Impact migratoire limité chez Eurotunnel

Principale voie d'accès pour le passage en Grande-Bretagne des migrants réfugiés majoritairement à Calais, la sécurité du tunnel sous la Manche a été mise à rude épreuve depuis le début de l'été. Des mesures importantes ont été prises, qui commencent à porter leurs fruits.

« Le long de la voie portuaire à Calais, des barrières ont été posées l'hiver dernier ».
« Le long de la voie portuaire à Calais, des barrières ont été posées l'hiver dernier ».
CAPresse 2015

Le long de la voie portuaire à Calais, des barrières ont été posées l'hiver dernier.

Depuis maintenant une dizaine de jours, une large partie du site d’Eurotunnel à Coquelles est délimitée par une nouvelle clôture. Haute de 3,80 mètres, elle est surplombés de barbelés qui doivent dissuader les migrants de les enjamber pour rejoindre les camions qui montent dans les trains à destination de Folkestone. Les chiffres des dernières semaines sont éloquents : au mois de juillet, Eurotunnel et les forces de l’ordre comptabilisaient entre 1 500 et 2 200 “tentatives d’intrusion” par nuit.

Depuis le début du mois, le nombre est ramené à moins de 500. Les autorités parlent “d’interceptions aux barrières“, mais, plus en amont, la présence des migrants aux abords du site est également prise en compte pour les forces de police. Le phénomène est donc amplifié par la méthode de calcul. Les dégradations sont importantes aux barrières et engendrent des coûts. Les sous-traitants de l’entreprise remplacent tous les matins le matériel endommagé“, déplore un cadre-dirigeant du transporteur franco-britannique. Une partie de ces coûts sera prise en charge par les autorités britanniques qui ont remis 10 millions dans la mise en sécurité du tunnel après l’avoir fait pour le port de Calais. Elles ont également envoyé des hommes et des chiens. Le 6 août dernier, Eurotunnel faisait le point sur ces mesures : “Eurotunnel, conformément à la loi et aux accords internationaux, maintient son engagement d’empêcher tout migrant de passer clandestinement en Grande-Bretagne. Eurotunnel s’excuse auprès de ses clients des retards induits par les interceptions qui en découlent, et les remercie pour leur confiance renouvelée.

CAPresse 2015

Barrières de sécurité à Coquelles aux abords du site d'Eurotunnel et de Cité Europe.

La clé est dans la répartition. Parallèlement à ces mesures, le groupe franco-britannique a publié ses chiffres sur les trafics estivaux et ceux-ci sont excellents : “Le mois de juillet a été, pour Eurotunnel, le mois des records. Après un début de saison estivale des Britanniques historique, la tendance s’est poursuivie. Les navettes d’Eurotunnel ont enregistré des trafics exceptionnels, aussi bien pour le fret que pour les véhicules de tourisme, avec près de 243 000 véhicules transportés.” Ce chiffre totalise les voitures, les cars et les camions, mais il est à la fois significatif et conséquent. Il montre également que malgré les quelques arrêts de trafic dus aux tentatives d’intrusion, Eurotunnel n’a eu qu’un impact limité sur son activité, voire marginal. Toutefois, le transporteur-logisticien ne chiffre pas financièrement les événements estivaux. La solution à son problème réside principalement dans la répartition du trafic : les camions passant essentiellement la journée, l’augmentation du nombre de départs/heure se fait sur une plus longue période (jusqu’à minuit contre 21h en juin). La nuit, le nombre de départs redescend au rythme de trois par heure. Le chantier de pose des nouvelles barrières est désormais achevé ; les autorités choisissent de repousser plus en amont les migrants qui s’adaptent et se tournent vers des points d’entrées plus lointains. “On pourrait mettre des barrières encore plus hautes, mais on ne les empêchera pas de creuser dessous“, constate un ouvrier sur le chantier.