Européennes: pour LR, l'électeur est dans le pré
Une céréalière désignée numéro deux de la liste aux européennes, une multiplication des visites de fermes ou encore un Livre blanc sur l'agriculture: LR surfe sur la grogne dans le milieu agricole pour trouver sa place...
Une céréalière désignée numéro deux de la liste aux européennes, une multiplication des visites de fermes ou encore un Livre blanc sur l'agriculture: LR surfe sur la grogne dans le milieu agricole pour trouver sa place dans la campagne électorale, entre RN et majorité.
"Je défends mes convictions et je pense qu'aujourd'hui LR est le parti qui peut vraiment faire entendre la voix de l'agriculture et de la ruralité", a déclaré Céline Imart, au lendemain de sa désignation comme numéro deux de la liste LR aux européennes lors de la visite d'une ferme en Seine-et-Marne.
Cette céréalière du Tarn, accompagnée par le président de LR, Eric Ciotti, et la tête de liste du parti, François-Xavier Bellamy, s'est engagée à "porter la voix du monde agricole (...) et de ses difficultés" dans la campagne et au Parlement européen.
A quelques jours de l'ouverture samedi du Salon de l'agriculture, la droite ne cesse de se montrer à l'écoute d'un électorat qui lui était autrefois favorable, mais où le Rassemblement national (RN) a depuis creusé lui aussi son sillon.
Diplômée de Sciences Po Paris et de l'Essec, Mme Imart, âgée de 41 ans, a choisi de reprendre l'exploitation familiale dans le Tarn. Elle est porte-parole d'Intercéréales, l'interprofession qui regroupe producteurs, coopératives et exportateurs des céréales en France.
"Il faudrait être aveugle pour ne pas voir que les votes portés par LR font honneur à notre agriculture (...) contrairement à d'autres partis", a-t-elle affirmé pour justifier son ralliement à la droite.
Avant une table ronde avec des agriculteurs, elle a taclé ses adversaires politiques notamment la tête de liste du RN, Jordan Bardella, à qui elle a implicitement reproché de ne pas "avoir été présent" à Bruxelles.
Elle s'en est pris également à Renaissance qui "fait beaucoup de communication" et au Premier ministre, Gabriel Attal, avant sa conférence de presse de mercredi consacrée à la crise agricole.
"Il y a des choses qui peuvent aller dans le bon sens, mais on sera très loin du compte", a-t-elle anticipé, accompagnée également par les députés LR Julien Dive et Jean-Louis Thiérot et le sénateur Pierre Cuypers.
"Nous sommes face à des pompiers-pyromanes", a renchéri M. Ciotti, qui soupçonne M. Attal de "tenter d'éteindre l'incendie que ses amis (de Renaissance) ont allumé au sein du Parlement européen".
De son côté, M. Bellamy s'est dit "heureux" de mener cette campagne au côté de Mme Imart qui, selon lui, "représente cette France rurale qui se sent souvent oubliée, qui se sent loin de Bruxelles et de Strasbourg".
Ce déplacement dans une ferme est le deuxième de la tête de liste LR qui avait lancé sa campagne il y a trois semaines dans une exploitation de l'Oise.
Pas de "renforcement du RN
M. Bellamy se dit d'ailleurs conforté par les sondages - autour de 8% des intentions de vote - après avoir traversé sans trop de casse les fortes turbulences qui ont secoué sa campagne avec le débauchage de Rachida Dati au gouvernement et la censure par le Conseil constitutionnel des mesures que LR était parvenu à imposer dans la loi sur l'immigration.
"J'aurais pensé spontanément que la crise agricole allait encore renforcer le RN, mais ça ne s'est pas produit", a-t-il indiqué lors d'un récent déplacement à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) pour écouter les doléances des pêcheurs.
D'autres personnalités de LR ont multiplié les visites de fermes ces dernières semaines pour écouter les doléances des agriculteurs.
Laurent Wauquiez, qui nourrit des ambitions élyséennes pour 2027, est lui-même sorti du bois au cours des trois dernières semaines pour visiter 17 fermes, n'hésitant pas à aller au-delà du territoire de la région Auvergne-Rhône-Alpes qu'il préside pour se rendre notamment en Moselle ou dans le Var.
A l'Assemblée nationale, les députés LR, pour une grande partie d'entre eux issus de circonscriptions rurales, se montrent aussi actifs.
Ils ont présenté fin janvier un Livre blanc comprenant 60 propositions pour faire du secteur agricole un "enjeu stratégique" afin de répondre à la colère actuelle.
Elles sont le fruit d'une autre "tournée des fermes", celle menée par le député Julien Dive depuis juillet.
34JJ4WB