Faire de l’échec un tremplin pour l’avenir

Parler de son entreprise quand elle est en pleine forme, c’est facile. Par contre, dès qu’il s’agit d’évoquer des difficultés, d’un manque de trésorerie, de licenciements ou encore d’une liquidation, les dirigeants sont souvent peu enclins à s’épancher.

La journée aura été l'occasion pour les intervenants d'expliquer aux chefs d'entreprise que l'échec peut d'avérer être une force.
La journée aura été l'occasion pour les intervenants d'expliquer aux chefs d'entreprise que l'échec peut d'avérer être une force.

Rebondir après un échec peut s’avérer compliqué sans aide ni soutien. C’est pour faire prendre conscience de cet accompagnement nécessaire qu’a été organisée la première journée “24h chrono pour rebondir”, le 1er juin à la CCI Grand-Lille. A l’initiative de Second Souffle − association créée en juillet 2010 et membre fondateur du «Portail du rebond des entrepreneurs» −, cette première nationale a placé l’échec au rang de tremplin. «Ne pas autoriser l’échec, c’est ne pas autoriser l’audace», a débuté Dimitri Pivot, président fondateur de Second  Souffle, pour reprendre à sa façon la célèbre phrase de Jacques Séguéla : «Si à 50 ans, tu n’as pas connu l’échec, tu as raté ta vie.» L’association a organisé cette journée pour répondre aux besoins d’urgence et d’immédiateté des chefs d’entreprise. 30 exposants privés et institutionnels étaient donc présents, ainsi qu’un portail de 170 offres d’emplois disponibles et un programme de cinq conférences, car «ne pas se planter, c’est être bien informé», rappelle le président fondateur, rejoint par Laurent Degroote, président du CESER Hauts-de-France et fondateur du salon Créer : «Il faut changer les mentalités. Nous avons tous connu le ralentissement d’une activité, où il faut prendre des décisions difficiles et se séparer de collaborateurs. L’échec ne doit être ni un sentiment de honte, ni de culpabilité. Vaut-il mieux ne rien faire ou contribuer à entreprendre ?» Et de souligner le manque de garanties pour le chef d’entreprise : «Le dirigeant qui ferme une entreprise n’a rien, voire moins que rien, car, en général, il s’est porté caution. Emmanuel Macron est d’ailleurs le premier Président à parler d’assurance chômage pour les chefs d’entreprise.»

Entreprendre, c’est bon pour la santé ! Quand l’entreprise va mal, le dirigeant aussi. Se soigner semble être une première étape comme l’explique Bernard-Marie Augustin, chercheur, doctorant à l’observatoire à vocation sociétale Amarok (Montpellier) : «Entreprendre, c’est bon pour la santé, mais encore faut-il être en bonne santé pour entreprendre ! La santé est le premier capital immatériel de l’entreprise.» Il ira même jusqu’à qualifier l’entrepreneur de sportif de haut niveau ! Stéphanie Chasseiro, PhD, département management, droit et organisation à Skema Business School, le confirme : «La santé d’une entreprise se mesure dans celle du dirigeant, des collaborateurs et de l’organisation. Il faut savoir lever le pied !»

Que faire après un échec ? Jean-Louis Vanhée a été suivi par Second Souffle à la suite du dépôt de bilan de son entreprise de travaux publics à Valenciennes. «Une expérience très difficile psychologiquement. On voit tout en noir et on pense tout perdre. Je me suis fait accompagner, notamment par mon épouse et mes amis», avoue-t-il. Il croise sur sa route Second Souffle, vers qui il trouve un accompagnement personnel et des réunions. «J’ai repris confiance en moi et je me suis mis à mon compte pour proposer des missions ponctuelles aux entreprises en management de transition. Je ne vends plus mon CV mais mes compétences», explique-t-il. A l’aube d’un nouveau projet – il va bientôt reprendre la direction d’une entreprise – , il conseille au chef d’entreprise de commencer par se soigner lui-même avant d’envisager une reconversion.

ENCADRE

Second Souffle, une bouffée d’air frais pour les entrepreneurs en difficulté

Cette association nationale comporte cinq délégations régionales, dont une à Lille, qui regroupe une trentaine d’entreprises adhérentes. «La notion d’échec n’est pas entrepreneuriale. C’est une notion de vie tout court. Les entrepreneurs sont tout de même la première organisation sociale : ils nous permettent de travailler !» explique Dimitri Pivot, président fondateur de l’association, pour poursuivre : «On tire un enseignement de chaque échec. En France la culture, c’est de ne pas le valoriser. Il faut changer cette mentalité. Au sein de Second Souffle, nous mettons en place des ateliers pratico-pratiques qui mettent en valeur les compétences du chef d’entreprise.»

D.R.

La journée aura été l'occasion pour les intervenants d'expliquer aux chefs d'entreprise que l'échec peut d'avérer être une force.