Environnement

Indicateurs CO2 : quel objectif, pour quelle fiabilité ?

Indicateurs d’émission CO2 sur nos achats courants : quelle fiabilité, quel intérêt ? Des plateformes de vente en ligne mettent en avant ce critère. Mais comment élabore-t-on ces indicateurs ?






Avec la constatation de l’urgence climatique, la priorité est donnée à la réduction drastique des émissions des gaz à effet de serre, notamment le CO2 dues aux activités humaines.
Avec la constatation de l’urgence climatique, la priorité est donnée à la réduction drastique des émissions des gaz à effet de serre, notamment le CO2 dues aux activités humaines.

Avec la constatation de l’urgence climatique, la priorité est donnée à la réduction drastique des émissions des gaz à effet de serre, notamment le CO2 (outre le méthane, le protoxyde d'azote, l'ozone troposphérique…), dues aux activités humaines. Dans son rapport de mars dernier, le GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat) est clair : c’est la réduction des émissions de gaz à effet de serre qui «déterminera en grande partie, d’ici à 2030, si le réchauffement peut être limité à 1,5 °C ou à 2 °C.» Il faut faire beaucoup plus car la tendance des émissions de CO₂ à venir, provenant des infrastructures existantes de combustibles fossiles, «dépassent déjà le budget carbone restant pour une limitation à 1,5 °C.» Le réchauffement climatique est suivi à travers la température moyenne globale de la planète, l'étendue des glaces et le volume des océans (qui tendent à se dilater). Le concept de gaz à effet de serre est déjà présent dans la directive européenne 2003/87/CE, et leur liste a été fixée en France, sur cette base, par le Conseil d’État. Cette liste, comme les divers autres concepts et indicateurs environnementaux, est inscrite dans le Code de l’environnement, qui mis à jour régulièrement sur le portail Légifrance.


Gaz à effet de serre et consommation d’eau

Certains experts proposent des indicateurs qui dissocient les activités humaines à l'origine des pressions (modes de production, de consommation, inégalités, démographie...), les pressions elles-mêmes (consommations de ressources et émissions de polluants), l'état actuel de l'environnement (taux de concentration) et les conséquences écologiques, sociales et économiques de la dégradation de l'environnement, et, enfin, les mesures prises. Ces mêmes experts soulignent que l’empreinte environnementale doit non seulement prendre en compte les gaz à effet de serre mais également l’empreinte en eau (water footprint), essentiellement l’eau douce consommée, rejetée et potentiellement polluée, à retraiter. Il est question alors d’«empreinte écologique.» La conception d'un indicateur environnemental reste complexe, surtout lorsqu’il se veut «synthétique.» Un indicateur doit aider à rendre compréhensible une situation et son évolution. Malgré ses limites et ses biais, il doit permettre, a minima, des comparaisons dans le temps, et donc un constat des avancées réalisées. Il nécessite le traitement de données de base avec un mode d'emploi ou «conventions de calcul», autorisant l’interprétation.


Dans tous les secteurs

Dans le domaine du numérique (informatique, smartphones…) il existe quantité d’indicateurs, comme le référentiel NegaOctet, issu des travaux du labo LCIE Bureau Veritas, APL Data Center, GreenIT.fr, en réponse à un appel à projets de l’Ademe. Cette base contient 1 500 composants et équipements classés selon quatre niveaux de granularité. À chaque équipement sont associés jusqu’à 30 facteurs d’impacts. En 2024, il est prévu de fusionner la base Impacts de l’Ademe et la base Carbone, utilisée par l’administration. Dans la construction et le bâtiment, il faut mentionner la base de données INIES, qui détient 3 500 références, suite à l’entrée en vigueur de certaines réglementations récentes. Elles donnent une sorte de carte d’identité des bâtiments et des équipements (cf. les PEP Ecopassport). Comme l’automobile ou l’aéronautique, le secteur informatique a également développé de nombreux KPI (key performance indicators), comme le DCEM (Data Processing and Communication Energy Management) élaboré par le groupe de travail eG4U et normalisé par l’ETSI (European Telecommunications Standards Institute). Plus précis que le PUE (Power Usage Effectiveness) créé par les fournisseurs de serveurs et de datacentres, il est utilisable pour les certifications ISO ; il a été extrapolé auprès des smart Cities, adopté par l’association des villes européennes EuroCities.


Bilan CO2 personnel

Une bonne façon de s’initier à ces indicateurs est de s’autoévaluer, individuellement. Il existe une demi-douzaine d’indicateurs en ligne, reposant sur des questionnaires, parfois presque ludiques… Citons celui de la fondation Good Planet ou Footprint Calculator, ou encore Hello Carbo, Nos GEStes Climat et Riftapp.fr. Comme le suggère Carbo, il peut être intéressant et «citoyen» de distinguer sa consommation usuelle (transport, alimentation, énergie, logement, tels ou tels achats ou services), qui pèse la plus grande part, et la part dépensée en services publics et en infrastructures, soins, éducation, culture, etc.. À titre indicatif, l’empreinte CO2 transport d’un Français est de 2,9 tonnes CO2e par an, sur 11 au total (chiffres 2019). Un simple vol transatlantique peut vous valoir près de 1 tonne…

Pierre MANGIN