Et si le salut de l’Europe passait par la culture ?
Le Vieux Continent peut-il sortir de la crise grâce à un de ses principaux atouts, connu et reconnu : la culture ? C'est ce qu'amène à penser une récente étude réalisée par le cabinet d'audit Ernst & Young, à l'initiative du Gesac, le Groupement européen des sociétés d'auteurs et compositeurs.
Quel est le poids économique de la culture en Europe ? Intitulée «Les secteurs culturels et créatifs européens, générateurs de croissance», l’analyse du cabinet d’audit Ernst & Young publiée en décembre 2014, révèle que ces secteurs représentent près de 535,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit 4,2 % du PIB européen, et emploient 7,1 millions de personnes dans l’UE. Ainsi, on est loin d’une économie marginale et sclérosée dans les onze domaines étudiés : livre, presse, musique, spectacle vivant, arts plastiques et graphiques, télévision, cinéma, radio, jeux vidéo, architecture et publicité. Ces industries culturelles et créatives (ICC) sont non seulement un pôle important de l’économie européenne mais elles constituent une source d’inspiration et de solutions. Avec une croissance maintenue malgré la crise et des adaptations réussies aux nouvelles technologies, les leçons à tirer des ICC sont effectivement nombreuses.
Résister à la crise et s’adapter aux évolutions
Les onze domaines des industries culturelles et créatives (ICC) observés pour la première fois dans l’ensemble de l’UE ( 28 États membres) ont fait preuve d’une capacité d’adaptation exceptionnelle. Alors qu’entre 2008 et 2012, l’emploi en Europe a connu une baisse 0,7 % par an, il a été en hausse annuelle de 7 % dans les ICC durant la même période. Et pour cause, l’Europe a pu s’appuyer sur les géants du secteur comme, par exemple, sept des dix plus gros éditeurs au monde (Pearson, Reed Elsevier, Wolters Kluwer, Random House, Hachette Livre, Grupo Planeta, Holtzbrinck), cinq des dix principaux festivals de la planète (Donauinselfest Music Festival, Sziget Music Festival, Avignon Festival, Edinburgh International Festival…) et le leader mondial du secteur musical (Universal), entre autres. Ces très grandes entreprises se reposent sur un marché européen féru de culture : 100 millions de journaux sont vendus et distribués quotidiennement, 930 millions de tickets de cinémas sont achetés par an et quatre Européens sur cinq écoutent la radio au moins deux heures par jour.
L’avenir d’une croissance
Les secteurs de la culture et de la création regroupent près 3,3 % de la population active de l’UE, soit presque 2,5 fois plus que l’industrie automobile. Ils conservent un grand potentiel, comme l’industrie du jeu qui devrait croître d’encore 9 % entre 2012 et 2015, d’après l’analyse d’Ernst & Young. Le développement de ces ICC peut clairement faire partie de la solution à la crise européenne, comme le souligne le Président du Parlement européen, Martin Schulz, dans son éditorial à l’étude : «la culture est un des plus grands atouts de l’Europe», celui-ci rajoutant « ce que nous devons faire, c’est préserver et promouvoir notre culture pour qu’elle se diffuse au-delà des frontières européennes et non la défendre aveuglément de toutes influences étranagères ». Précisément, dans le cadre du projet d’accord de libre échange UE/États-Unis (TAFTA : Trans-Atlantic Free Trade Agreement), les ministres européens du Commerce ont exclu l’audiovisuel des négociations. Cependant, est-ce que d’autres secteurs créatifs européens pourraient être inclus dans ces discussions et, à terme, être victimes d’une concurrence venue d’outre-Atlantique ? Cet accord, d’après une estimation du Center for Economic Policy Research de Londres augmenterait le PIB européen de 119 milliards d’euros par an…