Conjoncture

Entretien avec Maître Virginie Blondel-Leognany, notaire associée à Tergnier

Notaire associée à Tergnier et déléguée à la communication à la Chambre des notaires de Picardie, Maître Virginie Blondel-Leognany dresse pour Picardie La Gazette un état des lieux du marché immobilier axonais et revient sur les évolutions de la profession.

Maître Virginie Blondel-Leognany, notaire associée à Tergnier et déléguée à la communication à la Chambre des notaires de Picardie.
Maître Virginie Blondel-Leognany, notaire associée à Tergnier et déléguée à la communication à la Chambre des notaires de Picardie.

Picardie La Gazette : Quel regard portez-vous sur le marché immobilier axonais ?

Maître Virginie Blondel-Leognany : Le département est découpé en cinq arrondissements, Laon, Château-Thierry, Saint-Quentin, Soissons et Vervins. Lorsqu’on se penche sur les statistiques, on s’aperçoit qu’il y a de fortes disparités selon les territoires, que ce soit en termes de volumes de ventes ou de pris de vente au mètre carré.

Sur la période du 1er septembre 2021 au 31 août 2022, le volume de ventes de maisons anciennes sur l’arrondissement de Château-Thierry était à titre d’exemple quasiment deux fois moins élevé que celui de l’arrondissement de Laon, et le prix médian pour ce type de biens, sur Château-Thierry, est beaucoup plus élevé.

Ce qui peut peut-être s’expliquer par la proximité de l’Île-de-France : lors de la crise sanitaire de 2020, le volume de ventes a globalement augmenté, avec des acheteurs venant de la région parisienne, les prix étant plus abordables dans notre secteur, qui est de plus relativement bien desservi en termes de transports. À Tergnier, le marché demeure aujourd’hui assez dynamique, les prix sont attractifs, la desserte en termes de transports est appréciée et le cadre de vie agréable.

La nouvelle législation concernant l’encadrement du crédit a-t-elle un impact sur l’activité ?

Nous avons effectivement ressenti un ralentissement, plutôt à la rentrée de septembre, le taux d’usure étant à cette époque vraiment bas. Faire passer les dossiers était un peu plus compliqué et il y a eu quelques refus de prêts. En novembre, on sent à mon sens à un léger rebond, peut-être dû à la révision du taux d’usure en octobre. Mais une fois encore, cela dépend des secteurs, certains sont moins plébiscités que d’autres dans le département, les acquéreurs veulent un bien à la campagne mais avec l’ensemble des commodités d’usage à proximité.

Plus largement, où en-est la profession en matière de digitalisation ?

Avec le Covid, nous avons fait un grand pas en avant et la profession a accéléré sa transformation digitale. Les actes électroniques existaient déjà depuis plus de dix ans, ils sont de plus en plus utilisés, c’est un vrai gain de temps, tant pour le notaire que pour le client, et un vrai gain de places pour le stockage des archive. La signature à distance s’est elle fortement démocratisée depuis la pandémie, c’est une bonne évolution, mais il ne faut que cela déshumanise la profession. À titre personnel, je ne la pratique pas de façon systématique et privilégie les rendez-vous en présentiel, et les desiderata du client, plus ou moins à l’aise avec le distanciel. C’est une approche qui dépend vraiment des personnes et des secteurs.

Les notaires mettent aussi l’accent sur la communication, comment cela se traduit-il concrètement ?

La Chambre régionale des notaires de Picardie met en place régulièrement des opérations de communication, pour rappeler que nous sommes à la disposition des clients. Des sacs à pains vont par exemple être distribués dans de nombreuses boulangeries, pour communiquer sur les permanences téléphoniques gratuites sans rendez-vous qui seront assurées par des notaires volontaires à partir du 17 janvier prochain, tous les mardis de 9 heures à midi.

Beaucoup de notaires de Picardie vont également participer au Téléthon à Compiègne le 3 décembre prochain, c’est important pour la profession de montrer qu’elle est investie dans la vie citoyenne, et casser l’image, fausse, que nous pouvons parfois véhiculer, du notaire enfermé dans son bureau et inaccessible. Nous sommes disponibles, ouverts au monde et là pour nos clients.

La profession attire-t-elle toujours les jeunes ?

Nous rencontrons des difficultés pour recruter des clercs qualifiés, notamment à mon sens depuis la disparition de l’École de clercs liée à la réforme des formations. Je trouve qu’il y a un manque de communication sur les différents métiers du notariat : clerc, formaliste, comptable notarial…, qui sont des fonctions clés et valorisantes et gratifiantes. Le notaire a besoin d’être entouré d’une équipe de collaborateurs compétents pour exercer pleinement sa fonction. C’est un des objectifs de la Chambre, de faire connaître aux jeunes l’ensemble de ces métiers pour qu’ils aient envie de rejoindre nos études.