Eurasanté récompense les projets novateurs

Depuis 2013, le concours célèbre l'innovation, qu'elle soit scientifique ou organisationnelle, destinée à améliorer les conditions de vie et de travail des patient et des acteurs du milieu.

Renaud Dogimont
Renaud Dogimont

Cette année, le concours a reçu une mobilisation record avec 40 dossiers inscrits contre 14 en 2016. Une participation qui résulte de l’élargissement du champ des inscriptions à la région Haut-de-France : 25% des candidatures viennent de l’ancienne Picardie. Parmi les lauréats, quatre d’entre eux se sont vu remettre le Prix coup de cœur par les partenaires d’Eurasanté : Oratorio, GCS e-santé Picardie, la cellule d’évaluation des technologies de santé (CETS) du CHRU de Lille et Clubster Santé. «Ces innovations sont tournées vers l’ensemble des professions médicales», souligne Didier Delmotte, président d’Eurasanté. Le but de l’opération ? Aider à l’incubation des projets pour aboutir à une création d’entreprise ou à un transfert vers une entité existante.

Phrase à mettre en gros entre guillemets dans le texte

«L’objectif est d’améliorer le soin aux malades»

Chems Eddine Bouchakour.

Le pousse-seringue à pédale, présenté par Chems Eddine Bouchakour, anesthésiste réanimateur au Groupement des hôpitaux de l’Institut catholique de Lille (GHICL).

Lorsqu’une anesthésie locorégionale (qui endort une partie du corps) est pratiquée, le médecin anesthésiste utilise une sonde échographique afin de trouver le nerf et injecte ensuite le produit autour de celui-ci. Cependant, pendant l’injection, le médecin doit lâcher l’aiguille qui peut s’éloigner du nerf et provoquer un échec de l’anesthésie, voire une lésion nerveuse. «On peut demander de l’aide pour l’injection et l’aspiration mais cela constitue une charge de travail supplémentaire pour le personnel paramédical», explique Chems Eddine Bouchakour. Afin de faciliter le travail des anesthésistes et éviter les risques pour les patients, il a l’idée de créer un pousse-seringue électrique relié à une commande au pied afin d’injecter sans lâcher la seringue. Le médecin souhaite désormais concrétiser son projet avec un prototype et l’aide d’industriels et d’ingénieurs.

 

 

Jean-Marc Dubaele – Solution thérapeutique.

Une nouvelle formulation d’une solution thérapeutique à destination des enfants, présentée par Jean-Marc Dubaele, hospitalier-pharmacien au CHU Amiens-Picardie.

«Il y a une absence de médicaments destinés à la pédiatrie», selon Jean-Marc Dubaele. Les enfants absorbent des médicaments destinés aux adultes, souvent broyés dans leur nourriture. Avec de nombreux risques, notamment l’imprécision de la dose administrée. Le concept est porté par le groupe de recherche en pharmacotechnie pédiatrique, composé de trois pharmaciens hospitaliers, Jean-Marc Dubaele, Maïté Libessart et Frédéric Marçon, et d’un ingénieur analytique, Benjamin Villon. Il a pour but de proposer une solution buvable adapté aux enfants à partir d’un principe actif prescrit régulièrement. Si les détails du dossier restent confidentiels, le groupe espère échanger sous peu avec des industriels afin de développer le projet, initié en 2014. «On essaye de sécuriser les médicaments administrés par voie orale pour les patients et accompagnants

 

Thierry Senlis – Mouth Mouse.

Le Mouth Mouse présenté par Thierry Senlis, stomatologiste et chirurgien maxillo-facial. Prix coup de cœur CETS

«Aujourd’hui, il y a 52 000 tétraplégiques et paraplégiques en France, dont 22 000 tétraplégiques», résume Thierry Senlis. Afin de donner plus d’autonomie à ces patients, il met au point une souris pilotable avec la langue avec l’aide d’un ami ancien professeur des IUT spécialisé dans la robotique. «L’idée est de rendre un doigt pour faire fonctionner une souris, un ordinateur, une tablette, une chaise roulante», explique-t-il. Le concept ? Une gouttière pleine de capteurs, connectée à un port USB et adaptée à la mâchoire supérieure, dont le mouvement lingual émet un signal compatible avec celui d’un ordinateur.

 

 

 

Alban Parmentier.

La canne à pression modulable présentée par Alban Parmentier, kinésithérapeute libéral à Tourcoing, et Michel Convain, ingénieur à la retraite. Prix coup de cœur Clubster Santé

Le projet démarre d’un constat d’Alban Parmentier : ses patients en rééducation équipés d’une canne mettent trop de poids sur celle-ci, entraînant une perte musculaire et des pathologies sur les bras et poignets. De sa rencontre avec Michel Convain, un ancien patient, voit le jour un embout modulable qui prévient par un signal sonore si une pression trop grande est effectuée. «Le but est de contraindre le patient à ne pas trop mettre de poids sur la canne», souligne Alban Parmentier. Peu coûteux et fiable, ce dispositif permet d’adapter les exercices pendant la rééducation. Les créateurs cherchent désormais à développer le produit avec des industriels.

 

Stéphanie Joly.

La plate-forme régionale handicap, présentée par Stéphanie Joly, chef de service GP vie (Gestion parcours de vie). Prix coup de cœur GCS e-santé Picardie

Porté par Alexandre Gellée, infirmier à l’EPISSOS (foyer de vie de Frocourt), Stéphanie Joly et Hélène Trouillet, formatrice-conseil, le projet a pour vocation de fluidifier les échanges entre établissements et personnes atteintes de handicap. «Les établissements sont tous différents et ne prennent pas forcément en compte les attentes et les besoins du patient», explique Stéphanie Joly. La plate-forme, alimentée par des partenaires du secteur, donne une visibilité sur les places disponibles et les services mis à disposition pour les professionnels de santé.

 

Renaud Dogimont.

 

L’hôpital «hors les murs», présenté par Renaud Dogimont, directeur général du Centre hospitalier de Douai. Prix coup de cœur Oratorio

«Nous avons un établissement prospère dans un contexte de précarité», résume Renaud Dogimont. L’hôpital «hors les murs» vise à travailler aux côtés des structures associatives pour organiser des ateliers d’information et des dépistages directement dans les quartiers. «On veut réintégrer ces personnes dans un parcours de santé», lance le directeur. 2 150 personnes se sont fait dépister gratuitement depuis septembre 2015 au cours des actions menées par l’hôpital et 13 spécialités médicales sont représentées parmi les services proposés. Grâce au soutien d’Oratorio, Renaud Dogimont bénéficiera d’un mécénat de compétence afin de développer son projet.