«Il nous faut une industrie forte»

«Il nous faut une industrie forte»

Problème de recrutement par manque cruel de compétences, réforme de l’apprentissage et de la formation professionnelle ou encore industrie du futur, Hervé Bauduin, président de Claas France et président de l’UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie) Lorraine (1 650 entreprises et 53 000 salariés) sait que les chantiers sont nombreux et plus qu’ardus. Des challenges à relever mais surtout à réussir.

 

Bon nombre d’entreprises industrielles avouent ne pouvoir répondre à certains marchés par manque de personnels compétents. Une situation très délicate, comment y remédier ?

C’est une vraie question de fond. Nous manquons de compétences dans tous les métiers industriels et cela à tous les niveaux. La Lorraine n’est pas la seule région concernée. C’est un problème que l’on retrouve à l’échelle européenne.

 

La formation s’affiche-t-elle réellement comme un moyen pour pallier le problème ?

Former demande du temps mais c’est la piste à prendre sur le long terme. Nos adhérents demandent aujourd’hui des compétences. La formation se doit d’être permanente tout comme la notion d’adaptation. Les changements technologiques que nous connaissons doivent s’accompagner de changements managériaux. Il faut que nos entreprises aient cette capacité à s’adapter mais sans douleur.

 

Le pôle de formation des industries technologiques, comprenant sept sites dans la région, s’affiche comme un des moyens d’y parvenir, notamment, avec cette notion aujourd’hui d’industrie du futur ?

L’industrie du futur, c’est un certain nombre de blocs technologiques mais pas seulement. Le pôle de formation des industries technologiques Lorraine entend être à la pointe en la matière pour former aussi bien les apprentis que les collaborateurs des entreprises en formation continue. L’offre proposée se veut optimale pour répondre aux besoins et anticiper les compétences nécessaires de demain.

 

La réforme de l’apprentissage avec la possibilité d’embaucher un apprenti jusqu’à l’âge de trente ans est une bonne chose ?

C’est le début d’un alignement des planètes tout comme le fait de laisser un peu les mains libres à la profession pour décider du contenu des formations. L’allongement de l’âge de l’apprentissage va permettre à certaines personnes d’avoir une chance supplémentaire de trouver leur voie dans nos métiers. Les entreprises s’y retrouvent également. C’est un nouveau vivier en matière de recherche de compétences. Il existe un autre vivier dans l’Hexagone, ce sont nos jeunes et notamment ceux qui décrochent. Il faut attirer ces jeunes vers nos métiers. Nous avons ici une ressource énorme et il nous faut travailler réellement sur le sujet avec tous les acteurs concernés. Nous avons trop longtemps laissé faire les choses sans réellement réagir. Il est temps !

 

L’industrie, l’apprentissage ont-ils toujours une mauvaise image ?

L’apprentissage est encore considéré comme une voie de garage malgré que cela soit l’inverse, c’est une voie d’excellence. Les choses évoluent, on reparle de l’industrie et des compétences qui disparaissent. Il faut tout mettre en œuvre pour redorer son image. Cela passe par des campagnes de communication auprès des jeunes naturellement mais également des décideurs, des parents et de l’Éducation nationale. Les choses changent mais il faudra du temps.

 

Les entreprises de votre secteur ont-elles compris également qu’il fallait qu’elles évoluent pour attirer les jeunes ?

Dans leur grande majorité, elles en sont très conscientes. L’industrie ne doit plus être qu’un métier mais elle doit fournir une véritable évolution, une dynamique et offrir un vrai parcours professionnel et un vrai parcours de vie. C’est indispensable pour que notre industrie soit forte et il nous faut une industrie forte.