Expert RH parle aux entreprises du monde d'après

Début juin, Expert RH proposait une conférence en ligne intitulée "Soyons proactifs dans une période inédite". La deuxième du genre après celle organisée début mai sur le thème de la sortie du confinement. Plusieurs experts étaient réunis, sous l'impulsion de l'entreprise de conseil en Ressources humaines amiénoise.

 Laurence Petit-Dessaint animait cette conférence en ligne début juin depuis le studio TV installé par Trait de Lumières.
Laurence Petit-Dessaint animait cette conférence en ligne début juin depuis le studio TV installé par Trait de Lumières.

C’est dans un décorum d’émission de télévision mis en place par l’entreprise audiovisuelle amiénoise Trait de Lumière et animé par Laurence Petit-Dessaint, ingénieure en stratégie humaine chez Expert RH, que de nombreux dirigeants et directeurs de Ressources humaines d’entreprises des Hauts-de-France ont pu assister à la conférence en ligne du 4 juin. Une heure pour prendre appui sur des avis de quatre experts réunis sur un plateau afin de mieux reprendre l’activité de l’entreprise. « Avec la reprise d’activités, l’entreprise se trouve en effet au carrefour de multiples sujets. Les changements identifiés à investir se mesurent par le rapport bénéfices et inconvénients de ces nouvelles donnes. Le moment s’avère propice au développement de dynamiques inventives et réalistes », expose en introduction Laurence Petit-Dessaint également auteure et conférencière. Elle faisait d’ailleurs partie du reportage d’Envoyé Spécial de France 2 diffusé le 11 juin sur la révolution en entreprise en tant que coach d’entreprise. Il ressort notamment de cette période inédite que le télétravail a connu un essor spectaculaire et que les salariés souhaitent le maintenir à 73% d’après les derniers chiffres Insee. Le temps de transport supprimé est une des raisons de cet engouement. 54% de la population en télétravail regrette cependant le manque d’accompagnement managérial pendant cette crise. « Le télétravail a montré la capacité de changer et le retour au travail début juin a fait surgir une anxiété certaine. Le discours de vérité s’appuiera sur différentes variables d’ajustements comme la flexibilité, la capacité à créer une task force, à cibler des leaders alternatifs, à évaluer les craintes, à être accompagné et à faire preuve d’innovation », explique Laurence Petit-Dessaint avant de donner la parole à Christophe Boyer, chef de service au Samu Smur du CHU Amiens-Picardie.

Conférence en ligne par Expert RH sur comment être proactifs dans cette période inédite.

Conserver les mesures barrières

Pour le médecin, cette pérennité des mesures barrières est fondamentale. La distanciation physique, le port du masque et le lavage des mains sont les meilleures mesures. Le port de gants est un faux ami car le virus passe à travers. « La période octobre-novembre sera la plus ambiguë avec les autres virus de la grippe et de la gastro. Il ne faut donc pas relaisser flamber et être reconfinés. Il faut arrêter de se faire la bise quand on arrive au travail. Je touche le masque, je me lave les mains. Le télétravail contribue aussi à la baisse de la propagation du virus en effet », affirme-t-il. Pour la dirigeante d’Expert RH Christine Debureaux, les entreprises de toutes tailles ont bien pris la mesure de l’événement et se sont organisées. La garde des enfants étant une réelle problématique économique, donc la relance est moins forte. De nombreuses entreprises ont décidé de poursuivre le télétravail au moins jusqu’au 10 juillet, date de la fin de la crise sanitaire reconnue par l’État. « Les salariés ont une réelle capacité d’adaptation. Il n’est pas non plus si évident de réintroduire dans l’entreprise un salarié qui a été arrêté pendant dix semaines. Alors on voit des arrêts de travail apparaître. Le taux d’absentéisme va augmenter. Après le 10 juillet, il y a aura plus de formalisme dans la mise en place du télétravail, pour le structurer davantage. Il faudra négocier soit un accord, soit une charte télétravail avec un avenant au contrat de travail qui fixe les conditions, sans oublier de penser aux frais et à la prise en charge de l’espace définitif aménagé chez le salarié : téléphone, chauffage, électricité, calcul de surface occupée, quote-part du loyer », souligne Christine Debureaux.

“Les salariés ont une réelle capacité d’adaptation”

« Il faut moins d’aides de l’État »

« Pour que la reprise économique fonctionne il faut moins d’aides de l’État. Les salariés n’ont pas encore conscience qu’il faut reprendre l’activité. Les chefs d’entreprise, eux, l’ont bien compris. Plus de 12 millions de salariés ont bénéficié de plus de 11 milliards d’euros de mesures de sauvegarde de l’emploi. Des contrôles vont être engagés. D’abord dans le bâtiment et les Travaux publics, puis dans les entreprises de services qui ont sollicité le recours au chômage partiel en masse. » Guillaume Demarcq, avocat au barreau d’Amiens, spécialiste en droit pénal chez Amarante Avocats, a conclu sur la nécessaire et perpétuelle concertation avec les salariés sans oublier l’aspect technique et notamment les risques informatiques et en particulier de cyberattaque contre lesquels il est plus que vital de se prémunir. « C’est un inédit historique qui va nécessiter une réaction inédite. Les enjeux économiques sont importants pour le monde d’après. Ce sera un gros travail pour les chefs d’entreprise de décider dans l’incertitude et le brouillard de la guerre. »


Entrer dans l’ère du “co” : collaboration, collectif, co-determination, conscience individuelle

La prochaine conférence en ligne d’Expert RH sur les risques psychosociaux prévu début juillet permettra d’évaluer les conséquences sur le moral des salariés des décisions nécessaires de changement dans les entreprises, d’identifier si la structuration des modes opératoires d’urgence apportent les éléments de satisfaction requis afin d’éviter des glissements vers des tensions à risques psychologiques et sociaux. « Tout cela croisé avec les éléments sanitaires et les process réglementaires qui vont évoluer de manière conséquente, annonce déjà Laurence Petit-Dessaint. La capacité de chacune et chacun à prendre l’importance  des enjeux sera déterminante, mesurer comment cela s’effectue sera riche d’enseignements. Le temps est un allié pour qui veut s’en emparer. »