Filière des produits aquatiques : l’intelligence artificielle fait sa place
Ce 10 septembre, Aquimer a organisé une conférence sur l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la filière des produits aquatiques.
«L’intelligence artificielle générative n’est pas un outil magique qui peut tout faire à votre place. Elle ne trouvera pas des idées innovantes pour vous, par exemple. Mais elle peut vous aider dans votre travail», avertit Thibaud Jacquel de NWX, un collectif normand d’entrepreneurs du numérique. Ce 10 septembre, le ton de la conférence organisée par Aquimer sur les usages de l’IA dans la filière des produits aquatiques est donné.
Et pour appuyer ses propos, Thibaud Jacquel fait quelques démonstrations édifiantes au cours desquelles l’IA, face à des questions fantaisistes, donne des réponses déconnectées de la réalité. C’est ce qu’on appelle des hallucinations. «Il ne faut jamais utiliser des données personnelles sensibles, provenant d’un fichier clients par exemple», poursuit-il. Une fois partagées lors d’un échange avec un chabot comme chatGPT, elles sont stockées et sont réutilisables pour d’autres recherches.
Prendre des précautions
Mais si l’utilisation de l’IA générative demande quelques précautions, l’outil est porteur de réelles avancées dans les filières aquatiques. La start-up Pontos, basée à Bordeaux, explore d’ailleurs cette voie pour rendre la pêche plus durable. «On peut l’utiliser pour surveiller et gérer les stocks de poissons en mer, optimiser les itinéraires de pêche ou encore identifier les espèces et les volumes pêchés», illustre Luis Diaz, fondateur.
Images satellites, utilisation de caméras, de balises et de capteurs embarqués sur les navires… apportent les informations nécessaires, traitées ensuite par l’intelligence artificielle. «Cette technologie est déjà utilisée pour repérer des pêcheurs illégaux», note Luis Diaz. Dans ce cadre, la formation des pêcheurs devient incontournable. «Il faut lever les freins face à ce changement», constate le fondateur de Pontos. Le défi réside aussi dans la collecte de données, «qui dans certains cas, peut être couteuse et difficile».
L’IA, c’est aussi le terrain de jeu de l’entreprise bretonne Kamahu, «nous créons des solutions innovantes pour l’aquaculture», résume Jean-Philippe Delorme, président de l’entreprise. Gestion des stocks, prévision de la production, recommandations alimentaires…. Le champ des applications est vaste. «Une centaine de fermes dans le monde utilisent nos solutions», rebondit Jean-Philippe Delorme. Et ce qui peut sembler paradoxal, l’IA peut être déployée dans un environnement technologiquement contraint.
Applications sur la faune
C’est le cas d’un outil développé pour repérer le degré de maturité des gestations dans un élevage normand de grenouilles. L’analyse repose sur des échographies faites avec un appareil qui ne possède qu’une sortie VGA, avec un faible débit et dans un environnement humide. Pas de quoi effrayer Kamahu, qui propose une solution avec un taux de fiabilité supérieur à 95% et une interface vocale pour laisser les deux mains libres pour manipuler les batraciens.
Des partenaires publics sont également à la disposition des entreprises. C’est ce qu’explique Emilie Lachaud, responsable de partenariats industriels au sein du CEA. Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives est au service de la souveraineté scientifique, technologique et industrielle de la France et de l’Europe. «Nous comptons plus de 21 000 collaborateurs, un budget annuel de 5,8 milliards d’euros et déposons près de 700 brevets annuellement», explique-t-elle. Des ressources accessibles aux entreprises comme aux start-ups dans des secteurs variés, y compris l’agriculture et la pêche.