Innover pour mieux valoriser la recherche

Établissement public d’enseignement supérieur, Centrale Lille, sur le campus scientifique de Villeneuve-d’Ascq, veut passer à la vitesse supérieure en matière de valorisation et d’innovation. D’ici cinq ans, l’école veut voir naître une start-up chaque année et multiplier le nombre de brevets déposés.

Le Fab Lab de Centrale Lille a ouvert en 2015.
Le Fab Lab de Centrale Lille a ouvert en 2015.

Il est arrivé il y a quelques mois à peine, mais déjà ses ambitions pour Centrale Lille sont de taille. Sébastien Paul, directeur de la valorisation et de l’innovation, cofondateur de l’entreprise Teamcat solutions – hébergée au sein de l’établissement –, fait partie de ces chercheurs qui portent aussi la casquette d’entrepreneur. «Nous avons trois thématiques de recherche à Centrale Lille : l’énergie, le numérique et l’ingénierie dans le domaine de la santé», détaille Sébastien Paul. Et de citer les belles réussites telles que celles de Lucie Basch qui a créé à Paris l’application antigaspillage Too Good to Go ou encore de Damien Bratic et Antoine Noël à l’origine de Japet médical (exosquelette pour la prévention du mal de dos au travail et la rééducation des lombalgies, à Eurasanté). Quatre Equipex sont également financés dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir. L’école est à la tête de six laboratoires de recherche d’excellence et gère des partenariats avec des laboratoires internationaux (Russie, Inde, Japon, Chine et, le tout dernier, le Brésil).

Horizon 2024 : davantage de créations d’entreprise

D’ici cinq ans, Centrale Lille espère voir la création d’au moins une start-up par an, dont la moitié issue des étudiants, mais aussi déposer ou étendre à l’international jusqu’à 50 brevets. «Sur les trois dernières années, nous avons déposés 60 brevets, en copropriété avec l’école. Tous les étudiants sont sensibilisés aux méthodes d’innovation», précise Sébastien Paul. Sur un budget annuel avoisinant les 27 millions d’euros, 15 millions sont entièrement consacrés à la recherche, à la valorisation et à l’innovation. Au-delà des salles de cours, l’école est résolument tournée vers l’apprentissage par la pratique. C’est déjà le cas avec un fablab mis à la disposition des étudiants depuis 2015, mais aussi de laboratoires dédiés, comme pour la start-up Teamcat solutions (technologies à haut débit pour la chimie verte et la catalyse), dirigée par Jérémy Faye. Initiée en 2010 dans le cadre d’un projet européen, l’entreprise effectue aujourd’hui ses essais dans ce laboratoire d’accélération de la recherche en chimie biosourcée, aux équipements dernier cri. «Cela attire des chercheurs du monde entier car ce laboratoire est unique au monde», ajoute Sébastien Paul. Au total, 6,5 millions d’euros investis dans les équipements pour commercialiser un catalyseur à destination des laboratoires de recherche. «Nous espérons être rentable d’ici deux ans. Nous voulons développer du business le plus rapidement possible. Notre marché est mondial, mais, pour l’instant, nous nous concentrons sur l’Europe.» D’autres projets de Centrale Lille suivent la même voie : c’est par exemple le cas de 3D Pioneering solutions, spécialisée dans l’impression 3D de pièces techniques en polymères thermoplastiques haute performance. «Nous avons déjà réalisé les filtres pour les stations d’épuration d’EDF ou encore à le centre de Gravelines, avec des pièces pour détecter les fuites de gaz», détaille Nicolas Gay, porteur de la start-up. Réduction des délais d’approvisionnement, solution à l’obsolescence des matériels… 3D Pioneering solutions s’appuie sur des experts nationaux pour concevoir ses programmes.

De Centrale Lille à Centrale Lille Institut

Fin octobre, Centrale Lille a changé de dénomination pour devenir Centrale Lille Institut et accueillera, dès le 1er janvier 2020, l’École supérieure de chimie de Lille, portant ainsi à quatre le nombre d’écoles d’ingénieurs du groupe et le nombre de master à neuf. Une continuité de l’offre de formation de l’établissement, qui mise sur l’interdisciplinarité.

ENCADRE

Quelques chiffres sur Centrale Lille

• Création en 1854

• 3 écoles : École centrale Lille (ingénieur généraliste), ITEEM (ingénieur manager entrepreneur, créée en 2003 avec Skema Business School) et IG2I (ingénieur en génie informatique et industriel, à Lens)

• 1 583 étudiants, dont 20% d’étudiantes

• 8 masters, dont 3 internationaux

• 138 doctorants

• 151 chercheurs/enseignants chercheurs

• 140 salariés