Industrie en manque d’apprentis !
Ce n’est pas nouveau, les efforts de communication sont réels. Et pourtant, que faire pour inciter les jeunes à rejoindre l’alternance, notamment dans les métiers industriels qui peinent encore à recruter ? Résultat : des offres d’emploi non pourvues et un taux de chômage des jeunes qui grimpe à 25%…
Le Nord-Pas-de-Calais n’échappe pas à la règle : 500 contrats n’ont toujours pas trouvé preneurs. Ce qui désole Jean-Yves Beslin, directeur du CFA et des formations initiales : «Il y a des diplômes avec, derrière, de l’offre d’emploi.» L’AFPI alternance regroupe à la fois l’apprentissage – piloté par les Centres de formation d’apprentis de l’industrie (CFAI) régionaux – et les contrats de professionnalisation1. Chaque année, plus de 850 jeunes préparent un diplôme d’enseignement technique dans l’industrie, auxquels s’ajoutent 150 contrats de professionnalisation. En région, l’AFPI est installé à Boulogne-sur-Mer, Dunkerque, Montigny-en-Gohelle, Valenciennes et Marcq-en-Barœul, le siège régional. Avec, bien entendu, des spécificités pour chaque secteur : l’automobile dans le Valenciennois, la chaudronnerie industrielle dans le Boulonnais, l’usinage et la maintenance industrielle dans le Dunkerquois et en métropole lilloise. «Nous répondons aux problématiques d’emplois et de compétences des entreprises industrielles. 600 entreprises travaillent avec l’AFPI alternance. Nous avons recensé 659 offres depuis début 2014, dont 552 en apprentissage et 107 en contrat de professionnalisation», détaille Jean-Yves Beslin. Même si plus de 120 contrats ont déjà été signés, il en reste bon nombre sans candidats… A Lille par exemple, ce sont les bac pro électricité et chaudronnerie qui font défaut. A Montigny-en-Gohelle, les usineurs ou BTS conception industrielle. A Valenciennes, les bac pro chaudronnier… «On manque toujours de candidats. Et pourtant on communique, avec par exemple la Semaine de l’industrie ou les portes ouvertes de nos centres», poursuit-il. C’est aussi un vrai problème pour les entreprises, parfois contraintes de refuser certaines commandes, faute de compétences en interne. «Les entreprises sont de plus en plus présentes à nos côtés. C’est donc qu’elles ont des besoins. Elles doivent être actrices de la recherche de candidats», poursuit-il. Mais alors, qu’est-ce qui fait défaut ? Très certainement une image encore vieillotte de ces métiers, souvent perçus comme difficiles. Même si pour bon nombre d’entre eux, l’entrée du numérique a beaucoup facilité la tâche des salariés. Pour contrecarrer ces idées reçues, les partenaires de l’emploi organisent des récompenses pour valoriser les jeunes : Olympiades des métiers, Euroskills, Challenge AFPI alternance… En fait, le premier pas reste le plus difficile à franchir. Une fois le jeune entré dans l’apprentissage, il s’y épanouit avec, dans 75% des cas, une embauche dans les six mois. Mobiliser, encore et toujours. Cela reste le maître mot de l’apprentissage.
- Il existe deux types de formations en alternance : le contrat d’apprentissage et le contrat de professionnalisation. Pour le premier, l’apprenti alterne formation théorique en Centre de formation d’apprentis (CFA) et acquisition d’un métier en entreprise. Le second remplace les contrats d’insertion et permet d’acquérir une qualification professionnelle reconnue par l’Etat ou les branches professionnelles.