Sous-traitance

Friville-Escarbotin : Marchio sous les dorures de l’Élysée

Elle a été la seule entreprise des Hauts-de-France a être sélectionnée pour collaborer à la réalisation de Médulla, la nouvelle table dressée pour les conseils des ministres. Une belle fierté pour sa dirigeante et les 44 salariés, après un incendie partiel en début d’année. 


Adélaïde Lefevre aime être dans les ateliers, avec ses équipes.
Adélaïde Lefevre aime être dans les ateliers, avec ses équipes.

Pour ses clients qui sont dans toute la France, les compétences et la réactivité de Marchio, sous-traitant spécialisé dans le traitement de surface et le polissage, ne sont plus à démontrer. Mais lorsque le Mobilier national a fait appel à l’entreprise, en janvier dernier, pour la réalisation de Médulla, la nouvelle table du Conseil des ministres mesurant 14 mètre, démontable et remontable en 20 minutes, Adélaïde Lefèvre, qui a pris la suite de père à la direction en 2020, la surprise a été totale.

« Un grand honneur pour nous et nos équipes »

« Nous avons été les seuls des Hauts-de-France retenus sur onze entreprises, confie-t-elle encore les yeux brillants. Je suis passionnée d’histoire. Le Mobilier national, c’est le garde meubles de l’Élysée. C’est donc un grand honneur pour nous et nos équipes, sans qui rien ne serait possible, d’avoir participé à ce projet. Nous avons été reçus le 14 septembre à l’Élysée. Emmanuel Macron sait où se trouve Friville-Escarbotin. Lui et son épouse ont été très disponibles. La belle aventure va se poursuivre avec le Mobilier national. Nous avons déjà une nouvelle commande pour une ambassade à l’étranger. »

Concrètement, les équipes de Marchio ont travaillé à donner une teinte dorée un peu grisâtre, rappelant les dorures de l’Élysée, aux ornements en laiton incrustés dans le béton taloché qui recouvre la table en bois. Ces ornements servent à cacher les fils. Les luminaires sur pied, les lampes de bureaux des secrétaires de séances et les parties métalliques des meubles abritant les téléphones des ministres ont également été revêtus d'une teinte dorée-grisée.

Il a fallu un bel élan de solidarité pour mener à bien ce projet, afin que l’entreprise continue d’assurer ses commandes normalement : le 20 janvier dernier, une semaine après le premier rendez-vous avec le Mobilier national, l’entreprise a été victime d’un incendie qui a ravagé 600 de ses 2 600 m², qui abritaient l’atelier de polissage et de vernissage.

Un retour à la normale pour le printemps

Ces activités ont été très vite transférées sur un autre site, dans Friville-Escarbotin : « Les allers-retours, c’est compliqué, confie Adélaïde Lefèvre. Heureusement, nous avons été bien soutenus par notre assureur et le lendemain de l’obtention du permis de construire les entreprises étaient déjà là. Elles montent les parpaings, nous espérons un retour à la normale pour le printemps. »

Les équipes de Marchio ont travaillé à donner une teinte dorée un peu grisâtre, rappelant les dorures de l’Élysée, aux ornements en laiton incrustés dans le béton taloché qui recouvre la table en bois.

Une histoire de développements stratégiques

Fondée en 1954 par Jean-Claude Marchio, l’entreprise a été reprise en 1993 par son père Jean-Paul Lefèvre. Il n’a eu de cesse d’innover. Dès 2000, le premier évaporateur sous vide rejet zéro de France est installé. En 2006, un atelier de polissage ouvre, 2007 voit la création d’une chaîne de métaux précieux (bains d’or de platine…) pour l’industrie du luxe et d’une cabine de vernissage.

C’est en 2019 qu’un investissement pour deux robots destinés à la mise au bain de pièces industrielles lourdes et techniques est réalisé, réduisant la pénibilité des tâches pour les salariés. 

Encore aujourd’hui, 40% de l’activité est automatisée permettant au passage des réductions d’eau et d’électricité : « Nous envisageons d’installer des panneaux photovoltaïques sur le nouveau bâtiment pour réduire la facture énergétique et notre impact sur l'environnement », projette la dirigeante.

Outre l’industrie du luxe, qui lui a ouvert les portes de l’Élysée, Marchio collabore avec l’industrie mécanique, ferroviaire, l’armement, le nucléaire, l’électrique, la robinetterie, la serrurerie, l’ameublement, le luminaire… et ce donc dans la France entière. Le Vimeu représente environ 30% de l’activité.

L’entreprise travaille aussi pour la serrurerie.

Habituée à la discrétion, Adélaïde Lefèvre privilégie l’ombre à la lumière : « Ce sont nos clients qui sont les plus importants, pas nous, affirme t-elle. Notre travail consiste à coller aux normes environnementales, à les satisfaire, à être les plus réactifs possible, que ce soit pour une pièce ou 10 000. Nous tenons à construire une relation sur le long terme avec eux, ce sont les clients qui nous donnent les cartes. »