Projet de production d’acier bas carbone

Grande-Synthe : ArcelorMittal lance la concertation préalable

ArcelorMittal, le groupe leader mondial de l’acier, va construire d’ici 2026 une nouvelle unité de production d’acier bas carbone sur son site de Grande-Synthe. Cette révolution dans la façon de produire l’acier doit permettre au groupe d’atteindre son objectif de neutralité carbone en 2050. La concertation préalable à ce projet est lancée le 23 novembre prochain.

Le site de Grande-Synthe d'ArcelorMittal, plus important du groupe, va produite 60% d'acier bas carbone dès 2026.
Le site de Grande-Synthe d'ArcelorMittal, plus important du groupe, va produite 60% d'acier bas carbone dès 2026.

Si ArcelorMittal a choisi Grande-Synthe pour construire sa nouvelle unité de production d’acier bas carbone, c’est parce qu’avec ces près de 7 millions de tonnes d’acier produites par an, il est le plus important du groupe. Et qu’avec un ratio actuel de 1,8 kg de CO2 par kilo d’acier produit, il émet chaque année plus de 11 millions de tonnes de CO2, ce qui en fait l’un des plus gros émetteurs du territoire dunkerquois.

Pour ce faire, le sidérurgiste va investir 1,4 milliard d’euros, une somme colossale qui correspond au coût engendré pour changer complètement le process de fabrication de l’acier. Thierry Flament, directeur d’établissement du site de Grande-Synthe d’ArcelorMittal l’affirme : «D’ici quelques années, notre site va vivre sa plus grande transformation et son plus important investissement depuis sa création en 1962. On est tout simplement en train de révolutionner la manière de fabriquer l’acier».

Car cette façon ancestrale de produire l’acier a un énorme défaut : ses importantes émissions de CO2. En cause, un processus qui implique l’utilisation de charbon comme élément réducteur lors de la transformation du minerai en fonte dans les hauts-fourneaux. Le nouveau process qui sera mis en place à Grande-Synthe est développé depuis plus de 10 ans par les équipes R&D d’ArcelorMittal. Il consiste à réutiliser à la fois les propres gaz sidérurgiques du site mais aussi du gaz naturel pour les transformer en gaz synthétique qui aura fonction de réducteur. 

Exit, donc, le charbon et son CO2. À terme, le sidérurgiste espère même aller plus loin encore en se servant d’hydrogène à la place du gaz naturel. Il faudra toutefois attendre que cette énergie soit produite à l’échelle industrielle et à un prix compétitif sur le territoire. À ce sujet, un projet est en phase de finalisation actuellement, porté par la société d’ingénierie française, H2V Energy, à Loon-Plage.

60% d'acier bas carbone à l'horizon 2026

Cette nouvelle technologie, qui sera déployée pour la première fois à un niveau industriel, nécessite la construction d’une unité de réduction directe et l’utilisation de fours électriques de très forte puissance pour réaliser, d’une part, la réduction du minerai de fer et d’autre part, sa transformation en acier. Ainsi, les besoins en électricité du site vont passer de 180 MW à plus de 1000 et ceux en gaz naturel de 35 000 Nm3/h à 96 000. GRT Gaz et RTE, co-maitres d’œuvre du projet avec ArcelorMittal, ont donc été sollicités pour réaliser les travaux de raccordement, dont les montants s’élèveront respectivement à 65 millions d’euros et à 20 millions d’euros.

La nouvelle unité de production entrera en fonctionnement d’ici 2026. Sa construction, qui débutera à la mi-2024 se fera alors que le site continuera à fonctionner et à produire pareillement. «Sacré défi humain et logistique», promet Thierry Flament, alors même que le chantier devrait accueillir jusqu’à 1 500 personnes à son plus haut. Elle permettra de produire de l’acier bas carbone à hauteur de 60%. Les 40% restants seront, eux, toujours produits classiquement dans le seul haut-fourneau qui restera en activité. Le site verra alors ses émissions de CO2 réduites de 36%. «Dans les 20 à 25 prochaines années, notre souhait est biensûr de parvenir à produire 100 % d’acier bas carbone et d’arrêter notre dernier haut-fourneau. Cela nécessitera de nouveaux investissements et biensûr que cette technologie révolutionnaire soit éprouvée à un niveau industriel», conclut Thierry Flament.

La consultation préalable au projet, sous l’égide de la Commission Nationale du Débat publique, sera lancée le 23 novembre prochain. Les habitants de la Communauté urbaine de Dunkerque ont jusqu’au 7 février pour faire part de leurs remarques. 18 rencontres, ateliers et visites sont prévues d’ici là.