Expobiogaz, une première à Lille

Le salon du gaz renouvelable «Expobiogaz» s'est tenu les 12 et 13 juin à Lille Grand-Palais. Une première qui sera renouvelée l'année prochaine, tant la région joue un rôle important dans la filière du biométhane.

Expobiogaz Strasbourg 6 & 7 juin 18
Expobiogaz Strasbourg 6 & 7 juin 18

Le salon Expobiogaz avait déjà réuni 3 653 professionnels du gaz renouvelable l’année dernière à Strasbourg. Pour sa huitième édition, Expobiogaz a choisi de s’installer à Lille Grand-Palais. Cette première dans la région tombe sous le sens. Avec 11 sites d’injection de biométhane, les Hauts-de-France sont en effet la première région productrice de gaz renouvelable.

Des opportunités
professionnelles

Bien qu’il ait été précurseur, le territoire a de moins en moins le monopole de la production de biométhane. D’après Mathilde Garret, chef de produit biométhane chez GRTGaz, le Grand-Est et la Nouvelle-Aquitaine suivent de près la région dans le classement des zones les plus productives. Cette tendance a d’ailleurs été remarquée dans les allées du salon : seuls 10% des exposants étaient issus des Hauts-de-France. En tout, 260 acteurs de la filière biométhane étaient derrière leurs stands pour parler business. Et pour cause : le nombre de sites de production de gaz renouvelable devrait être décuplé ces prochaines années. Et avec lui, le nombre d’emplois créés. Si bien que pour la première fois depuis l’existence du salon, un espace emploi et formation a été pensé. D’ici 2030, l’Association technique énergie environnement estime que la filière générera 10 000 emplois directs et que 60 000 emplois indirects seront créés.

Les directives de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) vont aussi dans ce sens : pour atteindre l’objectif des 6 TWh de biogaz produit par an d’ici 2030, l’activité devra forcément s’accélérer. L’ensemble des 588 installations de méthanisation en fonctionnement sur l’Hexagone représentent aujourd’hui une capacité de production de 1,4 TWh par an. Grâce aux nouveaux projets d’installation de sites, GRDF estime que la capacité de production atteindra les 1,8 TWh par an d’ici la fin 2019. Un chiffre encourageant, mais qui reste bien loin des prévisions de la PPE.

Témoignage d’agriculteur 

François-Xavier Letang gère quatre sites de méthanisation en Picardie et en Île-de-France.

Selon l’Ademe, le monde agricole détient 90% du gisement méthanisable en France. Agriculteur depuis une vingtaine d’années, François-Xavier Letang témoigne de son implication dans la filière du biométhane. En parallèle de ses récoltes de céréales, pommes de terre et betteraves sur différentes exploitations en Île-de-France et en Picardie, il a décidé de se diversifier en construisant un premier site de méthanisation en 2014, sur l’une de ses parcelles dans le centre de la France. Depuis, trois autres sites ont été érigés sous sa direction, dont deux sur ses terres picardes. Pour le moment, il ne tire pas de bénéfice de cette nouvelle activité. «Il faut attendre une dizaine d’années pour avoir un retour sur investissement. En multipliant les constructions, on devient de plus en plus exigeant, et donc de plus en plus dépensier pour avoir des installations efficaces», explique-t-il. S’il devait donner un conseil à ceux qui voudraient suivre son exemple, François-Xavier Letang n’indiquerait qu’une chose : «Il faut être bien entouré, autant en nombre qu’en compétences.» Il a lui-même embauché vingt personnes pour gérer ses quatre sites en fonctionnement.

Le point de vue de Virgile Martin, ingénieur GNV mobilité durable GRDF, Gaz Réseau Distribution France région Nord-Ouest.

«Etre un moteur pour les territoires dans le déploiement du GNV et Bio-GNV

En région Hauts-de-France, dont l’ambition est d’être la première région européenne de biométhane injecté, le sujet du GNV1 est au centre des priorités de GRDF. Notre rôle : favoriser le développement des stations de gaz. Inscrit pleinement dans le cercle vertueux du développement durable, le Bio-GNV (carburant gaz vert) réduit les émissions de CO2 de 80%. Cette qualité vient s’ajouter à celles du GNV : réduction de NOx (oxyde d’azote, -30%) et de particules fines (-93%) par rapport au diesel. Les performances environnementales du GNV et Bio-GNV  sont un atout non négligeable alors que les épisodes de pics de pollution deviennent de plus en plus réguliers. Bénéficiant d’une vignette Crit’air 1, les véhicules gaz sont aussi plus silencieux de 50%. Ils permettent d’accéder aux centres-villes, sans désagrément pour les riverains. Les collectivités d’Arras, de Boulogne-sur-Mer et de Lille utilisent déjà  le GNV pour les besoins de leurs bus. Aujourd’hui, près de 500 bus, 100 bennes à ordures ménagères et 100 poids lourds roulent au GNV en région Hauts-de-France. Le territoire dispose de huit stations publiques. L’objectif est de multiplier ces stations. Si les collectivités sont d’ores et déjà impliquées, le monde privé commence à s’y intéresser et c’est notre rôle d’accompagner l’émergence des stations, en identifiant les potentiels de flottes, jusqu’au raccordement gaz. Nos voisins européens sont dans la course depuis longtemps, avec aussi des véhicules pour particuliers. GRDF se mobilise afin de faire du GNV un relais de croissance en maillant le territoire avec le plus de stations possibles pour offrir une offre de ravitaillement cohérente aux transporteurs, pour ce carburant utilisable aussi sur des longues distances.»

1. Gaz Naturel
Véhicule