Japet, la medtech lilloise qui associe robotique et santé au travail
Depuis sa création en 2016, l'entreprise Japet a parcouru bien du chemin. Sur un marché global des exosquelettes en croissance de 54% en Europe, la PME loossoise se distingue avec un dispositif ultracompact. Derrière ces produits, de la R&D permanente et des améliorations au plus près des besoins des utilisateurs.
Huit mille euros : c'est le coût d'un accident de travail pour une lombalgie. Une charge importante pour une PME et, surtout, la première cause des arrêts de travail. C'est en faisant ce constat que Damien Bratic, Amélie Blondeux et Antoine Noël – et leurs diverses compétences en médical, en robotique et en design – ont eu l'idée de créer Japet en 2016, «en combinant des sciences médicales et robotiques», explique Antoine Noël.
A
l'origine implantée en milieu hospitalier pour la rééducation
sportive, Japet a depuis revu son modèle et s'est rapidement
retrouvée confrontée aux demandes croissantes des entreprises : «On
s'est vite rendu compte du potentiel. Entre 2012 et 2018, le coût
des arrêts de travail a augmenté de 18%, soit 4 milliards d'euros
perdus par les entreprises en Europe», poursuit le cofondateur.
Soulager
la pression sur la colonne vertébrale
Rien
que dans le BTP, près
de 20% des salariés sont en restriction médicale.
Les chiffres du marché européen des exosquelettes en témoignent :
+54% de croissance et une estimation à 600 M€ en 2026. Rapidement,
Japet se tourne donc vers le domaine de la santé au travail et
conçoit un premier exosquelette ultracompact et léger (moins de 2
kilos). «Sous
un pull, on ne le voit pas, mais cela reste toujours encore trop gros
pour nous et on travaille à le rendre encore plus discret», concède Antoine Noël.
"On s'est inspirés des muscles humains pour fabriquer l'exosquelette"
Doté
de quatre moteurs destinés à décompresser la colonne vertébrale,
l'exosquelette de Japet peut soulager
jusqu'à 30% du poids des charges,
sans gêner la cadence de travail. «Quand
on a mal au dos, s'allonger permet de diminuer la pression sur
la colonne vertébrale et d'atténuer la douleur. C'est ce que
reproduit la ceinture, avec ses amortisseurs qui apportent un soutien
tout en s'adaptant aux mobilités. On s'est inspirés des muscles
humains. Il faut savoir que lorsque l'on porte 20 kilos, la pression
sur le dos est multipliée par cinq et notre exosquelette permet de
la diminuer par trois», détaille le cofondateur. Un opérateur en logistique peut ainsi
porter sur une journée plus de 10 tonnes !
10%
du CA à l'international
Japet
compte plus d'une centaine de clients : acteurs de la logistique, du
transport, de l'industrie ou EPHAD, à l'image d'Airbus, Engie,
Eiffage, Château Margaux, Log'S... Depuis la première
commercialisation en 2019, la PME a vendu près de 500
exosquelettes et exporte dans une quinzaine de pays, avec un
chiffre d'affaires (non communiqué) en croissance de 50% depuis trois ans. La PME est en train de recruter une équipe de six collaborateurs
en Allemagne, le deuxième marché européen de l'exosquelette après la
France.
«Tout
est fabriqué sur place : 80% des pièces viennent d'Europe, la
matière textile vient de Comines», détaille Damien Bratic. Au total, plus de 500 composants pour un
seul exosquelette, avec des prix qui ont tendance à s'envoler. «Nous avons des
difficultés d'approvisionnement sur le lithium (qui compose les
batteries, ndlr), l'électronique... Et le prix du textile peut
augmenter entre 40 et 80% ! Il y a deux ans, on gardait le moins
possible en stock et à la sortie du Covid nous avons changé de cap
et de fournisseurs.»
Bientôt
pour les particuliers ?
Pour
faire face à la demande, l'entreprise a déménagé dans des bureaux
deux fois plus grands – mais toujours sur le parc d'Eurasanté à
Loos – et renforce ses effectifs : entre dix et quinze personnes seront
recrutées en 2022, à la fois en force commerciale, en R&D, en
production, en finance... Japet compte aujourd'hui trente collaborateurs et travaille sur un dispositif à destination des
particuliers.
«Nous
allons recevoir des financements publics pour pouvoir lancer sur le
marché un nouveau produit, ultracompact et à utiliser au
quotidien, dans le cadre d'un accompagnement thérapeutique», expliquent les cofondateurs. Plusieurs champs d'application
s'ouvrent donc pour la PME qui allie électromécanique et robotique
au service de la santé.