Habitat du Littoral fait de la résistance

La loi de finances du gouvernement semble menacer les capacités à construire des bailleurs. Le 17 octobre dernier, la direction d’Habitat du Littoral avait invité ses locataires, salariés et tous ceux qui se trouvent lésés par le rabotage des APL à protester. Une pétition a été remise au sous-préfet de Boulogne-sur-Mer.

« Prés de 200 personnes se sont rassemblées à Boulogne-sur-Mer devant les locaux d’Habitat du Littoral pour dénoncer la baisse des APL ».
« Prés de 200 personnes se sont rassemblées à Boulogne-sur-Mer devant les locaux d’Habitat du Littoral pour dénoncer la baisse des APL ».

Près de 200 personnes se sont rassemblées à Boulogne-sur-Mer devant les locaux d’Habitat du Littoral pour dénoncer la baisse des APL.

Pour les acteurs locaux de la construction et du logement social, l’article 52 de la loi de finances ne passe décidément pas. Le premier budget du mandat d’Emmanuel Macron porte la marque de franches coupes : 1,7 milliard d’euros en moins sur les APL. De quoi arrêter la construction de logements ? Pour Habitat du Littoral, c’est 2,2 millions par an. «C’est bien la première fois, depuis un siècle que le logement social existe, qu’il est attaqué de la sorte», se plaint François Charton, directeur d’Habitat du Littoral, devant les 200 manifestants venus dénoncer la décision. Cependant, l’appel à la mobilisation lancé par la Fédération nationale des offices publics de l’habitat, n’a rencontré qu’un succès mitigé : 200 offices ont fermé leurs portes ce jour-là, on a pourtant compté à peine 5 000 personnes en Île-de-France et quelques centaines, parfois dizaines, à Troyes, Strasbourg ou encore à La Rochelle. D’après la Fédération, si la loi s’applique, ce seront pourtant 122 offices et 82 ESH qui seront placées en situation de déficit. Quid des garanties octroyées par les collectivités sur leurs emprunts ? Quid des entreprises de la filière construction qui dépend parfois très largement de ce type de marché ? «Très clairement, je ne vois pas comment on pourra construire quoi que ce soit. On perd 2,2 millions d’euros par an», ajoute le cadre.

70% de l’activité de la SACOB

Les offices publics ne sont pas financées par l’Etat ; leurs seules ressources dépendent des loyers d’après François Charton. Parmi la foule, des employés, quelques locataires, quelques proches du président de l’Agglomération, Frédéric Cuvillier, un notaire et quelques chefs d’entreprise, inquiets des suites possibles. «Pour nous, les marchés publics, c’est 70% de notre activité», explique Caroline Delattre, gérante de l’entreprise de construction SACOB qui emploie une vingtaine de salariés dans le Boulonnais.

Encadré

Chasse à la trésorerie ?

«L’Etat veut nous prendre notre trésorerie», dénonce un cadre d’Habitat du Littoral pendant le rassemblement. Est-ce là la «cagnotte» dont parle le président de la République ? «Non, les bailleurs sociaux ne disposent pas d’une prétendue ‘cagnotte‘. Les offices dégagent en moyenne une trésorerie disponible de 1,1 milliard d’euros intégralement réinvestis dans le développement et l’entretien du patrimoine, sachant que la trésorerie globale représente en moyenne deux mois à deux mois demi de dépenses. Les excédents produits et intégralement réinvestis sont la marque d’une bonne gestion et constituent un atout pour continuer à améliorer la qualité de vie des habitants», indique la Fédération. Si l’Etat veut réduire le nombre des offices, il notera peut-être que leur nombre est déjà passé de 300 en 2010 à 253 cette année, pour un accueil de 8% des ménages en France, soit 2,4 millions de logements pour près de 5 millions de personnes.