Friche militaire
Friche Miribel : Naissance d’un nouveau quartier
Trente ans après le départ du 3e RAMA et de ses 1 200 militaires, la ville de Verdun tourne la douloureuse page de sa friche militaire Miribel pour enfin construire une nouvelle histoire avec la création d’un quartier, en cœur de ville. Pour ce projet d’ampleur, soixante millions d’euros sont engagés par des partenaires publics et privés ; une première depuis 1945.
![© Pays de Verdun](/thumbs/1368×1026/articles/2025/01/Capture-d-ecran-2025-01-27-a-21-11-13.jpg)
Dix ans d’engagement, d’argumentation et de réflexion pour convaincre les investisseurs. Dix ans pour changer l’image de la ville et l’inscrire dans une nouvelle dynamique. À l’heure où les différentes phases de travaux se multiplient du côté de la friche militaire Miribel de Verdun, Samuel Hazard, le premier magistrat de la Cité de la Paix mesure le chemin parcouru. Le point de départ remonte à 2014 et le constat du candidat à la mairie, bien décidé à s’engager dans la requalification, regrettant le manque de volonté politique de son prédécesseur. «On a perdu un temps précieux sachant que les bâtiments militaires venaient d’être rénovés juste avant la décision du départ du 3e RAMA. Ils n’étaient plus aux normes à mon arrivée à la mairie.» La facture de requalification affichait, après études, 20 millions d’euros. Une note bien trop salée pour une reconversion du site. La déconstruction s’est donc imposée aux acteurs locaux qui le regrettent encore. «Il a fallu se résigner pour avancer», estime Samuel Hazard. Se résigner mais avancer pour attirer des investisseurs privés qui s’engageraient au côté de la municipalité avec la volonté de requalifier les 6 hectares de cette friche aménagée à cinq minutes à pied du cœur de ville. Devançant la législation, la municipalité a fait le choix de stopper l’étalement urbain pour valoriser toute emprise disponible. Cinq millions d’euros ont été engagés pour déconstruire les trois bâtiments historiques, désamianter et dépolluer le site. Sans le soutien de l’État qui a mis plus de trois millions sur la table, Verdun n’aurait pas pu conduire à terme ce projet synonyme de «nouvelle ambition» pour la sous-préfecture de la Meuse.
Mixité sociale et intergénérationnelle
Le renouveau de la friche Miribel se concrétise avec un symbole tourné vers l’avenir autour de la construction d’une nouvelle crèche de 80 berceaux qui remplacera l’actuelle qui ne répond plus aux normes et exigences d’accueil des tout-petits. Il y a dix ans, une étude de besoins de la CAF avait d’ailleurs mis en avant un manque d’une trentaine de places sur l’agglomération verdunoise. Depuis, vingt places ont été créées du côté de Thierville par la collectivité et trente portées par deux micro-crèches qui ont vu le jour pour un total de 50 places. Engagés depuis dix-huit mois, les travaux devraient se terminer fin juin pour une inauguration programmée le 29 août prochain. Dix millions d’euros ont été injectés dans cet équipement structurant. Dans le même temps, l’ancien bâtiment des Sépultures militaires a été vendu à l’association d’insertion l’Amie qui va y installer un foyer de jeunes travailleurs. Une réflexion avait été conduite en amont avec la Fédération du BTP de la Meuse révélant l’absence de solution à loyer réduit pour les alternants et les apprentis. Vingt et un appartements seront disponibles dès le printemps 2025. Le reste de l’emprise (4,5 hectares) a été vendu au Crédit mutuel d’aménagement foncier. À partir de l’été 2025, les grues vont s’y affairer. La première phase s’appuiera sur 57 nouveaux logements sociaux aménagés dans deux bâtiments collectifs ainsi que dans une zone pavillonnaire en location conduite par un promoteur immobilier pour le compte de l’OPH. Un cabinet médical privé y verra également le jour. À l’entrée du site, deux anciens pavillons vont être rachetés par un Verdunois qui prévoit d’y créer deux appartements et deux duplex. Dans un second temps, à l’arrière du site, une zone dédiée à l’accession à la propriété est programmée avec 37 pavillons.
Exemplarité de l’opération
Crèche, appartements et maisons, location et vente ; c’est un tout nouveau quartier qui va sortir de terre dès 2026 avec une estimation de l’installation de 600 à 800 nouveaux habitants à l’horizon 2030. «Le départ des militaires n’avait été accompagné d’aucune compensation. Nous avions perdu près de 3 000 hommes», rappelle Samuel Hazard. Un traumatisme qui s’éloigne. À l’heure où la natalité est en berne et où une baisse démographique s’installe en Meuse, l’élu explique que son rôle n’est pas seulement de gérer le quotidien mais «d’avoir une vision d’avenir pour sa ville», précisant que «Verdun compte 1 400 logements sociaux pour seulement 27 vacants en 2024. Nous souhaitons répondre aux besoins et attirer une nouvelle population.» Tournée vers l’avenir, la ville n’oublie pas son passé avec le muret, le portail central et l’ancienne horloge de la caserne qui seront tous conservés et réaménagés dans ce nouveau quartier qui se veut durable avec l’extension du réseau de chaleur décarbonée reliée à une chaufferie biomasse, la création d’un parc municipal et des mobilités douces privilégiées. Ce sont 60 millions d’euros qui sont injectés dans cet espace de 6 hectares dont près de 15 millions par le public et le reste par des partenaires privés. Une première depuis près de quatre-vingts ans pour Verdun. Un projet exemplaire salué par la venue de deux ministres en l’espace de quelques mois, satisfaites de voir cette opération Action cœur de ville devenir une référence au niveau national.