Entretien avec Jean-Jacques Dubois, président de France Gaz Hauts-de-France
«Il faut aider les producteurs de gaz naturel propre»
Dans le cadre de l’assemblée générale de France Gaz Hauts-de-France, anciennement AFG, qui se tiendra à Lille le 6 juin, son président Jean-Jacques Dubois revient sur les sujets du moment. Interview.
La Gazette. En janvier, AFG est devenue France Gaz, pourquoi ce changement ?
Nous voulions renouveler notre image et uniformiser nos missions autour de la promotion des usages, de l’utilisation et de la sécurité des gaz. Et ce, qu’il s’agisse des gaz naturels, mais aussi, et surtout, des biogaz et de l’hydrogène, sans oublier les gaz liquéfiés de pétrole. Nous en avons profité pour renouveler notre identité visuelle avec un logo verdi et plus facile à repérer.
Vous accompagnez le tournant des énergies vertes, qu'en est-il de la sobriété énergétique ?
Cela fait des années que nous considérons que la meilleure énergie est celle qui n’est pas consommée. Nous travaillons avec les constructeurs sur des matériels qui consomment moins de gaz. Aujourd’hui, les chaudières à condensation et haut rendement, qui ont une vingtaine d’années, ont un rendement entre 96% et 98%. Nous travaillons également sur des chaudières hybrides associées à des pompes à chaleur. Cela permet au client de choisir en fonction de la période de l’année et prix des énergies qui sont amenés à fluctuer de plus en plus. C’est particulièrement intéressant pour les industriels, mais cela le devient aussi pour les particuliers. Nous collaborons également avec des constructeurs pour faire en sorte que les bâtiments soient de plus en plus isolés.
La formation, c’est aussi un enjeu de taille ?
Oui ! Il nous parait essentiel de maintenir en compétences les gens du métier. Mais nous travaillons aussi à attirer et accompagner les jeunes, qu’ils cherchent leur voie ou soient déjà à la recherche d’un emploi. Cela concerne les stages de 3e comme la création d’un bac pro… En pratique, nous constatons qu’une partie des jeunes est très peu mobile, pas plus de 15 km autour de chez eux, il faut donc les aider à dépasser ce frein.
Travaillez-vous également sur la transmission ?
En prévision de nombreux départs à la retraite de chefs d’entreprise, nous accompagnons également des jeunes dans la reprise d’une petite structure en leur donnant des outils pour gérer la clientèle par exemple. À mes yeux, ce tissu de PME-PMI doit être conforté, car c’est la voie pour garantir des emplois locaux et non-délocalisables. C’est dans ce sens que tous les acteurs ont œuvré lors du passage du gaz H au gaz B, en privilégiant les entreprises locales. GRDF a ainsi choisi de ne pas lancer d’offres européennes.
Quelle est la situation concernant le biogaz dans la région ?
Actuellement, l’essentiel du méthane vert est produit au travers de méthaniseurs. Mais nous planchons sur plusieurs voies pour l’avenir. La première tourne autour de la pyrogazéification, c’est-à-dire l’utilisation des déchets de bois en les traitant à très haute température. Cette technique a été expérimentée et fonctionne, mais elle reste encore coûteuse pour l’instant. Il est logique de poursuivre le développement des méthaniseurs tant que nous n’avons pas complètement saturé le gisement.
Nous espérons également mettre en place des choses sympathiques, notamment avec la région de Dunkerque, avec la méthanation. Le procédé synthétise du méthane à partir d’hydrogène fatal et du dioxyde de carbone. Cela participe à diminuer les taxes carbone des entreprises. Par ailleurs, en produisant localement, on diminue l’impact carbone du méthane qui est très fortement lié à son transport par gazoduc ou par bateau.
Quelle est la place du gaz dans le mix énergétique ?
Aujourd’hui on ne parle que de mix électrique avec le développement du nucléaire, de l’éolien, du photovoltaïque… Tout cela est parfait, mais si la France veut acquérir une certaine indépendance, il faut prendre en compte toutes les énergies disponibles et faire en sorte qu’elles soient de plus en plus propres. On oublie souvent le gaz qui reste indispensable aujourd’hui puisqu’on en consomme autant que de l’électricité. Les énergies stockables restent indispensables en hiver pour faire face aux pics de consommation. Il faut aider les producteurs de gaz naturel propre.