« Fédérer et valoriser toutes les initiatives cyber régionales »
Inauguré en avril 2023, le Campus Cyber, implanté sur le parc d'Euratechnologies, semble avoir trouvé sa vitesse de croisière et entame désormais sa phase d'accélération. Pour La Gazette Nord-Pas-de-Calais, Florence Puybareau, directrice des opérations, revient sur une première année réussie, laissant augurer un bel avenir.
Le Campus Cyber, qui se veut être le lieu totem de la cybersécurité
pour les Hauts-de-France, a été le premier campus régional
labellisé par le campus cyber national installé à La Défense à
Paris. «Il
y avait dans la feuille de route du campus national l'objectif de
créer des campus régionaux s'inspirant de ce qui est fait notamment
aux Etats-Unis, en Israël et en Angleterre»
indique Florence
Puybareau.
Ce pôle de sécurité numérique qui fédère l'ensemble des acteurs
de la cyber (formation,
startups, PME-ETI, services de l’Etat...) s'articule
autour de quatre grandes missions à savoir innover,
former, opérer et mobiliser.
«L'innovation
représente un axe fort du campus qui est une division
d'Euratechnologies».
L'établissement, situé juste en face du plus grand incubateur
d'Europe, a en effet récupéré la verticale Cybersécurité
d'Euratech et compte aujourd'hui une quinzaine de start-up incubées
et accélérées, ce qui fait de Lille un des pôles cyber les plus
importants de l'Hexagone. «Il
y a 165 start-up cyber en France. Il faut savoir qu'on ne monte pas
une société cyber comme une autre. Cela est beaucoup plus technique
et exige un niveau d'ingénieur».
Les jeunes pousses installées sur le campus bénéficient des
programmes -6 mois d'incubation et 6 mois d'accélération
(renouvelable 1 fois)- et des méthodologies d'Euratech :
« C'est
vraiment rodé, industrialisé, et de très haute qualité »
témoigne
la directrice des opérations.
Le cyber range, véritable atout du Campus
Le
volet formation s'articule quant à lui autour du Cyber range. Ce serveur,
conçu par Airbus, vient reconstituer le système d'information d'une
entreprise et, à travers plusieurs scénarios, propose des
simulations d'attaques cyber. Il peut également être utilisé pour
des gestions de crise.
«Le
cyber range apporte énormément de réponses». Cet équipement de pointe s'adresse
principalement aux Comex, Codir de grands groupes, grandes
collectivités ou hôpitaux mais aussi grandes écoles, universités
et entreprises du numérique qui souhaitent faire monter leurs
équipes en compétences. «Ce sont des formations payantes
qui durent généralement plusieurs jours. Il commence à y avoir une
forte demande. Le cyber range est un gros atout du campus, c'est un
équipement de pointe assez unique».
Il n'en existe
effectivement que quatre en région. Le
centre de formation de gendarmerie reste le principal utilisateur.
Airbus met régulièrement à jour les virus : «Il
y a des millions de virus qui évoluent en permanence. Il a fallu du
temps mais le cyber range est en ordre de marche» précise
la directrice des opérations du Campus.
L'événementiel,
axe fort de développement
À l'image du Cyber Summit organisé chaque année en octobre, le Campus
Cyber a vocation à être une place événementielle forte.
«L'événementiel est une grosse partie de l'activité.
Depuis le début de l'année, on a déjà organisé une quinzaine
d'événements sur la santé, l'industrie, les JO, etc...»
Tous les mois, le campus réunit
sa communauté autour d'afterworks et de cyber breakfasts.
L'institution souhaite également accélérer sur l'offre de service, notamment la location de bureaux et permettre à chaque acteur,
public ou privé, d'être adhérent du campus. Cela donne
droit à de nombreux services : invitation aux cyber
breakfasts, tarifs de location préférentiels pour les événements,
réception de la communication de la filière et plus encore. «Pour
la première année, on a déjà une trentaine d'abonnés. On
aimerait en avoir 40 à la fin de l'année» précise
Kelly De Bleeckere, responsable marketing du campus.
«On
veut inonder de cyber toute la région»
Pour
sa première année d'activité, les synergies commencent à se créer
entre le CSIRT, la gendarmerie, l'Anssi, les acteurs institutionnels
(Région, MEL, CCI...) et les entreprises. «Pour
l'instant cela porte ses fruits. Plus on arrivera à travailler
ensemble, plus on arrivera non seulement à se protéger mais aussi à
lutter contre la malveillance numérique. En un an, on a beaucoup
rayonné, on a beaucoup produit. On a lancé des formations
cyber range, on a lancé nos offres de services, on compte une
quinzaine de start-up, 30 adhérents campus, des partenariats et des
projets qui se multiplient. La machine est en route»
résume la direction. En 2024, place donc à la «phase
d'accélération et la phase d'extension sur la région».
La feuille de route prévoit effectivement de renforcer la coopération avec les acteurs régionaux, qu'ils soient à Amiens, Dunkerque, Compiègne ou encore Valenciennes et Lens. «L'objectif est de fédérer et mettre en avant toutes les initiatives cyber qui ont lieu dans la région. On souhaite inonder de cyber toute la région». L'institution met donc la priorité sur le maillage régional avant de penser à l'international : «Les partenariats étrangers ne sont pas encore un axe sur lequel on travaille. C'est d'abord la région. Pour le moment, on ne peut pas tout faire» conclut Florence Puybareau.