Entreprises créées début 2010 : génération (ré)enchantée ?
Trois ans après leur création, 71% des entreprises fondées au premier semestre 2010 sont toujours actives. Ainsi, cette génération bénéficie d’une meilleure pérennité que la précédente de 2006, selon l’Insee. Une récente étude de l’institut permet d’en savoir plus sur les clés de cette durabilité (1) . «Entreprendre» constitue un défi, mais «durer» est un challenge. Dans une récente analyse, l’Insee s’intéresse aux clés de cette pérennité des structures créées au premier semestre 2010 et observées par le Sine (Système d’information sur les nouvelles entreprises). Pour tous les secteurs, la survie de cette génération est plus élevée que celle de 2006. L’Insee donne des éléments pour comprendre cette évolution.
Évolutions et conjoncture
Elles étaient 262 000 entreprises à voir le jour en 2010 (hors régime de l’auto-entrepreneur). Parmi elles, 138 000 ont été lancées au premier semestre. Pour celles-ci, la pérennité à trois ans est de 71 %, un niveau plus élevé que pour les entreprises nées au premier semestre 2006 (66 %). Pour les deux générations, les proportions de structures encore actives un an après leur création sont identiques (91 %). À horizon de trois ans, le risque de cessation d’une année sur l’autre pour la génération 2010 se stabilise vers 12 %. Par contre, pour celle de 2006, ce risque était déjà de 14 % en deuxième année et atteignait 16 % en troisième année. Ce moment coïncide avec la période de récession, débutée fin 2008 et accentuée en 2009. Cette conjoncture défavorable explique ces variations entre 2006 et 2010, mais aussi l’apparition du régime de l’auto-entrepreneur en 2009, argumente l’Insee. Néanmoins, il existe des secteurs plus ou moins touchés par cette amélioration de la pérennité en 2010.
Gagnants et perdants suivant les secteurs
Les secteurs de la santé, de l’industrie et du transport-entreposage sont plus solides, avec des taux de survie proches de plus ou moins 80 %, mais ils rassemblent seulement 15 % des créations, relève l’institut de conjoncture. Dans le commerce, qui concentre un quart des créations d’entreprises au premier semestre 2010, la pérennité est plus faible : seulement 64 % des nouvelles entreprises commerciales sont toujours actives au bout de trois ans. Dans la construction, qui concentre une création sur cinq, le maintient à trois ans s’élève à 68 %. À noter que pour ce secteur et les activités immobilières, impactées par la crise de 2008- 2009, le taux de survie augmente moins vite que partout ailleurs entre les générations 2006 et 2010. En dépit de cette diversité de situations entre secteurs, au niveau de l’emploi, on observe une stagnation globale. En effet, la hausse du nombre de salariés dans les entreprises pérennes (61 000) compense les pertes d’emplois dans les entreprises ayant cessé leur activité (62 000) entre septembre 2010 et décembre 2013. La pérennité, une arme contre le chômage mais comment l’assurer ?
Des idées pour durer
L’Insee pointe ce qui facilite la survie des structures. Premier gage de réussite, les moyens financiers au démarrage : parmi les entreprises débutant avec moins de 2 000 euros, seulement 65 % sont encore actives trois ans après leur apparition, quand les 7 % d’entreprises ayant disposé de plus de 160 000 euros sont 83 % à fonctionner encore après ce délai. Autres facteurs, le niveau de diplôme du créateur et l’expérience favorisent aussi leur survie. Deux tiers des entreprises formées début 2010 par un créateur sans diplôme sont actives trois ans après, contre 78 % pour les diplômés de niveau Bac +5 ou plus. Deux tiers des structures lancées par des personnes sans expérience dans leur nouveau métier sont encore en activité trois ans après, alors que ce taux monte à 75 % pour les créateurs ayant au moins trois années d’expérience. Le statut de l’entreprise est aussi important puisque les sociétés s’avèrent plus pérennes que les entreprises individuelles. Trois ans après leur création, 77 % des premières sont encore actives, contre 62 % des secondes. Plus qu’une tonalité assez optimiste sur la nouvelle génération d’entreprises, l’Insee souligne ainsi les forces augmentant les chances de durer : fort investissement initial, niveau de formation élevé du créateur, expérience précédente dans le même métier… Des conseils utiles pour les jeunes entrepreneurs afin de perdurer, et non se perdre !
(1) Insee Première n°1543 , avril 2015.