Loi Climat Résilience 2021
Faciliter la réduction de l’artificialisation des sols
Une proposition de loi visant à faciliter la mise en œuvre des objectifs du «zéro artificialisation nette» (ZAN), fixés par la loi Climat Résilience de 2021, a été déposée au Sénat. Tour d’horizon des pistes avancées.
À
l’issue de nombreuses consultations et auditions d’associations
d’élus et de collectivités territoriales, la mission conjointe de
contrôle Zéro artificialisation nette (ZAN) du Sénat a déposé
mi-décembre 2022 une
proposition de loi pour compléter et préciser le cadre fixé par la
loi Climat Résilience en 2021. «Le calendrier est trop
court et il manque des outils pour réussir le ZAN», a
expliqué le rapporteur de la mission, le sénateur Jean-Baptiste
Blanc (Vaucluse), lors de la présentation de la proposition de
loi à la presse le 14 décembre dernier. Il convient donc d’apporter
«des corrections» à ce dispositif, dont
l’objectif est de réduire de 50% le rythme d’artificialisation
des sols entre 2021 et 2031 et d’atteindre zéro artificialisation
nette d’ici 2050.
Sortir
les territoires du flou actuel
«Beaucoup
d’annonces ont été faites mais aucune modification des textes n’a
eu lieu», a relevé la présidente de la mission, la
sénatrice du Nord Valérie Létard, en pointant
l’attitude «ambiguë» du gouvernement et «la
grande difficulté pour les territoires de se mettre en marche»
dans ce contexte. «Il est impératif de sortir les
territoires de ce flou» et, pour ce faire, «il faut
admettre que le cadre du ZAN peut être modifié, sans pour autant
remettre en cause la loi Climat». Dans sa proposition de
loi, la mission identifie 25 mesures visant à faciliter la mise en
œuvre du ZAN.
Instaurer
un forum de dialogue sur le ZAN
Pour
favoriser le dialogue territorial et mieux associer les collectivités
à l’échelon régional, la mission propose de prolonger d’un an
le délai accordé pour la modification des documents d’urbanisme
régionaux et locaux, afin de donner davantage de temps aux régions
pour échanger avec les communes. Elle suggère aussi de transformer
la conférence des schémas de cohérence territoriale (SCoT) en
«conférence régionale du ZAN», pour mieux
associer les communes et les EPCI au périmètre régional. Une
instance qui pourra servir «de forum de dialogue sur le ZAN»,
a expliqué Valérie Létard.
Un
droit minimum d’un hectare pour les oubliés de la loi Climat
Un
autre des grands axes de ces mesures vise à mieux prendre en compte
les spécificités des territoires, et plus particulièrement ceux
«qui se sentent un peu oubliés de la loi Climat»,
à savoir «les territoires ruraux et les petites
communes qui n’arrivent pas à se faire entendre»,
a poursuivi Jean-Baptiste Blanc. La mission propose d’instaurer un
plancher de droits de sorte qu’aucune commune ne dispose d’une
enveloppe d’artificialisation inférieure à 1 hectare à l’issue
de la territorialisation de l’effort de réduction de
l’artificialisation des sols. «Un filet de sécurité»
pour les territoires ruraux et les petites communes qui auraient
consommé moins de 2 hectares au cours de la dernière décennie.
Une
part réservée aux projets territoriaux
Autre
mesure phare : réserver une enveloppe pour les projets
d’intérêt territorial (site de transports en commun, équipement
public, site de production…) qui ne sera pas distribuée lors de la
territorialisation initiale, de sorte que ces projets ne viennent pas
consommer la totalité de l’enveloppe d’artificialisation des
sols attribuée à une commune seule. Une disposition destinée à
éviter que les communes abandonnent les projets d’intérêt
territorial, qui sont «nécessaires à la revitalisation
des territoires ruraux», a souligné Valérie Létard.
Droit
de préemption et sursis à statuer
La
mission propose aussi des outils pour faciliter la transition vers le
ZAN : la possibilité de surseoir à statuer sur la délivrance
de permis pour des projets qui pourraient nuire aux objectifs
du ZAN, tant que le document n’est pas révisé, et l’instauration
d’un droit de préemption ZAN permettant de réserver le foncier
présentant intérêt pour atteindre les objectifs fixés et «éviter
une ruée sur les friches», a relevé Jean-Baptiste Blanc
Sanctuariser
les grands projets d’ampleur nationale
Enfin,
la proposition de loi traite de «la question des grands
projets d’intérêt national, qui fait débat depuis le début»,
a poursuivi Valérie Létard, sénatrice du Nord, département qui
compte plusieurs projets de ce type (comme
le Canal Seine-Nord ou les gigafactories de batteries) .
«Près d’un cinquième de l’enveloppe totale
d’artificialisation des sols serait consommée par ces grands
projets, qui réduisent les enveloppes régionales et celles des
collectivités territoriales». La mission propose de placer les
grands projets d’envergure nationale ou européenne généralement
pilotés par l’État dans un «compte foncier national»
spécifique qui ne serait pas imputé aux enveloppes de la région et
des collectivités.
La proposition de loi devrait être examinée par le Sénat au cours du premier trimestre 2023.