Fernand Brugère, une autre façon d’hêtre !

L’entreprise Fernand Brugère, spécialiste du placage déroulé à Châtillon-sur-Seine en Nord Côte-d’Or, a fait évoluer son métier jusqu’à changer de filière en passant du hêtre au peuplier. Une stratégie afin de redresser la barre et sortir de son plan de redressement.

Fernand Brugère a transformé son unité de production pour l’orienter vers le bois de peuplier pour compenser l’absence de bois de hêtre. © Fernand Brugère
Fernand Brugère a transformé son unité de production pour l’orienter vers le bois de peuplier pour compenser l’absence de bois de hêtre. © Fernand Brugère

Passer du bois de hêtre au bois de peuplier, un virage qui pourrait sembler banal pour un non-initié mais qui relève d’une véritable stratégie pour l’entreprise Fernand Brugère. Dès 1928, la société se lance dans l’exploitation de bois feuillus avec pour objectif de promouvoir le travail de transformation des différentes espèces au travers de multiples activités. Installé depuis l’origine dans le Châtillonnais, Fernand Brugère porte dans son ADN le déroulé du placage de bois de hêtre.

Jusqu’en 2022, les grumes, plus connus sous le terme de troncs ébranchés, sont transformées par l’entreprise pour se destiner au bâtiment pour les applications de contre-plaqué, moulé ou plat. "Nous avons changé pour le peuplier en raison de la détérioration de la qualité du bois de hêtre et parce que la création du parc national des forêts a mis sous cloche plusieurs hectares, nous privant d’une partie de la ressource locale", explique Thierry David, directeur de l’usine.

Une motivation écologique et économique

© Fernand Brugère

Le choix du peuplier s'est rapidement imposé. "Nous sommes partis d’un constat basique pour nous lancer sur cette filière. Les Italiens, Espagnols et aussi les Allemands, qui comptent parmi les grands fabricants de contreplaqué à partir de peupliers, venaient acheter leurs grumes en France. Ces grumes contiennent 50 % d’eau donc c’était une aberration écologique et économique." Pour apporter une réponse, Fernand Brugère modifie en 2022 ses méthodes de travail, ses installations, standardise ses process et s’adresse à de nouveaux clients.

Désormais, Fernand Brugère déroule les grumes de peupliers, les sèche pour qu’ils passent de 50 à 8 % d’humidité. "Pour un camion de placage déroulé et séché de grumes de peuplier, il faut cinq camions de grumes. Cela représente donc une économie de quatre camions." Désormais, la société réalise 95 % de son chiffre d’affaires à l’international.

Encore des défis à relever

Cette nouvelle orientation stratégique participe pour l’entreprise de sa sortie en novembre dernier d’un plan de redressement initié onze ans plus tôt. En 2017 déjà, un nouvel actionnaire avait injecté des fonds pour relancer Fernand Brugère tandis que Thierry David, arrivé en janvier 2022 a apporté sa pierre à l’édifice de la transformation. "Le travail et l’implication des équipes ont été essentiels. Cette réussite tient du collectif."

Si la société a pris avec succès ce virage et fait les preuves de son potentiel, elle traverse toutefois une situation tendue. "Les carnets de commandes rencontrent des difficultés. Nous dépendons de la construction et elle enregistre une baisse de 75 %." L’entreprise du Châtillonnais doit aussi faire face à la concurrence des essences exotiques venues d’Asie ou d’Afrique ainsi que des bouleaux venus de l’Est.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert