Itinéraire d'un concepteur d'abribus responsables

Tandis que de nombreux citoyens utilisent les transports en commun dans une démarche de respect de l'environnement, l'entreprise Urbanéo veille à ce que chaque arrêt de bus soit conçu et entretenu de la manière la plus propre possible.

La pose se fait à la main pour éviter l'utilisation de véhicules supplémentaires.
La pose se fait à la main pour éviter l'utilisation de véhicules supplémentaires.

Éduquer ses clients, leur prouver que passer par un seul acteur et investir sur le long temps est parfois plus rentable… le chemin est parfois long. Pourtant c’est la voie qu’a prise Thierry Delcourt, à la tête d’Urbanéo depuis 2002. Son entreprise écoconçoit, fournit, pose et entretient des mobiliers urbains non publicitaires de type abribus et poteaux d’arrêt de bus pour 92 réseaux de transport en commun en France.

Aujourd’hui, le chiffre d’affaires de cette entreprise implantée à Libercourt atteint les 5,42 K€, et il ne cesse de croître. Mais le pari n’était pas gagné d’avance. «Dès le début, nous sommes allés là où nos concurrents ne voulaient plus aller. C’est-à-dire que nous faisions la maintenance et l’entretien de mobiliers déjà installés et nous fabriquions des mobiliers non publicitaires. Aujourd’hui, ces mobiliers ont de plus en plus de succès. Les publicitaires n’ont plus vraiment besoin de poser des affiches sur les abris de bus, toute la promotion d’une marque se fait sur Internet. Tandis que les réseaux de transport s’élargissent toujours plus. Donc nous gagnons du terrain», explique le PDG d’Urbanéo.

-40% sur l’impact carbone

Pour se différencier d’autant plus, Thierry Delcourt a très vite donné une dimension RSE à son activité. Si bien qu’en 2008, Urbanéo était déjà primée par le ministère du Développement durable pour l’écoconception de ses produits.

L’entreprise a étudié le cycle de vie d’un abribus pour arriver à un produit le plus résistant et le moins polluant possible. «La durée de vie actuelle de nos abris et poteaux est de 15 ans. Nous veillons à la recyclabilité des matériaux et à leur épaisseur pour qu’ils soient solides mais aussi les moins énergivores à la fabrication. Nos pièces ne pèsent pas plus de 50 kg pour que tout soit monté à la main, sans l’aide de grues. Plus de 85% de nos fournisseurs se situent à moins de 200 km de notre site de Libercourt et 95% sont situés en Europe», énumère le PDG. Tous ces engagements font gagner 25% de durée de vie par rapport aux mobiliers ancienne génération. On compte 23% d’utilisation de matières premières en moins et un bilan de -40% sur l’impact carbone de l’entreprise. «C’est peut-être plus cher à l’achat, mais les donneurs d’ordres doivent comprendre que le mobilier durera plus longtemps et que ce sera moins cher en maintenance sur le long terme.»

Urbanéo équipe 92 réseaux de transport en France.

Economie de la fonctionnalité et de la coopération

Autres économies proposées par Urbanéo, celles qui découlent de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération. L’entreprise propose à ses clients un forfait incluant la conception, la pose, l’entretien, la maintenance et l’affichage des mobiliers, là où les collectivités ont tendance à lancer un appel d’offres différent pour chacun des services. «Ce forfait assure des coûts réduits, un suivi rigoureux et un rapport de confiance avec nos clients. Mais certains hésitent encore à faire ce genre d’appel d’offres global par peur d’être poursuivis pour favoritisme, car nous sommes les seuls à faire ça. Or, c’est tout à fait légal», rassure Thierry Delcourt.

Pour convaincre, le PDG passe souvent par la petite porte : «Je me suis fait connaître en m’occupant de la maintenance d’abribus déjà installés, puis, peu à peu, j’en ai récupéré l’entretien, puis la refonte du réseau… pour enfin proposer mon forfait.» Aujourd’hui, l’entreprise de 50 salariés a six agences, à Libercourt, mais aussi à Le Thillay en Ile-de-France, à Changé en Pays de la Loire, à Izon en Nouvelle-Aquitaine, à Seyne-sur-Mer en PACA et à Vourles en Auvergne-Rhône-Alpes.

Le dirigeant compte sur sa participation aux Trophées de l’économie responsable pour convaincre toujours plus de collectivités à croire en son business plan.