Insuffler l’esprit d’entreprendre

Ils sont nombreux à s’impliquer dans des réseaux pour faire connaître l’entreprise aux jeunes, un monde souvent bien loin de leurs préoccupations. Pourtant, c’est en donnant envie d’entreprendre que l’on peut susciter des vocations ou, tout simplement, apprendre d’une autre façon.

Sensibiliser et investir les jeunes, une mission que les entrepreneurs prennent à coeur. (Crédit Maxime Dufour Photographies)
Sensibiliser et investir les jeunes, une mission que les entrepreneurs prennent à coeur. (Crédit Maxime Dufour Photographies)

Vanessa Roland et son œil avisé. Commerçante dans une boutique de produits du terroir à côté de Saint-Amand-les-Eaux, Vanessa Roland est une femme engagée. Vacataire à l’Université Tertia 3 000 de Valenciennes, membre du Conseil de développement de la Porte du Hainaut, elle est aussi impliquée dans Entreprendre pour apprendre (EPA), cette fédération de 15 associations qui favorise l’esprit entrepreneurial aux jeunes, notamment par le dispositif des mini-entreprises. Vanessa Roland a été marraine pendant cinq ans, aidant ainsi les collégiens à «prendre de la hauteur par rapport à leur projet, à aller plus loin dans leurs réflexions en leur donnant mon œil de chef d’entreprise, notamment sur le merchandising, mon métier de base». Un rôle qu’elle a pris à cœur, pour devenir ensuite membre du jury et examiner les dossiers. «On entraîne les jeunes à s’exprimer à l’oral, à vendre leur projet. J’entends souvent dire que les jeunes se sont révélés lors de la mini-entreprise.» Si elle donne de son temps, elle avoue trouver aussi une bouffée d’air frais dans ces rencontres : «C’est ressourçant, très punchy. Les jeunes ont plein d’idées et n’ont pas de barrière,  je ressors toujours grandie, cela me donne envie de poursuivre ma propre entreprise.»

Jimmy Cointement et le partage d’expérience. En 1993, il crée l’agence Accima avec son épouse qui en est l’actuelle directrice. Il prend connaissance d’EPA par l’intermédiaire du Centre des Jeunes Dirigeants. «J’ai apprécié l’initiative et j’ai donc proposé au collège de Boulogne-sur-Mer d’intervenir en tant que parrain d’une mini-entreprise», se souvient Jimmy Cointement. «Les élèves apprennent autrement, ils prennent confiance en eux. Tout le monde est important en entreprise. Cela décloisonne aussi le monde de l’enseignement, de l’entreprise et des jeunes. Je n’avais pas l’habitude d’intervenir dans une classe, je leur ai parlé de mon expérience et de la stratégie d’Accima.» Il ira même plus loin en les invitant à venir dans les locaux. «Entreprendre, c’est prendre des risques et construire sa vie. Cela montre aux jeunes que si on tient à quelque chose, on peut y arriver.»

Emmanuelle Ollivier et la liberté de l’entrepreneur. A la tête de l’agence événementielle Manala à Tourcoing, Emmanuelle Ollivier propose la mise à disposition de personnel à ses clients, pour les congrès, séminaires d’entreprise, animations commerciales… Chaque année, Manala forme près de 800 personnes. Ricard, le groupe PMU, Cocorette, la Brasserie Castelain ou encore le casino de Dunkerque font partie des fidèles de l’agence. Jury pendant trois ans auprès d’EPA, Emmanuelle Ollivier fait aussi partie de l’association parisienne “100 000 entrepreneurs” qui propose des interventions dans les collèges et lycées. «Quand les élèves me voient arriver, c’est l’inverse du stéréotype du chef d’entreprise !» explique-t-elle. Depuis deux ans, elle participe aussi aux oraux du bac dans un lycée de Lomme. «Quand on essaie une fois, on y revient, ça donne une telle énergie ! C’est une remise en question immédiate. On se remet au goût du jour. Oui, je leur dis que c’est un métier difficile, mais aussi que c’est une vraie chance car être entrepreneur, c’est être libre et réaliser soi-même ce que l’on souhaite.»

Anne Bouy et la démystification du métier. Après avoir créé une agence de communication puis un site Internet marchand – revendus depuis  –, Anne Bouy propose aujourd’hui du conseil et de l’accompagnement pour les créateurs et les repreneurs d’entreprise. «J’accompagne les TPE, PME ou start-up à mettre en valeur leurs produits, à cerner leurs marchés, leurs clients, à lancer un plan de prospection», explique cette chef d’entreprise. Très active, elle est fait partie du réseau Femmes chefs d’entreprise et du conseil d’administration de Réseau Entreprendre Nord. Elle accompagne également les étudiants de l’incubateur EYE, l’EDHEC Young Entrepreneurs. Elle intervient également dans des modules d’enseignement sur la création d’entreprise auprès de Centrale Lille, de l’ICAM  (Institut catholique d’arts et métiers) et de l’ITEEM (Institut technologique européen d’entrepreneuriat et de management). «Les ingénieurs n’ont pas toujours l’idée de créer leur entreprise. On sème une petite graine… Il y a de vraies interrogations sur ce métier, mais aussi du respect par rapport à cette profession qu’ils connaissent peu. Mon expérience et ce que je peux voir dans les différents réseaux me permettent de les conseiller, ainsi que de leur donner un apport méthodologique. J’aime leur transmettre que créer une entreprise, c’est possible ! Mais j’insiste : le parcours du chef d’entreprise n’est pas un long fleuve tranquille, mais avec de l’agilité, on y arrive.»

Emmanuelle Ollivier “garde les pieds sur terre et ressort grandie” de ces moments de partage avec les élèves.

Sensibiliser et investir les jeunes, une mission que les entrepreneurs prennent à coeur. (Crédit Maxime Dufour Photographies)