Gestion du littoral : se préparer à la montée des eaux
Le 20 janvier, le Syndicat mixte Littoral 76 a lancé sa Stratégie Littoral, destinée à l'adaptation aux conséquences de la montée annoncée du niveau de la mer. Une stratégie qui commence par de l'information et de la concertation.
« Il est vain de lutter contre la nature. Il faut s'orienter vers des solutions résilientes, moins coûteuses et plus pérennes dans le temps ». Alain Bazille, président du Syndicat Mixte Littoral Seine-Maritime (SML 76) n'y est pas allé par quatre chemins, ce 20 janvier, à l'occasion du lancement de la "Stratégie Littoral". En effet, c'est inéluctable. Le niveau de la mer va augmenter de 1 m à 1,80 m d'ici 2100, apportant avec lui un cortège d'importantes conséquences sur notre littoral. Érosion accrue, effondrements de falaises, risques de submersion... « Aujourd'hui, nous avons des coefficients de marée supérieurs à 110, trois à quatre fois par an. Avec une augmentation d'1 m du niveau de la mer, nous aurons ces hauteurs d'eau plus de 60 fois par an », martèle François Dehais le directeur du SML 76. Nous serions en alerte permanente. »
Un diagnostic technique et humain
C’est donc « une nécessité de s'adapter », résume Alain Bazille, qui balaye rapidement l'idée de ne se reposer que sur un système de digues. Si celui-ci a fait ses preuves, la rehausse puis l'entretien de l'ensemble des digues du littoral coûterait très cher, et ne ferait qu'accroître le danger en cas de rupture. Le SML 76 a donc décidé de réaliser un diagnostic in situ, pour notamment repérer les zones à forts enjeux, et celles à enjeux plus limités. « L'idée c'est de pouvoir, à partir de ce diagnostic, bâtir une stratégie de gestion du trait de côte », explique Gérard Colin, vice-président de SML 76 et président de la communauté de communes Côte d'Albâtre.
« On se donne 2 ans pour construire une gestion intégrée du trait de côte avec un regard à 360°, appuie Julie Favrel, chargée de mission chez SML 76. C'est un défi technique, mais aussi humain. » Élus et habitants sont donc naturellement sollicités. Des réunions publiques* sont lancées afin d'une part de sensibiliser les riverains aux risques nouveaux auxquels le littoral sera confronté, et de recueillir leurs observations. Des caméras seront installées sur certaines plages pour mesurer le recul du trait de côte. A d'autres endroits, ce sont les promeneurs qui seront sollicités pour photographier la côte à leur passage, dans une logique de sciences participatives. « Nous devons faire comprendre aux habitants du littoral ce qu'il se passe et les intégrer à notre stratégie pour suivre le littoral à 100 % », poursuit Gérard Colin.
Gagner du temps et s'adapter
Et une fois tout le monde embarqué dans la démarche, il faudra ensuite trouver les bonnes solutions, tout en acceptant que, parfois, la nature gagne. « Il y a des endroits où il faudra laisser faire la nature et recréer des zones humides, prédit François Dehais. Et sur les territoires à forts enjeux, il faudra surtout se donner du temps pour réaménager le territoire... » Comme à Quiberville, où la commune a décidé, simplement, un déplacement du camping.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre
* La prochaine réunion publique a lieu le 2 mars à 18h30 à l'espace culturel Scène en Mer de Petit-Caux (Belleville-sur-Mer). D'autres devraient suivre.
SML 76
Créé en 2019 à l'initiative du Département, le Syndicat Mixte Littoral fédère, autour de la collectivité départementale, les communautés de communes et les syndicats de bassins-versants concernés par les 140 km de côte de Seine-Maritime. Son terrain d'action couvre 39 communes, et compte 33 plages, 9 fleuves côtiers et 2 centrales nucléaires...