florent Matéo et Ann Shirley) et de trois fidèles et précieux compagnons de route (Pierre Perchaud, Christophe Panzani et Gauthier Toux). Un superbe opus aux sonorités contrastées à découvrir en concert (15 octobre).

Sophie Alour © DR

Après avoir travaillé aux côtés de Stéphane Belmondo, André Ceccarelli ou David El Malek, la talentueuse saxophoniste Sophie Alour a souhaité enrichir sa palette sonore et a été inspirée par les sonorités ancestrales du oud – instrument millénaire qui «met l’âme en vibration avec un autre monde» selon l’artiste – magnifié ici par l’Egyptien Mohamed Abozekry, virtuose fondateur du groupe HeeJaz. Entourés de trois musiciens d’excellence, ce magnifique duo trouve  le point de rencontre de deux cultures dans une vibration partagée, débarrassée des codes esthétiques du jazz (17 octobre).

Originaire d’Haïti, élevée au Canada et vivant à Paris, Mélissa Laveaux est riche d’influences multiples : après deux albums qui naviguaient entre folk langoureuse et pop percutante, elle célèbre aujourd’hui ses racines créoles dans Radyo Siwèl, un album qui explore et revisite le répertoire traditionnel haïtien fait de chants populaires, de cantiques pastoraux et d’hymnes solennels appartenant aux cultes vaudous et chrétiens. Des compositions de «mereng» et de «Bann Grenn Siwèl» ces orchestres de rue tout en cuivres et percussions, auxquels Mélissa mêle une modernité pop pour un résultat percussif (17 octobre).

Renseignements et réservations au 03 20 76 98 76. Programme complet sur www.tourcoing-jazz-festival.com