Héroïc Santé met le patient au cœur de son modèle

Parce que les malades chroniques et leurs aidant.e.s ont besoin d'échanger sur leur quotidien, Héroïc Santé propose une plateforme de santé collaborative adossée un modèle redistributif. Les données confiées de manière sécurisée permettent de financer des projets imaginés par les membres de la communauté.

Après avoir été incubée à Eurasanté, l'équipe de Philippe Mougin va rejoindre le Wojo en centre-ville de Lille.
Après avoir été incubée à Eurasanté, l'équipe de Philippe Mougin va rejoindre le Wojo en centre-ville de Lille.

Philippe Mougin a quitté un grand nom de la pharma – Bayer Schering à Loos – pour monter sa propre entreprise qui compte aujourd'hui une dizaine de salariés. «Héroïc Santé offre des espaces d'échanges sécurisés pour partager son vécu entre patients, sur des thématiques et des groupes spécifiques. Le but n'est pas de donner des conseils médicaux ! Mais quand on sait que sur une visite médicale, en moyenne de 17 minutes, moins d'une minute est consacrée à la vie quotidienne1, on se rend compte que le quotidien n'est pas assez abordé. Pourtant, sur les 21 millions de patients chroniques en France, 38% considèrent que la prise en charge de leur maladie impacte leur vie de tous les jours», explique Philippe Mougin.

Déjà près de 13 000 patients inscrits

Il imagine donc un modèle innovant au sein duquel le patient entre gratuitement ses données de santé de manière sécurisée et peut répondre à des enquêtes en ligne d'acteurs de la santé désireux de mieux connaître les besoins, préférences et difficultés. Chaque enquête rapporte des H€uroIC – la monnaie virtuelle de la plateforme – qui peuvent être dépensés pour financer des projets imaginés par les membres de la communauté.

Parmi les projets : des casques de réalité virtuelle pour soulager les douleurs des enfants hospitalisés en oncologie ou encore des mallettes d'activités pour les enfants et adolescents atteints de cancers.

«A terme, on pourra redistribuer 60% de notre chiffre d'affaires» espère Philippe Mougin. Mais attention, les données de santé sont bien évidemment ultra protégées : «Nous sommes chez un hébergeur de données de santé français, notre vocation est de parler au nom des patients. Depuis fin 2019, nous avons plus de 13 000 patients – et entre 1 000 et 2 000 utilisateurs par mois – présents sur la plateforme.»

En cours de levée de fonds

La fondateur voit encore plus loin puisqu'il est en train de lever des fonds à hauteur de 600 000 €, dont le closing est prévu en septembre prochain. «Nous recherchons encore 80 000 € auprès d'investisseurs», lance Philippe Mougin, qui ne cache pas son ambition d'atteindre les 70 000 patients à la fin de l'année en développant des partenariats avec des associations. Elles sont déjà quatre à avoir rejoint le projet.

«Nous venons de recruter une doctorante pour développer l'intelligence artificielle de la plateforme, faciliter l'expression des besoins et le développement de solutions. Ce n'est pas en développant un nouveau médicament qu'il faut innover mais en améliorant le quotidien du patient.» Le plan Ma Santé 2022, lancé par le Gouvernement en 2018, prévoit d'ailleurs que tous les Français disposent de leur espace numérique de santé au 1er janvier 2022. «Nous voulons être des référents», ambitionne Philippe Mougin.

D'ici 2025, la marché du big data santé devrait atteindre les 20 milliards d'euros – contre 600 M€ actuellement –, mais ce marché redistribue moins de 3% aux patients. Avec son modèle participatif, Héroïc Santé espère bouleverser la donne.

1. Source Doctolib