GRTGaz s’inquiète pour le sort du bio-méthane
Ce devait être un classique bilan de la consommation de gaz dans les Hauts-de-France en 2018. GRTGaz se félicite du développement du biométhane et de la démocratisation de son utilisation. Pourtant, un projet de Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), récemment publié est susceptible d’inverser cette courbe de progression.
Lille s’était mise à la mode des transports au gaz naturel (ou GNV) dès 2013. C’était la première métropole à mettre en place des bus roulant au bio-méthane, rejetant alors 10 à 20% de CO2 en moins que les véhicules diesel. Depuis, la tendance a prit de l’ampleur. Aujourd’hui, l’Hexagone enregistre une augmentation de 78% du nombre de poids lourds roulant au GNV. La région compte d’ailleurs huit stations GNV publiques.
Un développement remarquable
Selon le bilan 2018 de GRTGaz, onze sites de bio-méthane seraient raccordés aux réseaux gaziers dans les Hauts-de-France, représentant une capacité totale de 188 millions de kilowattheures (kWh) par an, soit la consommation de 16 000 foyers. Entre 2017 et 2018, les projets de bio-méthanisation ont doublé, si bien que 2,4 milliards de kWh pourraient être produits chaque année d’ici 2021. Pour le moment, le gaz naturel représente 3% du gaz consommé en Hauts-de-France. « C’est autant d’énergie qu’on n’achète pas à l’étranger », se satisfait Thierry Daniel, délégué Nord-Est GRTGaz. À terme, la filière régionale pourrait représenter 11 000 emplois non délocalisables.
Un leadership fragilisé ?
Mais depuis le 25 janvier, une ombre vient noircir le tableau. Son nom : le projet de Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Le dernier PPE datait de 2015. Il prévoyait que 10% du gaz consommé en France soit naturel, pour 2030. Ce qui permettrait de tendre vers les 100% en 2050. Mais le nouveau PPE, en consultation depuis le mois dernier, revoit son objectif de production à la baisse, en passant de huit à six térawattheures pour 2023. Autre mauvaise nouvelle, le prix de rachat du bio-méthane va lui aussi diminuer. « Le mégawattheure vaut actuellement entre 80 et 120 euros. Le PPE prévoit une baisse des prix à 67 euros. Ça peut réjouir le consommateur, mais une telle mesure pourrait décourager les porteurs de projets à produire du bio-méthane, explique Thierry Daniel. En plus, ces porteurs de projets seraient sélectionnés selon un appel d’offres. » Ce PPE n’engage pour l’instant qu’une discussion qui débouchera sur une loi au mois d’avril. « Comme le FNSEA et d’autres distributeurs énergétiques, nous allons entrer dans une campagne de communication contre ce PPE. C’est aussi le monde agricole qui en dépend. »