Finances

Inflation : la municipalité de Saint-Quentin dans l'impasse budgétaire ?

Le conseil municipal de Saint-Quentin du 20 septembre a été l'occasion de faire un point budgétaire. Si la Cour régionale des comptes note une gestion rigoureuse, l'inflation et notamment le coût de l'énergie, rendent l'avenir incertain. Une cellule de crise a été créée.

Les temps sont durs, à Saint-Quentin comme ailleurs. Le budget de la collectivité est aujourd'hui malmené par l'inflation galopante et la montée du coût de l'énergie. ©Creative Commons
Les temps sont durs, à Saint-Quentin comme ailleurs. Le budget de la collectivité est aujourd'hui malmené par l'inflation galopante et la montée du coût de l'énergie. ©Creative Commons

« On vit une période décidément compliquée et un mandat peu banal. » À l'occasion du conseil municipal du 20 septembre, Frédérique Macarez, maire de Saint-Quentin est revenue longuement, et non sans solennité, sur la situation financière de la municipalité, pour le moins compliquée. 

Tout semblait pourtant en ordre : « Nous avons voté en décembre des budgets équilibrés pour 2022, rappelle la maire saint-quentinoise. Et notre bonne gestion a été soulignée par la Chambre régionale des comptes. » Cette dernière a en effet rendu deux rapports qui concluent à une situation saine de la ville, et souligne une bonne épargne de gestion et une stabilité fiscale, ainsi qu’une prospective réaliste.

Mais en quelques mois seulement, les charges ont explosé. L’énergie, bien sûr est au cœur des préoccupations, d’autant que comme l’a rappelé l’élue, « contrairement aux ménages, nous ne disposons pas du bouclier tarifaire ».

Et ce, alors même que, par nature, les missions de service public sont consommatrices d’énergie. Le ramassage des déchets, le transport urbain, bien sûr, mais aussi les 250 bâtiments gérés par la collectivité : écoles, culture, sport, vie associative. « Début septembre, la facture de l'énergie a augmenté de +3,5 millions d'euros pour les deux collectivités [ndlr, la ville et l’agglomération]. Et l'année n'est pas finie, s’inquiète Frédérique Macarez. Le prix du MWh d'électricité est passé de 50 euros en 2021, à 80 euros en 2022 et devrait atteindre 1000 euros... »

Appel au soutien de l'État

De quoi plomber le budget. D’autant que l’énergie n’est évidemment pas seule à subir une forte inflation. Repas de cantines, papier… Cela concerne tous les achats. Des entreprises demandent des révisions sur leurs devis, parfois même après la clôture du chantier. « Tout appel d'offres qui se termine, va en voir arriver un autre qui sera plus défavorable, poursuit l’édile. Il sera sans doute obligatoire de reporter certains de nos investissements qui étaient pourtant prévus et financés. »

En parallèle, la hausse du point d’indice pour les fonctionnaires, décidée par l’État, vient apporter une dépense supplémentaire imprévue. Et cette dépense est extrêmement importante. « Je parle de 1,8 million d'euros en année pleine, sans recette en face. Nous ne sommes pas des magiciens ! D’autant que les dotations de l'Etat n'évoluent pas malgré l'inflation. Depuis 2014, nous avons ainsi perdu 9,7 millions d'euros de financement de l'État. »

Bref, Frédérique Macarez le martèle : « La situation est grave. » Elle demande le soutien de l’État avec une « compensation intégrale de la revalorisation du point d'indice », « l'indexation des dotations sur l'inflation » et la « mise en place d'un bouclier tarifaire pour les collectivités ». Mesures que l’élue aimerait voir financées par la hausse de la TVA engrangée par l'État grâce à l’inflation.

Un plan de sobriété lancé

En attendant une réponse gouvernementale, la collectivité a mis en place une cellule de crise destinée à se réunir une à deux fois par semaine dans le cadre d’un plan sobriété sur 100 jours. Objectif selon l'élue : « Mettre en place des mesures d'économie, de réduction de consommation d'énergie et surveiller les dépenses comme le lait sur le feu ! »

Après l’arrêt de l'éclairage public des bâtiments patrimoniaux et la baisse du chauffage dans les bâtiments municipaux à 19°C, cette cellule a décidé d’éteindre les lumières la nuit dans les six zones d'activités du territoire. Les panneaux d'information et les abribus seront éteints la nuit. L'extinction de l'éclairage public est aussi en cours d'expérimentation dans certaines rues en pleine nuit en concertation avec les forces de l'ordre, la sous-préfecture et les commerçants notamment. 

Et comme cela risque de ne pas être suffisant, la fermeture complète de certains bâtiments est envisagée. « Il est possible que des bâtiments ne fonctionnent pas cet hiver. On peut se poser la question du palais de Fervaques : en hiver, le palais, c'est 900 euros de chauffage par jour », lance Frédérique Macarez. Un point sur lequel la cellule de crise aura sans doute à se pencher.