Féminisation dans le numérique : «Nous avons fait un grand pas mais il reste encore du travail»

La venue d'Emmanuelle Laroque, fondatrice et directrice de Social Builder, start-up qui vient de fêter ses 10 ans et qui forme les femmes aux métiers du numérique, n'est pas passée inaperçue dans le temple lillois du numérique EuraTechnologies. Cette militante engagée a été récemment distinguée par Google dans le cadre du "Google Impact Challenge" pour ses actions en faveur de l'émancipation professionnelle des femmes. «L'école du numérique a eu comme ambition d'organiser une grande journée Femmes & Numérique afin d'être cohérent avec son projet de mettre l'humain au cœur de cette école, on ne pouvait pas ne pas être là. C'est très important d'être en contact avec les étudiants pour comprendre comment ils considèrent ces sujets et comment ils se projettent», témoigne Emmanuelle Laroque.
Ateliers, tables rondes et conférences participatives ont rythmé cette journée Femmes & Numérique, avec notamment la présence du réseau GRETA et du Village by CA Nord de France. «Les entreprises ne parlaient pas beaucoup de ce sujet il y a quelques années. Désormais le sujet entreprise inclusive et engagée est devenu primordial. Le sujet s'est déplacé : nous ne sommes plus sur un sujet de femme, mais sur un sujet stratégique RH», glisse l'intéressée. 

26% de femmes dans les métiers du numérique

Aujourd'hui en France, la part des femmes dans le numérique s'élève à 26%, dont 16% dans les métiers techniques. La France pointe à la 26e place du classement mondial sur le taux de féminisation dans le numérique, loin derrière les pays asiatiques et scandinaves. «Aujourd'hui, ce sont majoritairement les hommes qui créent les technologies. Mais le numérique, c'est à la fois la technologie et les usages. L'enjeu actuel est d'inviter les femmes autour de la table quand on conçoit une technologie, de bien comprendre comment les femmes peuvent s'approprier ces nouvelles technologies pour que celles-ci répondent à de multiples scénarios», résume la militante. 

Pour pouvoir s'envisager dans ce secteur, les femmes ont besoin d'être guidées et rassurées dans un milieu masculin. C'est le rôle de la start-up Social Builder qui a accompagné 65 000 femmes depuis sa création, il y a 10 ans. «Nous avons fait un grand pas en avant ces dernières années, mais il y a encore du travail. Et cela passe par la sensibilisation aux métiers du numérique dès le plus jeune âge. Si la politique de fond qui articule l'enseignement initial, l'éducation et le mouvement d'entreprise s'amplifie, on arrivera à inverser la tendance. Mais les entreprises doivent adapter leur recrutement aux profils féminins», estime Emmanuelle Laroque.

Si la crise de la Covid a accéléré la précarisation des femmes, elle a aussi amplifié la compréhension de l'importance de se former au numérique. «Depuis le début de la crise, les femmes viennent beaucoup plus frapper à notre porte.» Social Builder (30 collaborateurs) travaille en partenariat avec plus de 300 entreprises, dont de nombreuses start-up, l'Etat mais aussi les acteurs de l'emploi et de l'entrepreneuriat.