Harry Plast innove dans l’univers du e-commerce

Le fabricant d'enveloppes et emballages plastique de Saint-Amand-les-Eaux vient de concevoir un produit constitué à 70% de plastique recyclé. Une première en France qui séduit les grands acteurs du commerce électronique. 

Jean-Marie Harrissart, dirigeant et Guillaume Petit, directeur commercial d'Harry Plast
Jean-Marie Harrissart, dirigeant et Guillaume Petit, directeur commercial d'Harry Plast

L’innovation a été lancée début 2020, juste avant la pandémie, un hasard du calendrier pour le moins malchanceux. Mais c’est déjà de l’histoire ancienne. Si le confinement a freiné quelques semaines l’activité et obligé l’entreprise à se réorienter ponctuellement sur la fabrication de surblouses plastique pour soignants, aujourd’hui la ligne de production d’emballages est sur le point de reprendre à 100%. Et ce, d’autant plus qu’elle bénéficie de l’envolée du marché du e-commerce. «Nous connaissons un pic de production, deux personnes ont été embauchées et nous n’avons même pas eu besoin du prêt garanti par l’Etat», souligne Jean-Marie Harrissart, le dirigeant d’Harry Plast.

Il faut dire que ce nouvel emballage écoresponsable a de quoi séduire les grands donneurs d’ordre des sites en ligne. Fruit d’un an de recherche et d’un investissement de 150 K€, il est constitué de 70% de polyéthylène basse densité recyclé (rPEBD) et de 30% de polyéthylène basse densité vierge (PEBD). Il conserve, en outre, toutes les propriétés de l’ancien modèle : résistance, perméabilité, confidentialité. Idéal pour transporter de manière sécurisée du textile, des bijoux, des DVD, des produits électroniques, des capsules de café… Et il peut à nouveau être recyclé.

Un coup d’avance

Au départ, l’entreprise avait même développé un produit avec 100% de plastique recyclé. Mais par peur de ne pouvoir sécuriser l’approvisionnement tout au long de l’année en granules plastique recyclées, la PME préfère ne pas dépasser 70%. «Auparavant, nous avions essayé de fabriquer des emballages avec des matériaux biosourcés, mais leur recyclage reste compliqué», explique Guillaume Petit, directeur commercial d’Harry Plast qui a souhaité persévérer dans ce projet de recherche, d’autant plus que le marché y est sensible : «Dans les appels d’offres de nos clients grands comptes, le caractère écoresponsable du produit est devenu le deuxième critère après le prix.» Et c’est une manière d’avoir un coup d’avance sur la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire du 10 février 2020 : des négociations sont en cours pour imposer au secteur, d’içi la fin d’année, un pourcentage obligatoire de plastique recyclé dans la composition des produits.

Poussée par le marché et la législation, l’entreprise se dit aussi portée par sa conscience environnementale, comme le souligne Guillaume Petit : «Nous pourrions faire comme de nombreux acteurs et attendre le dernier moment pour respecter la législation. Mais depuis plus de 40 ans, nous cherchons en permanence à innover dans ce domaine.» Aucune utilisation de solvant, détergent ou autre produit nocif, tri sélectif, recyclage de 80% de ses déchets, obtention de la norme ISO 14001 management environnemental, partenaire de l’Office national des forêts pour replanter des arbres ou encore installation d’un rucher avec Beecity.  

480 tonnes de CO2 économisées

Le prix final de ce nouveau produit est légèrement moins cher que l’enveloppe plastique classique, mais pas autant qu’espéré. Le recyclage a en effet un coût et l’approvisionnement en rPEBD est complexe. Ces enveloppes nouvelle génération représentent aujourd’hui un tiers de la production d’Harry Plast, soit 300 tonnes/an ; «1 500 barils de pétrole et 480 tonnes de CO2 sont ainsi économisés», annonce fièrement Guillaume Petit. Demain, cela concernera l’ensemble de la production, notamment tous les emballages sur mesure pour le secteur bancaire et médical. L’entreprise espère ainsi accroître de 5% son CA (6 M€ en avril 2020) et sa part à l’export (20% actuellement en Europe et en Afrique). Il est même envisagé de créer une filière pour récupérer ces enveloppes écoresponsables après utilisation pour les recycler. De nouveaux projets de recherche dans les matériaux virucides devraient aussi être lancés.