"Envoyer un message au monde"
La communauté urbaine de Dunkerque est à l'initiative d'un nouveau réseau regroupant les villes mémoires, seloncelles qui, à son image, ont subi une destruction totale ou partielle durant l'une des deux grandes guerres mondiales. Elles seront présentes le 27 mai à Dunkerque pour parler de leur expérience, de reconstruction, de tourisme de mémoire et d'avenir.
“Repositionner l’agglomération dunkerquoise sur la place du monde en s’appuyant pour une fois sur son passé, celui d’une ville rasée pendant la guerre mais qui a su se reconstruire et se relever, et qui peut encore le faire aujourd’hui, parce que cet esprit de résilience fait partie de son ADN“, c’est, comme le précisait Patrice Vergriete, président de la communauté urbaine de Dunkerque, le moteur de la manifestation dédiée aux “Villes mémoires”, organisée depuis le 3 mai et jusqu’au 4 juin dans l’agglomération dunkerquoise. Expositions, ateliers, conférences, témoignages, visites des hauts lieux de mémoire du territoire, interventions dans les écoles, lectures théâtrales… De nombreux rendez-vous ont été programmés en partenariat avec de multiples acteurs du territoire, tels que le Fonds régional d’art contemporain, le réseau des Balises, l’Office de tourisme, le fort des Dunes, le Bastion 32, le Centre de mémoire de Bourbourg… Le tout − dans un contexte politique particulier où le repli sur soi gagne du terrain − va d’une part donner l’occasion à la population de se remémorer cette partie de son histoire, “qui n’est pas neutre dans l’identité de la ville et laisse une trace indélébile dans son histoire” selon l’élu, mais aussi “d’envoyer un message au monde“.
Un projet d’union.
En effet, même si les relations internationales occupent une place importante dans la politique de la communauté urbaine de Dunkerque, “jamais on ne s’est appuyé sur une caractéristique de l’histoire du territoire pour s’adresser au monde“, soulignait le président de la collectivité. Et qui de mieux placée qu’une ville qui a subi le traumatisme des deux guerres pour s’exprimer sur la montée du nationalisme ? Le projet, sur lequel travaillait la CUD depuis deux ans, a fédéré d’autres villes marquées par la même histoire. Saint-Pétersbourg et Volgograd (Russie), Hiroshima (Japon), Gansk (Pologne), Guernica (Espagne), Ypres (Belgique), Bizerte (Tunisie), Rostock (Allemagne), Le Havre, Caen et Oradour-sur-Glane ont toutes pour particularité d’avoir été défigurées par les deux grandes guerres mondiales. Elles se retrouveront le 27 mai au Kursaal de Dunkerque, “une date qui n’est pas anecdotique puisqu’il s’agit de l’une des dates les plus sanglantes à Dunkerque, au lendemain du lancement de l’opération Dynamo“, rappelait Patrice Vergriete. Ces douze villes inaugureront la 1re conférence des Villes mémoires dont l’objectif est d’engager une réflexion collective et un débat à partir des expériences vécues et des spécificités propres à chaque territoire. Ce temps fort s’articulera autour de trois tables rondes dont les thèmes seront la reconstruction urbanistique, la culture et l’attractivité, par le prisme du tourisme de mémoire, la dimension politique, à travers notamment la résurgence des sentiments nationalistes. “Nous n’avons pas de leçon à donner sur la montée du nationalisme en Europe, mais ces villes qui en ont connu les conséquences ont la légitimité pour en parler, c’est un message de portée universelle“, insistait Patrice Vergriete. La volonté de la Communauté urbaine est, au-delà de l’événement, de structurer ce réseau, unique en son genre, de manière “à faire perdurer et renforcer ce message politique à l’adresse du monde“, concluait le président.