Conjoncture

Hauts-de-France : une agriculture en quête de résilience

Dans une note de conjoncture, la Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt (DRAAF) Hauts-de-France fait le bilan de la campagne agricole en 2023. Le contexte géopolitique et les différentes crises successives ont marqué l'agriculture régionale, qui cherche désormais un équilibre.

Les surfaces féculières sont inférieures à celles de 2022, au contraire des surfaces dédiées à la consommation, en hausse.(c)Andrii Yalanskyi
Les surfaces féculières sont inférieures à celles de 2022, au contraire des surfaces dédiées à la consommation, en hausse.(c)Andrii Yalanskyi

Dans son rapport, la DRAAF Hauts-de-France pointe les points pénalisants et les dynamismes de chaque filière de l'agriculture régionale. Et le bilan général est la quête de résilience de ce secteur d'activité, soumis aux conditions météorologiques changeantes, au contexte géopolitique mais aussi aux différentes lois nationales, cause du mécontentement des professionnels.

Globalement, le contexte géopolitique des marchés des grains, particulièrement marqué en 2022 par le début de la guerre en Ukraine, reste suspendu aux effets liés de près ou de plus loin à ce conflit. En céréales, la compétitivité des origines russes pèse fortement sur le dynamisme des filières européennes et française. Le choix des producteurs d’oléagineux d’augmenter les surfaces par rapport à la campagne précédente, n’a pas été couronné de succès, en raison d’une récolte très décevante, suite à des conditions météorologiques défavorables. Ces conditions ont d’ailleurs d’autres conséquences, compliquant la récolte des céréales, pénalisantes pour les productions légumières et la pomme de terre, mais plus favorables pour la production d’herbe et de cultures fourragères en région. La betterave industrielle bénéficie de rendements corrects, même si les précipitations de l’automne en gênent la récolte.

Quant aux productions animales, elles cherchent leur équilibre, entre une diminution de l’abattage des gros animaux ou une collecte de lait de vache mesurée, des prix au stade de la production sous pression, mais des coûts des moyens de production stabilisés ou en baisse. Les activités du port de pêche de Boulogne-sur-Mer lui permettent de consolider sa première place nationale.

La part de SAU en céréales poursuit son recul

Si elle reste la sole majoritaire en Hauts-de-France, la part de surface agricole utilisée (SAU) pour les céréales poursuit sa baisse enregistrée ces dernières années. Un peu moins de 1,030 million d’ha leur est consacré en 2023 contre un peu plus de 1,048 million d’ha en 2022. La même tendance est observée pour la betterave industrielle et la pomme de terre, qui baissent dans le même temps de 199 000 ha à 189 300 ha et de 122 200 ha à 117 900 ha.

La DRAAF Hauts-de-France note encore que les protéagineux et surtout les oléagineux, portés par des conditions de marchés économiques favorables affichent quant à eux une évolution en hausse, passant respectivement de 24 000 ha à 30 500 ha et de 144 500 ha à 156 600 ha entre 2022 et 2023.

La pluie et la sécheresse bouleversent les productions

Dans le détail, la récolte 2023 des céréales à paille, entrecoupée par les précipitations en Hauts-de-France, offre des rendements hétérogènes mais globalement supérieurs aux valeurs moyennes quinquennale et décennale. Cependant, les grains français et européens subissent la concurrence russe sur les marchés. Pour le colza, par rapport à 2022, les surfaces sont en hausse en 2023, mais les rendements « sont décevants en région ». Malgré une fermeté latente, les cours des oléagineux sont sous pression. Le maïs connaît quant à lui une campagne satisfaisante pour les ensilages en termes de rendements moyens, après une période de semis contrariée par les pluies, puis des conditions de cultures humides au cœur de l’été et douces en fin de période de développement végétatif.

Du côté des cultures herbagères, elles connaissent de bon rendements mais des conditions de récolte délicates en raison des précipitations. Les surface de la betterave industrielle sont en retrait par rapport à 2022. Les rendements sont corrects, en dépit d’une récolte rendue difficile toujours par les précipitations abondantes en région. La pomme de terres subit les mêmes conséquences des conditions météorologiques : les surfaces féculières sont inférieures à celles de 2022, au contraire des surfaces dédiées à la consommation, en hausse. Les rendements 2023 sont satisfaisants, même si les aléas météorologiques et les inondations hypothèquent la fin de récolte.

L'endive reste un secteur en souffrance et de nombreux défis sont à relever pour les professionnels. La faiblesse des volumes produits soutient les cours, sur la fin de la campagne 2022-2023, comme sur le début de campagne 2023-2024. Les précipitations importantes de l’automne 2023 perturbent la récolte des racines et affectent leur qualité et leur potentiel de production. Le choux fleurs subit également la météo : si la DRAAF enregistre des conditions de culture favorables à la production, les précipitations exceptionnelles ont empêché les dernières récoles. Le marché et les prix se montrent, par conséquent, volatils. Du côté de la viande bovine, les abattages sont en recul en région par rapport à 2022. La viande issue des cheptels laitiers constitue le contingent le plus important. L’ensemble des cours reste élevé, mais une tendance baissière ramène les prix de vente de la viande des cheptels allaitants et des jeunes bovins proches des valeurs de fin 2022. Le cours moyen de la viande laitière de réforme amorce une chute plus importante à partir de septembre.

La viande porcine connaît un autre trajectoire : la production en 2023 est supérieure à celle de 2022, en particulier durant le printemps et l’été. Les cours sont très supérieurs aux références de 2022 jusqu’en septembre puis ils s’alignent sur les niveaux de l’année précédente, mais restent supérieurs aux valeurs moyennes quinquennales.

Enfin, la production laitière est en repli par rapport à la campagne précédente. Le prix du lait est supérieur à celui de la campagne précédente et la production issue de l’agriculture biologique est mieux valorisée. Pour les produits de la mer, c'est une bonne nouvelle : les résultats, tant en tonnage qu’en chiffre d’affaires permettent au port de Boulogne-sur-Mer de consolider sa première place nationale pour les pêches.