Familles monoparentales: un quart des jeunes enfants qui vivent avec leur mère n'a "aucun contact" avec le père

Un quart des jeunes enfants de famille monoparentale vivent seuls avec leur mère sans "aucun contact" avec leur père, et sont particulièrement exposés à la précarité économique, selon une...

Un quart des jeunes enfants de famille monoparentale vivent seuls avec leur mère sans aucun contact avec leur père, et sont particulièrement exposés à la précarité © FRED TANNEAU
Un quart des jeunes enfants de famille monoparentale vivent seuls avec leur mère sans aucun contact avec leur père, et sont particulièrement exposés à la précarité © FRED TANNEAU

Un quart des jeunes enfants de famille monoparentale vivent seuls avec leur mère sans "aucun contact" avec leur père, et sont particulièrement exposés à la précarité économique, selon une étude des ministères sociaux publiée jeudi.

12% des enfants de moins de six ans, soit 517.000 enfants, vivent dans une famille monoparentale, majoritairement (83%) chez leur mère, selon cette étude de la Drees qui exploite une enquête réalisée fin 2021. 13% vivent en résidence alternée chez les deux parents et 4% chez leur père.

Dans un cas sur trois, "la monoparentalité est survenue avant le premier mois de l'enfant", selon cette étude des services statistiques des ministères sociaux, consacrée aux "monoparentalités" et aux "solidarités familiales".

"On peut supposer que certains parents sont séparés, mais aussi que d'autres n'ont jamais vécu en couple. Il peut s'agir de femmes qui tombent enceinte et gardent l'enfant ou bien, mais c'est plus rare, ont fait une PMA seule", explique à l'AFP la sociologue Marie-Clémence Le Pape, co-autrice de l'étude et maîtresse de conférence à l'université Lyon 2.

Parmi ces jeunes enfants vivant avec leur mère seule, 13% seulement passent un weekend sur deux et la moitié des vacances scolaires chez leur père, ce qui correspond au "droit de visite et d'hébergement (DVH) classique".

25%, soit 130.000 enfants, "ne sont jamais en contact avec leur père".

45% "se trouvent dans une situation intermédiaire", certains (14%) sont "seulement en contact avec leur père", sans être gardé ou hébergé par lui ; d'autres (16%) sont "parfois gardés mais jamais hébergés" par leur père ; d'autres (15%) sont "hébergés chez leur père mais moins souvent que dans un DVH classique".

"Mon ex-compagnon ne voit jamais sa fille. Je suis tombée par hasard nez à nez avec lui la semaine dernière, il n'a pas demandé de ses nouvelles", témoigne Esther (prénom modifié), quadragénaire habitant en région parisienne.

En mai 2024, Emmanuel Macron avait souhaité "ouvrir" un "débat" sur "un devoir de visite" des pères, "un devoir d'accompagnement jusqu'à l'âge adulte", une proposition accueillie avec scepticisme par les élus et les personnes concernées.

Cette proposition, remisée depuis à la faveur de la dissolution, avait fleuri dans le sillage des émeutes urbaines de juin 2023. Ainsi le chef de l'Etat avait relevé que de nombreux jeunes impliqués dans ces émeutes vivaient dans des familles monoparentales.

Précarité accrue

Reste que ces familles monoparentales sont surtout plus souvent touchées par la précarité, puisqu'un seul parent est susceptible d'avoir des revenus. 

"41% de ces enfants font partie des familles les plus précaires économiquement, contre 17% de ceux dont les parents sont en couple", relève Marie-Clémence Le Pape.

Lorsque les contacts avec le père sont coupés, cette précarité est accrue et touche la moitié des enfants.

"Ca coûte une fortune de faire garder ma fille. Quand du boulot tombe en dernière minute, si je n'ai pas de solution, je ne peux pas le prendre", explique Esther qui est intermittente du spectacle.

Lorsque les parents se sont séparés avant la naissance ou juste après, l'enfant, dans un cas sur deux, n'est jamais en contact avec son père. Ce n'est le cas qu'une fois sur dix lorsque la séparation intervient après la première année de l'enfant.

Parmi les autres enseignements de l'étude, lorsque la mère seule travaille à temps complet, 58% des jeunes enfants sont confiés au moins une fois dans la semaine à un proche (famille, amis, voisins), contre 34% des enfants dont les parents vivent en couple.

Les grands-parents sont en première ligne, les autres membres de la famille sont nettement moins sollicités.

"Plus la mère travaille à plein temps, plus le recours aux proches s'accroît. Moins l'enfant a de contact avec son père, plus la mère a recours au relais des proches", souligne Mme Le Pape.

"La question se pose de la situation des mères qui ne peuvent compter sur personne", conclut-elle.

36WM4MD