Investissements et formations se poursuivent
En 2018, le site verrier a célébré ses 200 ans et reçu le label «Entreprise du patrimoine vivant». Reprise par un groupe autrichien en 2013, la société, spécialisée dans le flaconnage et tournée vers l’industrie du luxe, continue une modernisation démarrée en 2015.
Le vaste site industriel verrier de Masnières, au sud de Cambrai, a au moins deux particularités : il est l’un des gros employeurs privés du Cambrésis avec aujourd’hui 335 salariés ; il est aussi la suite d’une longue histoire commencée sous Napoléon Ier. Dernier épisode en date : son rachat, fin 2013, par le groupe autrichien Stölzle Glass Group (dont l’histoire remonte à 1805). Après une période délicate (dépôt de bilan, conflit social, liquidation et 150 licenciements…), le plan d’investissements prévu a pu être lancé mi-2015. Ce plan a été mené par Etienne Gruyez, 42 ans, lillois d’origine, de formation commerciale et ancien de la cristallerie d’Arques. Nommé directeur général en mai 2015, il est devenu, l’an dernier, PDG et responsable du pôle parfumerie du groupe autrichien repreneur.
«Entreprise du patrimoine vivant»
L’année du bicentenaire a été marquée par la délivrance du label «Entreprise du patrimoine vivant». Etienne Gruyez précise : «Pour avoir ce label, il faut le demander. En 2017, il nous a été refusé car on a été jugé ‘trop jeune’ ! La seconde fois, notre demande a été acceptée.» Pour le jeune PDG, cette anecdote est liée à la discrétion historique de l’entreprise, moins connue que ses prestigieux clients qui appartiennent à ce qu’on appelle «le luxe à la française», dans la parfumerie et la cosmétique… «Ce label, ajoute-t-il, reconnaît le savoir-faire, contribue à notre rayonnement international et répond au souhait de nous faire connaître, y compris localement. En 2016, le site a ainsi organisé d’inédites portes ouvertes.»
Du sable transformé en récipients de verre
Stoelzle Masnières parfumerie SAS conçoit et fabrique des flacons et pots destinés aux grandes marques de parfums (85% de l’activité) et de cosmétiques. L’entreprise compte deux entités : celle qui fabrique et, non loin de là, celle qui réalise la décoration sur verre. M. Gruyez fait remarquer que la matière première – du sable de carrières destiné à être fondu dans un four à 1 500 degrés – arrive de Belgique par voie fluviale. L’usine dispose d’un quai sur le canal de Saint-Quentin. Quelques chiffres sur l’activité : 70 à 80 tonnes de sable sont utilisées chaque jour et 90 millions de flacons sont fabriqués par an. L’entreprise affiche 3 000 références…
Plus de 20 millions d’investissements
Où est en le plan industriel ? «En mai 2015, un des deux fours, refait par le précédent propriétaire italien, fonctionnait, de même que trois lignes de fabrication sur les huit. Le plan annoncé par le groupe autrichien a pu démarrer : 14 millions d’investissements étalés sur trois ans. La 4e ligne du four 5 a été remise en service. On a remis en état le parc de machines et installé du neuf en machines de contrôle et compresseurs. En 2018, l’effort s’est poursuivi avec 4 nouveaux millions dans des caméras thermiques, des machines-outils, des moules… En 2019, 4 millions iront encore à l’amélioration des bâtiments et à la robotique.» M. Gruyez évoque aussi la destruction d’un vieux four dans le cadre d’une intervention de l’Etablissement public foncier mandaté par la Région et la Communauté d’agglomération. En 2015, un plan de formation sur le thème de la polyvalence, concernant l’ensemble du personnel, a été engagé en lien avec le Conseil régional (1,4 million d’euros). D’autres crédits ont été annoncés (3 millions). M. Gruyez constate au passage que ces métiers industriels de la verrerie, enseignés nulle part, font l’objet de formations internes.
Travaux à venir
Autre gros projet pour 2020 : le four 5, le seul à fonctionner, dont parlait M. Gruyez, va devoir subir une grosse intervention impliquant un arrêt de quelques semaines et une concertation avec les clients. Quant au four 3, celui qui était à l’arrêt, d’une plus grande capacité, son sort est à l’étude. «Il doit être refait à zéro, ce qui demande une année de chantier. Mais pour cela il faut des marchés. La décision devrait être prise en 2021.» Depuis 2015, une cinquantaine de CDI ont été créés. D’autres sont prévus avec la montée en puissance du site verrier de Masnières.