Énergie

GRDF Grand Est : l’hiver arrive...

Dans un climat où la crainte du renouvellement de contrat d’énergie gagne une grande partie de l’écosystème entrepreneurial local, GRDF Grand Est tente de rassurer sur la situation énergétique hexagonale et régionale. Si des plans de délestage sont déjà dans les cartons, le curseur n’est pas encore arrivé à ce stade. Reste que l’hiver arrive...

«Si on devait inventer une crise énergétique parfaite, on n’aurait pas fait mieux», constate Emmanuel Connesson, le directeur territorial Grand Est pour GRDF.
«Si on devait inventer une crise énergétique parfaite, on n’aurait pas fait mieux», constate Emmanuel Connesson, le directeur territorial Grand Est pour GRDF.

«Si on devait inventer une crise énergétique parfaite, on n’aurait pas fait mieux !» Constat établi par Emmanuel Connesson, le directeur territorial Grand Est pour GRDF. Face à différents tableaux explicites sur la situation actuelle dans une des salles de réunion du siège régional à Nancy du distributeur de gaz naturel, il sait pertinemment que la situation actuelle est quasi inédite et qu’un alignement (loin d’être positif) des planètes conjoncturelles entraîne cette crise énergétique de plus en plus étouffante pour le bon fonctionnement de l’économie. La guerre en Ukraine avec la privation de l’arrivée du gaz russe (17 % de l’approvisionnement en France) n’est qu’une des conséquences de la situation actuelle. C’est du côté de l’état de santé du parc nucléaire national que les réponses se trouvent. Avec 26 réacteurs nucléaires à l’arrêt pour maintenance (sur 56 au total) qui ne semblent pas être réellement prêt de redémarrer, il est certain que pour faire face aux besoins en électricité il va bien falloir faire tourner à plein régime des centrales à combiné gaz pour produire de l’électricité. «Le rendement de ce type d’installation n’est que de 30 %, la consommation de gaz est très importante pour permettre la production d’électricité», note Emmanuel Connesson.


Plan de délestage

Quand on sait qu’en hiver dans l’Hexagone, les besoins énergétiques sont en moyenne quatre fois plus élevés qu’en été, le système électrique risque d’être rapidement saturé et le recours au réseau gaz s’avère indispensable pour pallier les pics de consommation. À côté de l’indisponibilité plus que partielle du parc nucléaire, la sécheresse de cet été a fortement impacté la production d’électricité de source hydroélectrique (deuxième source d’électricité en France), bilan des courses la hausse des prix du marché pour l’électricité connaît une flambée hors du commun difficilement maîtrisable. Les prix du marché du gaz sont à la même enseigne (merci la libéralisation du marché de l’énergie en son temps avec la fin de l’indexation du prix du gaz sur ceux du pétrole). Ils ont atteint des niveaux historiquement élevés en raison «de la reprise économique qui a suivi la crise de la Covid-19 de mi-2020 à la fin 2021, de la guerre en Ukraine depuis le mois de février dernier et à l’arrêt complet des livraisons de gaz russe à Engie depuis la fin du mois d’août 2022.» Bilan des courses, la situation est critique et «certains facteurs d’incertitudes demeurent, comme le climat cet hiver et les remises en marche effective des réacteurs nucléaires. D’autre part, la France n’est pas isolée et la solidarité européenne peut l’amener à livrer du gaz à l’Allemagne. Il est donc possible de connaître des tensions sur le gaz à la fin de l’hiver.» La sobriété énergétique mise en avant depuis plusieurs semaines pourraient suffire tout comme l’accompagnement des particuliers, industriels et des collectivités et le boostage de la production de gaz vert pour gagner en indépendance énergétique. Le stade suivant est loin d’être réjouissant mais il est aujourd’hui envisageable. «Si le besoin s’en fait sentir, il sera demandé à de très gros clients identifiés et informés au préalable d’interrompre ou de de diminuer leur consommation pour quelques jours, probablement en fin d’hiver si les stockages son bas.» Ce dispositif de délestage (encadré par les pouvoirs publics et le décret du 7 avril 2022) concerne les clients qui consomment plus de 5 GWh/an. Dans la région, ce sont 500 clients qui sont concernés (5 000 dans toute la France). «Il s’agit principalement d’industriels qui consomment de très grandes quantités de gaz pour leur process de fabrication. Ils seront directement informés par les préfectures concernées de la mise en œuvre de plan de délestage.» Jusqu’ici tout va bien...

Gaz vert : la solution...

Biogaz ou gaz vert issu de la méthanisation ! La région Grand Est s’affiche comme moteur dans le domaine. 90 sites aujourd’hui injectent plus de 1,8 TWh/an dans les réseaux. Ils devraient être 173 à la fin 2023 (dont 21 en Meurthe-et-Moselle). «C’est l’une des solutions pour retrouver une partie de notre indépendance énergétique», assure Emmanuel Connesson, le directeur territorial Grand Est pour GRDF.