«Il faut qu’on change le regard sur l’échec»
Damien Deleplanque, ex-directeur général du groupe Adeo, est le nouveau président de 60 000 Rebonds Hauts-de-France. La passation a eu lieu le mardi 17 décembre. Bruno Tesson, qui a lancé l’antenne nord de cette association il y a presque quatre ans, a passé le témoin à son successeur non sans émotion. Cette association aide les entrepreneurs ayant connu la liquidation à se reconstruire sur les plans personnel et professionnel. Son nouvel homme fort revient sur ses motivations.
La Gazette : Pourquoi avoir choisi de relever ce nouveau défi ?
Damien Deleplanque : J’ai accepté, parce que je trouve que c’est une association qui a énormément de sens. Un entrepreneur est souvent seul, et quand il se casse la figure, il est encore plus seul. Il y a les dettes, le dépôt de bilan, la dépression, parfois ou souvent un divorce, etc. Un entrepreneur qui se plante, je le répète, est vraiment tout seul. C’est une première chose. Ensuite, je suis un passionné de l’entrepreneuriat. Je trouve que ces entrepreneurs qui mettent tout sur la table dans beaucoup de cas, prennent de sacrés risques, s’engagent à fond, bossent comme des malades, n’ont pas de couverture sociale dans la plupart des cas. Vraiment, je pense que 60 000 Rebonds peut les accompagner, les soutenir, et développer une communauté bienveillante autour d’eux. Je pense aussi qu’en France, il faut qu’on change le regard sur l’échec. Aux États-Unis ou dans les pays anglo-saxons, quand vous avez échoué, on vous dit : ‘‘Bravo, tu as essayé !’’. En France, on ne dit pas tout à fait ça. Donc, ça fait partie de mes motivations. Moi, j’ai un parcours entrepreneurial qui m’a fait vivre beaucoup d’expériences à l’intérieur de mon groupe. J’ai envie de les partager, je veux à mon tour rendre ce qu’on m’a apporté.
Vous êtes aussi très porté sur l’humain, c’est une qualité qu’on vous reconnaît, comme l’a souligné Bruno Tesson…
Je pense que l’humain, c’est la clé. Je ne pense pas qu’on puisse manager des objectifs. On peut manager des comportements qui vont vous aider à les atteindre. Et manager les comportements qui vont vous aider à les atteindre, c’est passer par les équipes, leur intégration, leur formation, leur bien-être, et la reconnaissance qu’on peut leur apporter. Je pense que tout le monde a besoin d’être reconnu dans ce qu’il fait. C’est le facteur clé du succès pour moi.
“Je pense que tout le monde a besoin d’être reconnu dans ce qu’il fait. C’est le facteur clé du succès pour moi”
Comment envisagez-vous votre nouvelle fonction ?
J’ai déjà des idées. On va réfléchir avec le conseil d’administration, les bénévoles, les entrepreneurs en rebond et les entrepreneurs ayant rebondi. On va faire un état des lieux sur les choses qui vont bien, mais la perfection n’est pas de ce monde, et il y a peut-être des choses à faire évoluer ou à modifier. Donc on va regarder ça tous ensemble. En fait la vraie question, c’est : on est content chez 60 000 Rebonds si quoi ? Je pense qu’il faut qu’on se fasse davantage connaître pour que les entrepreneurs sachent qu’on existe, démystifient complètement le fait que… En fait, les entrepreneurs qui viennent ici, affichent le fait qu’ils ont déposé le bilan. C’est très, très courageux de dire : ‘‘Je me suis planté, j’ai besoin de rebondir, j’ai besoin de faire partie d’une communauté qui va m’aider à rebondir’’. C’est essentiel ! Vous voyez, c’est ce qui m’a motivé, car je pense que ça a du sens.
Vous parlez d’un manque de visibilité. Qu’est-ce que 60 000 Rebonds apporte aux chefs d’entreprise qui frappent à sa porte ?
Ils viennent chercher de l’aide, du conseil, du coaching, des échanges, du réseau. Ce sont plutôt des chefs d’entreprise de PME et de TPE, mais l’association s’adresse à tous ceux qui ont déposé le bilan, qui ont besoin d’être soutenus, d’être accompagnés et d’être challengés pour créer une nouvelle entreprise ou de se diriger vers le salariat. C’est du 50-50 dans la répartition des débouchés. Les coaches qui travaillent avec nous, sont des coaches certifiés, bénévoles. Les parrains sont des personnes qui ont souvent beaucoup d’expérience professionnelle. Il y a aussi des experts qui interviennent, des avocats, des fiscalistes, etc. Notre association porte vraiment bien son nom.