Industrie-Santé
France Cardio : la nouvelle lutte des masques...
Start-up il y a un an, PME au process industriel établi aujourd’hui. France Cardio, spécialisée dans la fabrication de masques de protection 100 % made in local installée à Seichamps, continue son chemin et combat. Le made in local encenséet parfois (souvent) récupéré au début de la pandémie, apparaît s'étioler par le retour rapide des bonnes vieilles règles concurrentielles de passation de marchés où le prix demeure, encore trop souvent, le principal critère de choix.
300
000 masques par jour et une cadence qui peut facilement atteindre le million
quotidien. Dans les quelque 1 500 m² de locaux de la rue des Grands Prés à
Seichamps (dans les anciens locaux de Feron Alu), les lignes de production en
salles blanches de masques de protection trois plis (dont cinq spécifiques pour
les masques pour enfants) peuvent facilement se dupliquer sous forme de
modules. Les racks positionnés en hauteur le confirment et n’attendent que ça. À
l’intérieur des salles blanches, les collaborateurs de France Cardio (une quarantaine
au total aujourd’hui) opèrent leurs gestes réfléchis et minutieux en parfaite
autonomie. «C’est celui qui sait, qui fait», assure Maxime Bracard, le cofondateur
de France Cardio fondée en 2019 avec son acolyte Nicolas Matusiak, tous deux
alors étudiants à l’IAE (Institut supérieur d’administration et de management)
de Nancy, et le soutien d’un investisseur privé. Pas de managers au sein de la
structure mais des leaders où chacun prend ses responsabilités. Une entreprise
libérée au sens concret du terme. En juin dernier, l’entreprise (passée par le
Peel, le Pôle entrepreneuriat étudiant de Lorraine), réoriente son activité à
la base centrée sur la mise à disposition de matériel médical. «La situation
sanitaire nous a entraînés à bouleverser complètement notre stratégie
commerciale. Nous avons acquis deux lignes de production de masques de
protection trois plis», explique Maxime Bracard.
Boîte antimicrobienne
L’entreprise s’installe alors dans des locaux mis à disposition par la CCI Grand Nancy Métropole Meurthe-et-Moselle sur l’aéropôle de Tomblaine. Les machines tournent à plein régime pour répondre à une demande locale de masques dépendant alors des marchés asiatiques. Les acteurs locaux passent ainsi leur première commande. France Cardio produit également pour Santé Publique France. Les deux jeunes chefs d’entreprise investissent, prennent possession de leurs nouveaux locaux pour assurer la cadence. Aujourd’hui, avec l’obligation du port du masque dans les établissements scolaires, la demande explose au niveau des masques pour enfants. «Nos lignes spécifiques permettent de fabriquer des masques quasiment sur mesure avec des matériaux en provenance de nombreux fournisseurs vosgiens, notamment des couches extérieures et intérieures, au filtre et jusqu’à la boîte de packaging qui est antimicrobienne.» Lors du début de la pandémie, si les commandes locales ont afflué, Maxime Bracard constate, désolé et énervé, «que bon nombre d’acteurs locaux aujourd’hui préfèrent se procurer des masques à l’étranger.» En cause, d’après lui, le système de pondération imposé lors des procédures d’appels d’offres aurait pour conséquence d’éliminer les producteurs français. «Aujourd’hui, mon métier s’est de trouver des distributeurs régionaux, locaux ! Bon nombre d’acheteurs préfèrent encore le moins-disant.»Le chef d’entreprise évoque également des problématiques au niveau des normes de certains masques présents aujourd’hui sur le marché. France Cardio fait actuellement partie des cinq entreprises françaises à fabriquer des masques chirurgicaux à haute filtration et entend continuer à faire connaître et reconnaître ce savoir-faire local sur son territoire, et probablement au-delà des frontières dans quelques temps. Nul n’est prophète dans son pays, la maxime est bien connue…
En toute liberté…
Le terme manager n’existe pas ! La bonne vieille structure pyramidale non plus. Tout est linéaire, transparent, comme les soudeuses sur les lignes de production. France Cardio s’affiche comme une entreprise libérée loin des théories intellectuelles mais dans le concret palpable au cœur de la structure. «Nous avons un panel de compétences au sein de nos collaborateurs. C’est celui qui sait, qui fait, nos process sont améliorés constamment par leur intervention. Chacun prend ses responsabilités», assure Maxime Bracard. Et en plus, cela marche sous le couvert de collaborateur-leader.