État et collectivités se disputent l’aide aux entreprises

Comment gérer au mieux le mécano des outils publics d’accompagnement des entreprises ? Débat animé sur la répartition des rôles entre l’État et les collectivités, à Bercy, sur fond de réforme territoriale et de restriction des dotations de l’État aux collectivités.

Comment gérer au mieux le mécano des outils publics d’accompagnement des entreprises ? Vaste question posée récemment à Bercy.
Comment gérer au mieux le mécano des outils publics d’accompagnement des entreprises ? Vaste question posée récemment à Bercy.
Comment gérer au mieux le mécano des outils publics d’accompagnement des entreprises ? Vaste question posée récemment à Bercy.

Comment gérer au mieux le mécano des outils publics d’accompagnement des entreprises ? Vaste question posée récemment à Bercy.

La bonne nouvelle, c’est que la lettre de mission devrait bientôt être transmise… Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, aurait demandé à Christophe Clergeau, vice- président du Conseil régional des Pays de la Loire (PS) de réfléchir à une meilleure collaboration entre État et collectivités territoriales dans l’accompagnement des entreprises. Car le sujet est loin d’être épuisé, à en suivre les échanges du débat «attractivité des territoires et compétitivité : concilier l’action de l’État et des acteurs locaux», qui s’est tenu à Bercy, le 4 novembre. C’était dans le cadre des rencontres : «nouvelle politique industrielle et stratégie d’attractivité territoriale», organisées par la DGE, la Direction générale des entreprises. Pour Christophe Clergeau, le rôle des régions et des autres collectivités est central pour améliorer l’environnement des entreprises. Et quant à la forme que doit prendre ce rôle, l’élu évoque une «animation de territoires en réseau», préférable à une politique de mise en place de filières. «La qualité des territoires, c’est la plasticité, la capacité à se remodeler en permanence», avance Christophe Clergeau. Partant, «les PME ne doivent pas se positionner sur une seule filière», ajoute-t-il. En terme d’articulation de la politique publique d’accompagnement des entreprises, s’il reconnaît à l’État «un rôle irremplaçable», le vice- président de la région Pays de la Loire estime se heurter «à une résistance du jacobinisme qui fait obstacle à ce que ces outils deviennent partagés entre l’État et les régions». Illustration par la gouvernance centralisée choisie pour la BPI (Banque publique d’investissement), au motif – non justifié, d’après Christophe Clergeau , du risque d’ «arrosage» des capitaux par les acteurs publics locaux. De plus, la baisse des dotations de l’État aux collectivités et des aides apportées aux pôles de compétitivité et aux réseaux consulaires, crispe ultérieurement la situation. «C’est un choc de déstabilisation des outils d’accompagnement économique», estime Christophe Clergeau. Autre souci encore, «aujourd’hui, on se pose la question de l’utilité des services déconcentrés de l’État en matière de développement économique», ajoute Christophe Clergeau qui évoque des «doublons» et dresse le tableau de centaines de développeurs économiques payés par divers fonds publics pour accompagner les entreprises, plutôt habitués à se concurrencer qu’à collaborer.

Des articulations à redéfinir ?

«Nous plaidons pour une nouvelle répartition des rôles, un nouveau contrat État-territoires», avance donc Christophe Clergeau. Pour lui, les régions pourraient devenir l’outil d’une mise en œuvre de la politique déconcentrée de l’État. Pourtant, à en suivre Christiane Barret, préfète en région Poitou- Charentes, sur le terrain, la répartition des rôles fonctionne. «Chacun a son rôle à jouer, en évitant les doublons. En Poitou-Charentes, on travaille ensemble», relate-t-elle. Concrètement, un dispositif concernant l’accompagnement des entreprises réunit le Conseil régional, l’État et des financeurs, pour s’entendre sur les différents dossiers. En Bretagne aussi, l’articulation des politiques des différents échelons territoriaux porte ses fruits, d’après l’exemple du pôle excellence cyber-défense. «C’est un bon exemple d’une nouvelle articulation qui se crée en ce moment», estime en tout cas Gwendal Rouillard, député du Morbihan (PS). Là, «des PME ont pu se développer, parce que l’État stratège a joué son rôle», relate l’élu. À la base : un objectif national de défense clairement posé, qui fait de la cyber-défense l’une de ses priorités. Et dans la région, la déclinaison du «pacte PME défense», qui compte une cinquantaine de mesures, a pleinement profité aux entreprises locales. Dans une autre région encore, en Aquitaine, Exosun, start-up positionnée sur les technologies solaires, a bénéficié du soutien de la région pour exporter. Et l’État a également joué son rôle : d’abord lauréate au concours du ministère de la Recherche, l’entreprise a ensuite été soutenue, notamment depuis 2012, date à laquelle l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) est rentrée dans son capital, dans le cadre des investissements d’avenir. La société, positionnée sur ce marché émergent, «doit agir vite. La réaction est plus rapide en région», témoigne Frédéric Conchy, PDG de l’entreprise. Pour obtenir l’aide de l’État, poursuit le dirigeant, «au début, on a eu du mal à être aidés (…) il a fallu avoir une action un peu lobbyistique.»